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Pere-noel.fr, un succès commercial entaché d’un marketing litigieux

Site marchand atypique, pere-noel.fr révise ses prévisions de vente à la hausse. Selon Netvalue et MMXI, son audience est comparable à celles des grands du commerce électronique. Mais cette réussite est entachée par les pratiques marketing contestables sur les noms de domaine.

Fondée en juillet 1999, la société pere-noel.fr a mis son premier site en ligne en novembre 1999. Contrairement à ce que son nom indique, la jeune pousse n’est pas spécialisées dans les produits de fêtes de fin d’année. Pere-noel.fr vend des produits aussi variés que des CD musicaux, des fleurs, de l’électroménager ou encore des voitures. Elle prévoit aussi d’intégrer prochainement la billetterie et les voyages.Aujourd’hui, le marchand table sur un chiffre d’affaires de 25,7 millions de francs, soit l’équivalent de 118 commandes par jour et 10 millions de francs de pertes d’exploitation. En mars dernier, les prévisions sur les revenus étaient quatre fois moins importantes.Concrètement, au troisième trimestre, les ventes de pere-noel.fr ne sont que de 7,7 millions de francs. En additionnant les autres trimestres, il faut que le site réalise plus de 15 millions de francs pendant les fêtes.Le succès du site est mesuré par deux récentes études. Selon Netvalue, pere-noel.fr est premier dans la catégorie des galeries commerciales, qui comprend notamment hourra.fr, c-mescourses.fr ou encore Ooshop. Il obtient 4,2 % de l’audience Internet en septembre, soit 257 000 visiteurs uniques.Selon les chiffres de MMXI Europe, concernant également septembre, son audience était de 130 000 visiteurs uniques, soit un taux de pénétration de 2,7 %. Avec ces chiffres, pere-noel.fr se place en cinquième position dans la catégorie des sites de commerce de détail, face à Fnac, ou à Amazon. A noter, que, selon MMXI, l’audience n’était que de 51 000 en août.

L’oeuvre de deux spécialistes de la finance et de la grande consommation

Les fondateurs de pere-noel.fr sont deux frères, Grégoire et Alexandre Fur. Bardé d’un DESS dans la finance, Gégoire a fait ses premières armes dans le domaine bancaire. Polytechnicien, Alexandre a exercé pour sa part le poste de responsable des comptes de la grande consommation et services des achats chez Arthur Andersen.Appliquées à pere-noel.fr, ces expériences ont pris la forme d’une logistique entièrement maîtrisée qui fait la force du site et d’une politique marketing, plus douteuse, mais dont les ficelles sont tirées par une logique financière implacable.Ainsi, comme le souligne Jean-René Bouton, directeur commercial de la société, pere-noel.fr dispose de ses propres stocks, deux entrepôts de 1 000 m2 à Vitry et à Saint-Etienne, afin de limiter les délais de livraison à 48 heures. Gratuite, la préparation des colis est assuré en interne, seule garantie d’un service de qualité, selon Jean-René Bouton : “C’est l’image de la société. Un service défaillant est très vite sanctionné par les internautes et conduit inévitablement à la perte du site.”Expertise encore de ses dirigeants, quant à la gestion des achats : ” C’est le coeur de notre métier, explique Jean-René Bouton. Nous avons recruté les grands spécialistes du domaine. ” Spécialistes qui, apparemment, lui permettent de pratiquer des prix inférieurs à ceux du marché.

Marketing douteux sur les noms de domaine certainement tiré par une logique financière

Mais plus que la politique commerciale de la société, c’est la politique marketing de la société ou, en tout cas, ce qui semble être devenu chez pere-noel.fr une façon de communiquer très particulière qui fait le plus parler d’elle.Sous couvert de la société IPSECO (Institut de prospective et stratégie économique), dont le gérant n’est autre qu’Alexandre Fur, pere-noel.fr détient un grand nombre de noms de domaine. Certains, généralistes, sont destinés à l’usage de sites événementiels : fete-des-meres.fr, paques.fr, et même rentree-des-classes.fr qui aurait connu un très grand succès lors de la rentrée scolaire selon Jean-René Bouton. Sortes d’entonnoirs, dont l’objectif final est d’attirer les visiteurs vers le site de pere-noel.fr.D’autres laissent dubitatifs quant aux véritables intentions de la société. Ainsi, à l’occasion d’une introduction en Bourse qui a mal tourné en avril dernier, on découvrait que la société détenait parisbourse.fr, nom de domaine utilisé par Grégoire Fur, afin de pouvoir s’exprimer sur la question de l’introduction en Bourse de pere-noel.fr.Plus tard, en octobre dernier, c’était Abcool qui gagnait son procès contre pere-noel.fr, suite à la découverte du détournement de trafic exercé par la société qui utilisait abcool.fr pour rediriger les visiteurs vers son site. Plutôt vaseuses, les explications de Jean-René Bouton deviennent encore plus obscures quand on lui demande ce qu’il compte faire de Nasdaq.fr, nom de domaine également détenu par pere-noel.fr : “C’est un atout que l’on a dans notre manche”. Sans plus d’explication.Pere-noel.fr a perdu contre Abcool, mais a quand même réussit à détourner 6 % du trafic de son concurrent pendant un laps de temps inconnu. Le cas iBazar-eBay, a démontré que l’on pouvait déposer le .fr de son concurrent et gagner. Partant de là, pere-noel.fr a autant de chances de gagner contre le Nasdaq et l’obliger à négocier s’il veut récupérer son .fr.Douteuses, ces pratiques n’ont toutefois rien d’illégal, mais gageons que, sur le long terme, un marketing basé sur l’absence de morale a peu de chance datteindre ses objectifs.

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Marie Varandat