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Peer-to-peer : les FAI au banc des accusés

Le Clic (Comité de liaison des industries culturelles) accuse les fournisseurs d’accès à Internet, comme Wanadoo ou Tiscali, d’exploiter de manière illicite l’actuel engouement pour le téléchargement de fichiers illégaux.

L’industrie culturelle française et ses ayants droit ont décidé de se fâcher tout rouge sur le dossier du peer-to-peer. Objet de leur courroux ? Les FAI (fournisseurs d’accès à Internet) qui encouragent, voire tirent financièrement profit du téléchargement de fichiers illégaux sur le Net.Dans un communiqué, le Clic (Comité de liaison des industries culturelles) dénonce notamment l’attitude de Tiscali. Le FAI italien vient de conclure un accord avec Kazaa, l’une des figures emblématiques du peer-to-peer. Cette dernière va mettre en place une campagne sur l’offre haut débit de Tiscali auprès de ses quelque 100 millions d’utilisateurs avec, à la clé, le versement d’un pourcentage pour chaque nouvel abonné. Et comme si cela ne suffisait pas, Tiscali propose, sur le marché français, un graveur de CD pour 1 euro, accompagnant la souscription d’un abonnement Internet haut débit.Autre mauvais élève pointé du doigt par le Clic, Wanadoo, qui n’hésite pas dans sa communication à associer haut débit et téléchargement de musique et de vidéo. Pour Frédéric Goldsmith, directeur juridique du Snep (Syndicat national de l’édition phonographique), “la démonstration est faite qu’il y a un intérêt économique à la piraterie”?” et les FAI en tirent aujourd’hui profit.

Dialogue de sourds entre les FAI et les industries culturelles

Le Snep ?” tout comme la Sacem, la Scam, l’ARP, l’Adami et d’autres sociétés représentant les intérêts des producteurs et des auteurs ?” est partie prenante au Clic. Cette structure informelle, dépourvue de personnalité juridique, ne peut pas intenter d’action en justice. Cependant, ses inspirateurs entendent faire pression sur le gouvernement et le Parlement au moment de la transposition en droit français de la directive européenne sur le commerce électronique.” Sur Internet, nous sommes dans une situation de destruction systématique de la valeur de la création de biens culturels “, poursuit Frédéric Goldsmith, qui fustige également ” le refus de coopération des opérateurs techniques [Ndlr : FAI] qui préfèrent ?” le plus souvent ?” se réfugier derrière un principe de neutralité “ vis-à-vis des données transportées sur Internet.A l’AFA (Association des fournisseurs d’accès et de services Internet), le discours est différent. Son délégué, Jean-Christophe Le Toquin, estime que la démarche du Clic “n’est pas très constructive”. Pour l’AFA, l’essentiel consiste à “démocratiser l’offre musicale”, en permettant notamment aux portails (qui appartiennent le plus souvent à des FAI) de commercialiser de la musique en ligne, et de développer parallèlement “une politique pédagogique vers les utilisateurs pour les sensibiliser aux dangers du piratage”. Au niveau répressif, l’AFA estime que les FAI répondent périodiquement aux demandes de la justice.

Les majors américaines veulent ” saboter en toute légalité ” les réseaux

Aux Etats-Unis, où Kazaa est sous le coup de plusieurs procédures judiciaires, l’industrie du disque est en train d’adopter une position particulièrement radicale pour lutter contre les services d’échange de fichiers. Les professionnels attendent en effet un ” feu vert juridique ” du Congrès américain qui leur permettra de ” saboter en toute légalité ” les réseaux de peer-to-peer en les inondant de faux fichiers.Autre mesure envisagée, l’intrusion directe dans l’ordinateur des internautes écoutant de la musique illégale. Un scénario, pour l’heure, officiellement rejeté par la Riaa (association américaine des professionnels du disque). Enfin, si les majors ne décolèrent pas de voir leurs lucratifs catalogues ainsi pillés, les artistes eux-mêmes prennent parfois l’initiative.Ainsi, le chanteur Prince réclame aujourd’hui 150 000 dollars au responsable d’un site Internet. L’homme est accusé d’avoir mis en ligne des liens hypertextes renvoyant sur d’autres sites diffusant des extraits piratés de la dernière tournée de l’artiste.

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Philippe Crouzillacq