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Payer un serveur à l’usage, le logiciel hésite

Les premiers serveurs facturés à l’utilisation débarquent chez IBM et HP. Mais les éditeurs de logiciels rechignent à s’y adapter.

Transformer le matériel en service. Ce v?”u pieu, beaucoup de directions informatiques l’ont exprimé. Coincées entre le besoin de machines puissantes et un budget étriqué, elles rêvent d’une informatique plus souple. Une informatique avec un investissement de départ réduit, et dont le coût serait aligné sur les revenus. Mieux : une informatique payée comme l’électricité ou le téléphone, c’est-à-dire selon la capacité de traitement réellement utilisée, ni plus, ni moins. Jusqu’ici, cette idée n’était qu’une chimère.

Le gestionnaire de licence d’IBM a pris du retard

Mais depuis quelques mois, apparaissent plusieurs offres apportant un début de réponse. IBM et HP tentent en effet, depuis plus d’un an, de mettre en place une facturation des serveurs à l’usage. Chez le premier, l’offre n’est valable que pour son dernier grand système z900, successeur des S/390 G6. Elle repose sur un gestionnaire de licence (ILM), qui surveille l’utilisation machine moyenne de chaque logiciel par périodes de quatre heures. Si cette moyenne dépasse l’unité de puissance négociée lors du contrat de licence, l’utilisateur devra payer des frais supplémentaires. Le logiciel n’est alors plus facturé en fonction de la puissance totale du serveur, mais du sous-ensemble sur lequel il tourne. Du jamais vu sur grands systèmes. Plusieurs grands éditeurs comme BMC, Candle ou Compuware se sont déjà ralliés à ce modèle.Ce gestionnaire de licence, qui devait être disponible en septembre, ne le sera qu’au début de l’année prochaine. Ceux qui comptaient dessus pour réduire leur facture logicielle devront donc attendre. A y regarder de plus près, il ne s’agit pas vraiment d’une tarification à l’usage. Le prix du logiciel est établi en fonction d’une puissance moyenne prédéfinie. On paie plus cher s’il est exploité avec une capacité supérieure, mais jamais moins ! Au final, même si l’économie est réelle, ce modèle évite simplement de payer pour la totalité de la machine quand on n’en utilise qu’une partie.HP est le premier à proposer une véritable facturation en fonction de la consommation. Depuis cet été, il a mis au catalogue un nouveau type de contrat de location financement pour ses familles de serveurs Intel et Superdome. Les mensualités sont calculées sur la moyenne mensuelle du nombre de processeurs actifs par jour dans le mois. Du coup, moins on utilise la machine, moins on paie. A l’inverse, plus les processeurs sont sollicités, plus la facture sera élevée (voir infographie). Le modèle de HP paraît séduisant de prime abord. Mais, comme celui d’IBM, il montre vite ses limites.

L’économie n’est pas toujours au rendez-vous

La machine est facturée à l’usage, mais pas les logiciels qui tournent dessus. HP a le plus grand mal à convaincre les éditeurs de le suivre. Pour une base de données Oracle par exemple le client sera toujours facturé selon le nombre total de processeurs installés. Dans certains cas, ce modèle revient plus cher qu’une acquisition. On aura beau ne pas utiliser la machine, il faudra payer 60 % de la redevance mensuelle d’un serveur complet.On est encore donc loin d’une informatique facturée comme l’électricité, où la note est dérisoire s’il n’y a pas de consommation. Les constructeurs montrent l’exemple, mais les éditeurs rechignent à suivre. Les premiers ont beaucoup à gagner : livrer des machines plus chères, et dont la facture paraît moins douloureuse grâce à la location. Pour les seconds, en revanche, c’est l’assurance d’un revenu moins régulier et l’effondrement de tout un modèle économique. Nul doute que l’on parviendra à un compromis. Reste à savoir s’il sera à l’avantage de l’utilisateur.

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Anicet Mbida