Passer au contenu

Paul D. Twomey (Icann) : ‘ L’Icann n’est pas contrôlée par le ministère américain du Commerce ‘

A la tête depuis mars 2003 de l’instance de gestion des noms de domaine de l’internet, son nouveau président, australien, veut harmoniser les points de vue américains, européens, africains et asiatiques.

A près de deux mois du Sommet mondial pour la société de l’information, qui doit se tenir à Genève en décembre, les acteurs de l’internet comptent leurs forces. Parmi eux, l’Icann devrait mettre en avant sa réussite en matière de gestion des noms de domaine. Alors que, dans le même temps, son statut et ses liens avec l’administration américaine font
l’objet d’âpres discussions. D’où l’intérêt d’en discuter avec le principal intéressé : Paul D. Twomey, son nouveau président. Dans quel état d’esprit êtes-vous après ces six premiers mois de mandat à la tête de l’Icann ?C’est un job plus difficile que je ne le pensais. Même si je connaissais bien la maison pour en avoir été, jusqu’à la fin de l’an dernier, le représentant australien. Mon but est que cette organisation évolue dans
une logique globale, et qu’elle ne soit plus seulement américaine. Internet était à l’origine une affaire d’universitaires et de militaires ?” et il l’est resté pendant une vingtaine d’années. Ensuite,
le réseau a connu des développements commerciaux au milieu des années 90, avec, surtout, des entreprises venant des Etats-Unis ou du Canada. Précisément, que répondez-vous à ceux qui reprochent à l’Icann d’être une organisation contrôlée par le ministère américain du Commerce ?L’Icann, c’est trente-huit personnes, dont la moitié seulement sont américaines. Certes, notre bureau principal est situé en Californie. Mais enfin, il faut bien que nous nous établissions quelque part ! Lors de
nos réunions, les Américains ne représentent qu’un tiers des participants. Et la volonté du ministère américain du Commerce est que l’Icann soit une organisation totalement affranchie d’un gouvernement. Le Net était une sorte de
ruche bourdonnante. Notre activité est en train de se structurer. De gagner en maturité. Je vous rappelle qu’en 1998 il fallait compter quelque 60 dollars pour se doter pour un an d’un nom de domaine. Aujourd’hui, 8 dollars
suffisent. Vous réfutez donc l’assimilation de l’Icann à un bras armé de l’administration américaine.Absolument. Nous rencontrons les représentants gouvernementaux américains et discutons avec eux au même titre qu’avec ceux des autres pays. Ils ne nous donnent pas de consignes. D’ailleurs, nous ne sommes pas là pour
imposer des solutions, mais pour intégrer les contributions de nos membres. Par exemple, nous avons décidé ces dernières semaines, de notre propre initiative, de suspendre l’enregistrement des sites internet en .iq (pour l’Irak) et .af
(pour l’Afghanistan), ayant en effet jugé qu’il fallait attendre le retour de la stabilité au sein de ces deux pays.Que pensez-vous d’une approche européenne en matière de régulation de l’internet ?La vision européenne, qui a tendance à établir des règles, m’intéresse. Je remarque seulement qu’en Afrique ou en Asie nos interlocuteurs se préoccupent davantage de discuter de sujets plus concrets, comme le gain
qu’ils peuvent tirer des technologies en matière d’éducation. Et qu’ils recherchent des solutions pratiques, tandis que l’Europe se lance plus volontiers dans des réflexions sur les questions juridiques ou
culturelles.Percevez-vous de réelles divergences entre les pays sur la manière d’organiser l’internet ?En tant qu’Australien, je suis assez à l’aise pour comprendre les mentalités des Américains, des Européens et des Asiatiques. Par exemple, ces derniers se sentent moins concernés par les questions relatives à la vie
privée sur le réseau. Tandis que les Européens ont fondé leur régulation de l’internet en voulant sanctionner la cybercriminalité. C’est une question de point de vue. Au quotidien, les comportements varient également : les Asiatiques
parlent plus volontiers dans les couloirs. Les Européens, eux, préfèrent s’exprimer lors de réunions formelles. Comment concevez-vous le rôle de l’Icann ?Nous ne sommes pas le gouvernement de l’internet. Nous ne faisons que de la gestion de noms de domaine. Ce qui ne représente qu’un pan du web. N’oubliez pas qu’il a fallu quatre ans pour que les Etats se
mettent d’accord pour attribuer les noms de domaine par pays. Ce n’est que maintenant que l’on entre dans le vif du sujet, avec des questions comme la sécurité, le respect de la vie privée, l’identification des détenteurs
de noms de domaine…

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Propos recueillis par Nicolas Arpagian