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Passe délicate pour BT et KPN, qui retiennent leur souffle

Même les opérateurs historiques n’échappent pas au mouvement de recomposition qui s’opère aujourd’hui dans les télécommunications européennes. Alors que BT entame une restructuration et souhaite désormais privilégier les entreprises, KPN est le plus menacé.

Sale temps pour nombre d’opérateurs historiques européens. C’est peu dire que certains d’entre eux traversent une passe délicate. Parmi les plus mal lotis : le néerlandais KPN et le britannique BT. Deux opérateurs au profil assez différent, mais dont la situation est peu enviable. Sans doute le plus mal en point, KPN affiche une dette record pour un poids moyen du téléphone en Europe : 22,3 milliards d’euros avec, en prime, 1,8 milliard de frais financiers par an.À l’origine de cette descente aux enfers, l’acquisition, en décembre 1999, du troisième opérateur cellulaire allemand, E-Plus, pour 9,1 milliards d’euros. En juillet 2000, KPN prend 15 % de la filiale britannique de Hutchison (qui vient de décrocher une licence UMTS) pour 1,5 milliard d’euros ; en août de la même année, la licence UMTS d’E-Plus en Allemagne lui coûte 6,6 milliards d’euros. De fait, le Néerlandais a déboursé plus de 17 milliards d’euros en quelques mois pour jouer dans la cour des grands, juste avant que les marchés ne se retournent. En conséquence, malgré une nouvelle annonce de 4 800 suppressions de postes en novembre, l’opérateur est aujourd’hui au bord du gouffre.

Une augmentation de capital providentielle

“La situation de KPN est extrêmement préoccupante”, estime Jean-Pierre Chamoux, professeur à l’université de Paris V et spécialiste des télécommunications. Il assure que, “à l’instar de Sabena [la compagnie aérienne belge, NDLR], le risque de faillite est réel”. Ce qui serait une première pour un opérateur historique en Europe ! Un risque provisoirement écarté grâce à une augmentation de capital providentielle, l’État néerlandais (qui détenait 34,7 % de KPN à la veille de l’opération) ayant recapitalisé l’entreprise à hauteur de 1,7 milliard d’euros.BT, un autre opérateur mal en point, vient, sous la pression de ses actionnaires, de se scinder en deux branches : une mobile (mm02) et une fixe (BT Group). Au-delà d’un nouveau tour de vis social (13 000 emplois supprimés sur la période 2000-2003), BT Group compte notamment sur la fourniture de contenus audiovisuels et sur le marché des entreprises (avec BT Ignite) pour se refaire une santé. “À l’exception de la France, nous sommes numéro deux partout en Europe sur le marché des entreprises”, assure Pierre Danon, patron de BT Retail. Pour lui, la messe n’est pas nécessairement dite : “Il y a une réelle demande de nos grands clients pour disposer de plates-formes de gestion européennes, ce qui est quasi impossible via des partenariats [comme avec Cegetel, NDLR] . Parmi les axes de développement envisagés, les solutions de mobilité pour entreprises, notamment par des accords de MVNO hors du Royaume-Uni. Alors que la vente de Syntegra, la filiale spécialisée dans les services informatiques, ne semble plus à l’ordre du jour, BT se recentre sur les services aux entreprises, où les marges sont meilleures que dans le grand public. “Nous sommes le premier concurrent d’IBM en Grande-Bretagne”, dit Pierre Danon pour expliquer ce (nouveau) positionnement, qui ne doit pas faire oublier l’échec de Concert ?” la filiale commune avec AT&T dans les services internationaux aux grandes entreprises, qui vient d’être démantelée après seulement deux ans d’activité.

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Henri Bessières