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Pas de lunettes futuristes chez McDo

Un touriste canadien souffrant de troubles de la vue aurait été éconduit par des employés du Mc Donald’s des Champs-Elysées parce qu’il portait des lunettes numériques de sa conception.

Steve Mann est un touriste canadien venu passer ses vacances à Paris en famille. Jusqu’ici, rien d’insolite. Mais Steve Mann a deux particularités : il est ingénieur et souffre de troubles importants de la vision. Aussi, il y a plusieurs années, il a décidé de concevoir des lunettes digitales, les Digital Eye Glass, pourvues d’une caméra et d’un écran d’affichage pour améliorer sa vue et les gestes de son quotidien. La mésaventure qu’il a connue, s’il elle s’avère exacte, risque de quelque peu entacher l’image de McDonald’s. Révélé par le blog de Korben, elle est en train de faire le tour du Web.

Le 1er juillet 2012, après plusieurs visites dans des musées parisiens – dans lesquels, d’ailleurs, il ne lui sera posé aucune question sur ces « drôles » de lunettes –, Steve Mann décide de dîner, accompagné de sa femme et de ses deux enfants, dans le restaurant McDonald’s situé sur « la plus belle avenue du monde ». Alors qu’il fait la queue, un employé du restaurant le questionne au sujet de ses lunettes un peu spéciales. Conscient des réactions que peuvent susciter ses lunettes, l’homme se déplace toujours avec un certificat médical et une notice décrivant le procédé intégré dans son appareillage. L’employé parcourt ces documents et le laisse passer. Quelques minutes plus tard, trois employés de McDonald’s surgissent. L’un d’entre eux l’agresse physiquement et tente de lui arracher ses lunettes. Malheureusement, ces dernières sont fixées sur le crâne de Steve Mann et nécessitent des outils spéciaux pour être démontées. Steve Mann réussit à calmer l’employé et finit par lui exhiber ses documents. Après quelques minutes de délibération, les employés déchirent les deux lettres et… poussent le pauvre homme sur le trottoir, où il sera bientôt rejoint par sa famille.

La scène enregistrée

L’affaire aurait pu en rester là… Mais ce que n’avaient pas prévu les perspicaces employés qui ont peut-être vu en Steve Mann et son dispositif un espion mandaté par une chaîne de restauration rapide concurrente, c’est que ces lunettes (qui filment donc la réalité et retransmettent l’image sur un petit écran placé devant l’œil) sont équipées d’une mémoire vidéo tampon qui stocke quelques instants les images. En cas d’endommagement du système, celui-ci se bloque et les dernières images enregistrées ne sont pas effacées. Et c’est précisément ce qui s’est passé quand les indélicats employés ont tenté de lui arracher ses lunettes du crâne.

Steve Mann décide de ne pas en rester là et contacte la police, l’ambassade ainsi que, bien évidemment, la direction de Mac Donald’s. Toutes ses requêtes restent sans suite.
Le 17 juillet, l’infortuné Canadien décide donc de publier sa mésaventure sur son blog, photos à l’appui (sur lesquelles il a pris soin de dissimuler les visages et les noms des employés).


Une des photos prises par les lunettes de Steve Mann. Crédit : Steve Mann.

Réactions et interrogations

La société a réagi par l’intermédiaire de sa page officielle Facebook : « Nous avons été informés, ce jour, d’une réclamation concernant un consommateur canadien qui déclare avoir été l’objet d’une altercation avec des personnels McDonald’s dans un de nos restaurants parisiens, le soir du 1er juillet. Comme toute réclamation de consommateurs, celle-ci fait l’objet d’une enquête interne approfondie pour faire toute la lumière sur les faits. Bien sûr, si les faits tendaient à impliquer un ou plusieurs membres du personnel de l’établissement, nous prendrons les mesures adaptées. Pour l’heure, nous en appelons à la patience afin de permettre la collecte d’informations sur un événement qui se serait produit il y a plus de deux semaines. »

Ce n’est évidemment pas la position de la société McDonald’s qui est critiquable en soi, mais, bien celle des employés incriminés. Si, une fois encore, les faits sont avérés. Car il est étrange que ni la police, ni l’ambassade n’aient réagi aux accusations portées par Steve Mann. Enfin, pourquoi a-t-il attendu le 17 juillet pour finalement divulguer la chose sous la forme d’un billet sur un blog ?

Selon l’article 225-1 du Code pénal, « constitue clairement une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques à raison de leur […] handicap… ». Et Steve Mann souffre a priori d’un handicap sévère de la vision que confirme une expertise médicale [que nous n’avons pas pu nous procurer, NDLR]. Nous avons de notre côté tenté d’interroger la société McDonald’s pour établir si les clients sont autorisés à prendre des photos à l’intérieur d’un restaurant de l’enseigne – ce qui, dans le cas d’une réponse négative, aurait pu induire la réaction des employés – mais tous les services demandés (service de presse, service consommateur) étaient injoignables.

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Benjamin Gourdet