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Pari à risque pour le câble américain

Aux États-Unis, les câblo-opérateurs ont investi 55 milliards de dollars pour développer le numérique et l’interactivité. Mais les clients font la sourde oreille.

Pour leur convention annuelle, début mai, les câblo-opérateurs américains se sont réunis à la Nouvelle Orléans. Bon choix, s’est aussitôt moqué le quotidien USA Today :“Depuis cinq ans, les patrons du câble fonctionnent comme les joueurs à bord des casinos flottants”, qu’accueille la ville de Louisiane.Combien les AT & T, Time Warner Cable et autres Comcast ont-ils misé ? 55 milliards de dollars (59,4 milliards d’euros) environ depuis 1998. Leur atout ? Des services “révolutionnaires” : beaucoup plus de programmes, de la vidéo à la demande, un accès internet à haut débit, le téléphone… Leur objectif ? Convaincre leurs dizaines de millions d’abonnés d’abandonner leur service classique ?” et peu coûteux ?” pour un produit beaucoup plus sophistiqué ?” et bien plus cher.Le pari est ambitieux, mais il est loin d’être gagné. On n’en connaît d’ailleurs pas très bien la dimension précise. On compterait 73 millions d’abonnés au câble aux États-Unis d’après Nielsen Media Research, mais ils ne seraient que 58,3 millions selon les chiffres fournis par les opérateurs à la Federal Communications Commission (la FCC, le régulateur américain des télécoms et des médias). Une différence due à la comptabilisation variable des abonnés dans les hôtels et aux 4 millions de ménages américains qui volent leur accès au câble.Surtout, l’enthousiasme attendu n’est pas au rendez-vous. Seuls un foyer abonné au câble sur quatre s’est laissé tenter par l’offre numérique dans sa version primaire actuelle, qui propose, pour 10 dollars de plus par mois, de nouvelles chaînes, un guide des programmes sur écran et de la musique. Déjà, le taux de croissance de ce produit commence à ralentir.

Râleurs et mauvais payeurs

La moitié des clients de ce service en changent, le résilient ou n’en acquittent pas les factures. Les choses ne s’annoncent guère mieux pour les prochaines générations. 40 % des abonnés disent n’avoir “aucun intérêt” pour la vidéo à la demande, selon un sondage Multichannel News/Taylor Sofres.60 % ne veulent pas d’un appareil doté d’une capacité d’enregistrement ou d’arrêt sur image des émissions en direct. Bref, outre les massifs investissements déjà réalisés en matière technologique, les câblo-opérateurs américains ont de sérieux efforts à faire côté marketing.Ils n’ont de toute façon pas le choix. Les 7 premiers câblo-opérateurs des États-Unis (80 % du marché), ont vu leurs abonnements “de base” reculer légèrement (un peu plus de 90 000) au premier trimestre 2002 . Si l’opérateur satellite Echo Star parvient à ses fins en fusionnant avec son rival Direc TV, ce géant compliquera sérieusement la donne pour le câble. Même si la FCC ne semble pas hostile aux opérations de consolidation dans le câble, comme celle qui unira bientôt les numéros 1 et 3, AT & T et Comcast.

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Thomas Maurice à New York