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Palm menacé par Compaq

Après avoir dominé pendant cinq ans le secteur des PDA, le fabricant doit faire face au réveil de la concurrence qu’illustre la percée de l’iPAQ et de Pocket PC. Dépassé sur le plan technologique, Palm voit ses parts de marché diminuer fortement.

Palm va-t-il perdre sa place de numéro un sur le marché mondial des PDA ? Au deuxième trimestre 2001, selon Dataquest, les ventes du plus célèbre des assistants personnels se sont établies à 898 000 unités, soit 32 % des parts du marché mondial. Elles représentaient encore 50,4 % au premier trimestre et dépassaient les 70 % il y a deux ans. Palm subit de plein fouet l’offensive lancée par Microsoft avec son système d’exploitation Windows CE, communément appelé Pocket PC pour les assistants numériques. Le système d’exploitation de Palm n’équiperait plus que 42,3 % des PDA vendus en Europe de l’Ouest, talonné par Windows CE, exploité par 40,9 % des machines.

Un déficit d’innovation

Pour les spécialistes du secteur, le constructeur s’est d’abord fait dépasser sur le plan de l’innovation. “Les puces DragonBall de Motorola qui équipent les générations actuelles du Palm plafonnent à 33 MHz, alors que les puces ARM des organiseurs Pocket PC dépassent pour certaines les 200 MHz. Le Palm est également plus limité en mémoires ROM et RAM et son système d’exploitation n’est que multiapplicatif, quand Windows CE Epoc affichent des systèmes multitâches préemptifs “, souligne Patrick Dehlinger, directeur technique de Palmware, éditeur d’outils multiplates-formes pour PDA. De ce fait, le marché est en train de se scinder. Selon l’analyste Todd Kort du Gartner, “les machines de type Palm ou Handspring sont perçues comme des terminaux de poche bon marché, simples d’utilisation, pratiques pour gérer son temps et ses contacts. Alors que les terminaux de type Jordana ou iPAQ, plus orientés vers le marché de l’entreprise, intéressent des utilisateurs qui recherchent des PDA assez puissants pour se synchroniser avec les applications bureautiques de leur PC “. Or, affirme le Gartner, après le grand public, c’est sur le secteur professionnel que se trouve le principal réservoir de croissance. Par ailleurs, ajoute Patrick Delhinger, “en plus de la concurrence de Pocket PC, Palm devra faire face à la montée de Linux et à celle d’Epoc de Symbian, plus adapté à la fusion des téléphones de troisième génération et des PDA “. Pour résister, Palm a entamé sa réorganisation. En juillet, la société a annoncé qu’elle rendait autonome la division chargée du développement et de la vente de son OS (Platform Solutions Group), qui deviendra une filiale à part entière avant la fin 2001. Palm se met ainsi sur un pied d’égalité avec les fabricants détenteurs de licences Palm OS : Handspring, IBM, Sony, Nokia ou Samsung. La direction de cette filiale a été confiée fin août à David Nagel, venu d’AT&T, dont la tâche la plus urgente sera de mener à bien le chantier de migration de Palm OS vers la plate-forme ARM. Palm a aussi passé un accord avec Intel, Motorola et Texas Instruments, trois importants fabricants de puces ARM. Avec le programme ” Ready OS “, ces derniers auront accès à une partie du code de Palm OS. Quant aux développeurs, ils disposeront d’une version du système d’exploitation pour plate-forme ARM à l’automne.“Palm n’a pas réagi assez vite, mais tout est mis en ?”uvre pour combler le retard avec la sortie en 2002 de Palm OS 5, qui sera multitâche “, affirme Lorraine Legros, responsable de la communication de Palm France. Le système sera aussi enrichi des fonctions d’e-mail, de navigation et de SMS, actuellement réunies dans le kit optionnel Palm Mobile. Auxquelles s’ajouteront des fonctions Internet et multimédias issues de BeOS, l’OS de Be, dont les droits ont été acquis par Palm en août dernier. Palm, enfin, prône l’ouverture. En plus du kit de développement Visual Basic (déjà disponible), il prévoit d’intégrer à son OS DataViz, un logiciel de conversion qui permettra notamment d’échanger des fi-chiers avec les applications Pocket PC. Avec la sortie de Palm 5. 0 sur des terminaux ARM, Palm ne fera rien de plus que de proposer les fonctions que l’on trouve dès à présent sur un ordinateur de poche comme l’iPAQ.D’ici là, Microsoft enfoncera encore un peu plus le clou, en mettant sur le marché Merlin, la future version de son système d’exploitation Windows CE.

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Laurent Sounack et Christophe Le Péru