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P. Germond (Alcatel) : ‘ Il faut être pragmatique et faire preuve de bon sens économique ‘

Le débat sur l’externalisation de l’outil industriel des grands équipementiers télécoms est loin d’être tranché. Philippe Germond, administrateur et directeur général d’Alcatel, partage son point de vue.

01 Réseaux : ‘ Est-ce qu’une sélection s’opère selon le type d’équipements à externaliser ?Philippe Germond : Ce n’est pas une problématique aussi binaire. La question serait plutôt : ‘ Est-ce qu’on fabrique soi-même ou est-ce qu’on externalise, et où
produit-on ? ‘
Aussi, pour nous, avoir une compétence industrielle est une condition absolument critique, que ce soit en termes de recherche et développement ou de marketing.Alors, qu’est-ce qu’on peut externaliser ou pas ?Schématiquement, on n’externalise pas la production des câbles sous-marins, de l’optique ou des satellites, qui requiert de fortes compétences. Inversement, la production de terminaux, de stations de base (BTS), de DSLam
 ?” compte tenu des volumes, et bien que ce ne soit pas le cas d’Alcatel ?”, de PABX ou de commutateurs publics peut être assez facilement sous-traitée. Mais il n’y a pas de règle absolue pour autant.Ne s’agit-il pas d’une logique purement financière, et non industrielle ?Un peu des deux, puisque nous conservons aussi nos propres capacités de production. Compte tenu de la pression sur les prix, un CEM (Contract electronic manufacturing) peut avoir davantage de souplesse afin de se
procurer des revenus additionnels ?” donc être plus compétitif ?” qu’un site appartenant en propre à son donneur d’ordres. De la même manière que nous évaluons très régulièrement nos sous-traitants. Nous avons avec eux une
coopération forte, qu’il s’agisse des achats, de la recherche et développement ou de la production elle-même.Quel est l’intérêt, en terme de souplesse, de confier sa production à des tiers ?Il faut bien voir que le coût de production d’un produit est fortement influencé par sa conception. C’est même ici que tout se joue. Partant de là, nous examinons de très près comment les CEM gèrent leur production, afin de bien
comprendre leurs coûts. Or, un CEM est, par définition, une structure d’économie d’échelle dans un environnement cyclique. Et il faut bien admettre que le prix est aussi un élément non négligeable de décision de nos clients…Ne vous sentez-vous pas une responsabilité sociale particulière, sachant que les emplois sont généralement repris par le sous-traitant au départ, pour être ensuite assez vite menacés (comme ce fut le cas sur votre site de Brest, cédé
à Jabil Circuit en mars 2002) ?
On s’engage, en règle générale, à un certain volume de production dans un premier temps. Il y a aussi le débat pays riches ?” coût de production élevé ?” ou pays pauvres ?” production à bas coût. Mais
l’externalisation peut également être un ballon d’oxygène pour un site industriel donné, y compris dans les pays riches.

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Henri Bessières