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Oublier l’Occident …

Pour la troisième fois en 31 éditions, le Festival d’automne met la Corée à l’honneur. Danse, musique, théâtre et cinéma, tous les genres sont représentés, et…

Pour la troisième fois en 31 éditions, le Festival d’automne met la Corée à l’honneur. Danse, musique, théâtre et cinéma, tous les genres sont représentés, et tous les formats conservés (programme complet sur www.festival-automne.com). Si les représentations de théâtre masqué ou celles de marionnettes n’excèdent par les 80 minutes, il faut disposer de 5 heures 30 pour écouter l’intégralité des 5 récits du répertoire classique Pansori (les 7, 8 et 19 octobre au théâtre Molière-Maison de la Poésie), et 3 heures pour découvrir le rituel chamanique présenté aux Bouffes du Nord le 12 novembre (à 19 h 30). Mais quelles couleurs ! Quelle spiritualité ! Et quelle ironie ! Opéra en vers pour un seul chanteur ?” ce dernier mimant la narration à l’aide de son vêtement et de son éventail, c’est-à-dire à la manière des chamans ?” le Pansori transporte l’auditoire dans un monde fait de poésie et de transe. De leur côté, acteurs masqués et manipulateurs de marionnettes bigarrées convoquent les puissances surnaturelles et déploient tout l’arsenal du grotesque pour railler la corruption des classes dirigeantes.Le dépaysement commence sur le net, www.festival-automne.com donnant accès à des extraits des spectacles (page d’accueil, cliquer sur “corée”, puis l’intitulé du spectacle, et choisir “extrait vidéo” en colonne de gauche), et http://korea.insights.co.kr/english (cliquer sur “performing arts”) décryptant, en anglais, ces arts traditionnels.En marge du voyage coréen, le Festival d’automne, toujours aussi multidisciplinaire et hétéroclite, programme aussi bien la très “humaine” musique de Wolfgang Rhim, tantôt douce, tantôt âpre (les 4, 6 et 8 octobre à la Cité de la musique) que les délires électro-acoustiques de Iannis Xenakis. Ce pionnier de la musique par ordinateur donnera sous la pyramide du Louvre, le 15 octobre, à grand renfort de flashs électroniques et de jeux de lasers, Polytope de Cluny, un opéra déjà présenté en 1972, pour la première édition du Festival d’automne (biographie et discographie complète de Xenakis sur www.iannis-xenakis.org et http://mac-texier.ircam.fr (taper Iannis Xenakis dans le moteur de recherche).Même mixage “hommes/machines” du côté de la danse : avec Héâtre-élévision (au Centre Pompidou jusqu’au 20 décembre), Boris Charmatz réduit le travail chorégraphique à des images filmées, présentées sur un écran de télé. Un suicide du spectacle vivant pour mieux en révéler la nécessité. Avec + Ou – Là (à Pompidou du 31 octobre au 4 novembre), Rachid Ouramdane poursuit sa quête d’une chorégraphie pensée comme un dialogue entre le corps et l’écran, gestes et attitudes s’adressant à la caméra et à sa soif de dramatisation (fiche artistiques et photos sur www.festival-automne.com, cliquer sur “danse” puis “+ Ou – Là”). Contre ce consensus télévisuel et le consumérisme à outrance, le théâtre de Rodrigo Garcia, largement présenté au dernier festival d’Avignon (www.festival-avignon.com), jouera de nouveau les poils à gratter salutaires. Donnée au théâtre de la Cité internationale, du 14 au 29 octobre, After Sun fustige l’arrogance d’une jeunesse faussement rebelle, et loue le politiquement incorrect. “Je fais du théâtre parce que je n’aime pas l’organisation du monde”, déclare l’auteur. Quant à nous, on y va pour s’en extraire… (du monde, pas de l’auteur).

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Sophie Janvier-Godat