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Oser résister à l’air du temps

A l’image des moutons de Panurge, nombre de dirigeants négligent leurs ressources humaines pour satisfaire leurs actionnaires. Mais le vent tourne. L’indice capital humain se révèle facteur de valeur à long terme.

Oser résister à l’air du temps. Hier, c’était le recrutement à tout va : il fallait démontrer que son entreprise se développait. Aujourd’hui, on assiste à une succession de plans sociaux dans les sociétés high-tech : il faut, cette fois, démontrer qu’en réduisant son personnel la société va retrouver des résultats positifs ou les accroître.A force d’avoir une vision à court terme, dictée par les cours de la Bourse, les entreprises ne vont-elles pas droit dans le mur ? Peut-on un jour s’arracher à prix d’or le personnel puis, le lendemain, s’en débarrasser à tout prix sans que l’entreprise s’en ressente ? Tout le travail des salariés, le développement de leurs compétences, leur attachement à la culture de l’entreprise ne compteraient-ils pour rien ?A vouloir les transformer en mercenaires, les entreprises ne risquent-elles pas de se couper les ailes et, finalement, celles de leurs actionnaires ? On aurait envie de crier : ” Chefs d’entreprises, arrêtez votre massacre avant qu’il ne soit trop tard ! Et vous serez gagnants ! “Pour preuve, une récente étude européenne réalisée par Watson Wyatt, auprès de 600 entreprises, a démontré qu’un mauvais indice de capital humain détruisait de la valeur. En revanche, l’étude conclut “qu’un changement des mauvaises pratiques de ressources humaines se traduirait par 89,6 % de valeur ajoutée pour les actionnaires sur cinq ans”.Et les bons analystes ne s’y trompent pas ! Un gestionnaire de portefeuilles se félicitait récemment de n’avoir pas suivi la mode sur la valorisation à outrance de sociétés qui affichaient d’année en année une croissance à deux chiffres, préférant s’attacher à la performance des méthodes de management des dirigeants. Il est d’ailleurs rejoint par un nombre de plus en plus grand d’analystes américains, qui voient une concordance entre stabilité des effectifs et croissance à long terme !En outre, perdre la confiance de ses salariés, lorsque la conjoncture est difficile, peut s’avérer rapidement dommageable. Cela entraîne de facto une baisse de productivité, alors qu’il faudrait au contraire que toutes les ressources soient mobilisées pour aider l’entreprise à rebondir.Comme le disait récemment une responsable informatique ayant aussi la casquette de contrôleur de gestion dans une grande entreprise : “Aussi performants que soient les outils, rien ne remplace la qualité d’une équipe formée, aguerrie, habituée au travail collaboratif.”D’ailleurs, certaines entreprises américaines commencent à s’en inquiéter : si l’économie redémarre, sauront-elles retrouver rapidement les bonnes compétences ? D’autant que les baby-boomers s’approchent à grand pas de l’âge de la retraite.* Rédactrice en chef adjointe à 01 InformatiqueProchaine chronique lundi 25 novembre

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Anne-Françoise Marès*