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Orgsex.com : Le strip-tease interactif

Le déshabillage sur mesure, à distance mais en direct, en fonction des goûts de l’internaute : voilà une autre innovation apportée par le web. Créé avec 50 000 francs et quelques ” copines ” strip-teaseuses, dans un banal studio parisien, orgsex.com en a fait son business.

Jeudi 31 mai 2001, 15 heures. Au c?”ur de Paris, dans le quartier de la Bastille, par un après-midi ensoleillé, un tournage brûlant va commencer : c’est l’heure du ” live-show des copines ” pour les abonnés d’ orgsex.com. Le strip-tease en direct est filmé dans un studio de 35 mètres carrés, qui fait également office de siège social pour la start-up, sobrement baptisée… Wonderland. Situé au rez-de-chaussée, le local donne de plain-pied sur la cour pavée d’une résidence un brin bourgeoise. Sur une étagère, les classeurs de la comptabilité, jalousement fermés sur un chiffre d’affaires estimé à 2,5 millions de francs. Dans un coin, un canapé rouge : c’est le plateau de tournage où prennent corps en direct les fantasmes des internautes. Il fait chaud. La porte du local reste ouverte sur la cour, le divan est dissimulé par un simple paravent en toile aux regards indiscrets des voisins qui reviennent du marché…

Les filles viennent s’effeuiller en direct pour 100 francs l’heure

” Quand on fait du live hard, le dentiste d’à côté doit entendre les cris. Il nous regarde de travers “, souffle Olivier Nicolas, 38 ans, fondateur d’Orgsex, et gérant de Wonderland. Avec son faux air de Frédéric Beigbeder, auteur du best-seller 99 F, Olivier Nicolas vend (80 francs par mois, 45 francs si vous signez pour un an) ses live-shows comme des petits pains. Il en diffuse de trois à cinq par semaine sur le web, regardés à chaque fois par quinze à vingt-cinq de ses trois mille abonnés. Mais le strip en direct prévu ce jour-là, à l’heure du goûter, prend du retard. “Une panne de connexion ADSL. Elles arrivent toujours au mauvais moment”, peste Olivier Nicolas, en s’activant au téléphone avec la hotline de Wanadoo.La ” copine ” du jour, Sylvie, 24 ans, visage angélique, yeux vert tendre, prend son mal en patience. Assise sur le canapé, elle ajuste son justaucorps violet, se met du rouge à lèvres. Puis elle engage la conversation sur…Loft Story, en feuilletant le dernier numéro d’Entrevue, où Loana et Kimy s’affichent en cons?”urs de charme. Sylvie est une des dix ou douze filles qui viennent régulièrement ” chatter ” sous pseudonyme et s’effeuiller en direct, pour un modeste cachet, soit 100 francs l’heure.“ça y est, la connexion marche !”, s’exclame-t-elle. Face à la caméra, les mains sur le clavier, les yeux rivés sur l’écran, Sylvie commence à discuter avec les internautes connectés. Elle les chauffe à coups d’e-mails suggestifs, entre deux poses lascives. “Le show, chez nous, a un côté humain. Ce n’est pas comme sur les sites où les filles s’enfilent un gode en gros plan au bout de trois minutes”, tient à préciser Olivier Nicolas. Le godemiché rose vif, imposant, est pourtant bien là. Sylvie l’a posé à côté du clavier. “Tout se passe en fait selon son humeur, et selon celle des internautes”, explique Marie-Ange, la seule salariée de Wonderland, chargée du recrutement de ces gazelles virtuelles. Elle connaît bien le milieu du ” charme “, elle en vient. Elle dépanne, à l’occasion : “Quand une fille se décommande, je joue son rôle” ! Chacune a un pseudo et fabrique sa petite histoire à fantasmes : Laura est secrétaire dans une start-up, Caroline, étudiante…Olivier Nicolas revendique le côté spontané et amateur du site. Ancien réalisateur télé pour la défunte Cinq, il a ouvert boutique sur le Net en 1996, sans la moindre pub. “Des articles dans la presse et un bon référencement dans des moteurs de recherche comme AltaVista m’ont lancé.” Investissement : 50 000 francs. Sa réputation, Orgsex.com la doit aussi aux petites annonces échangistes gratuites, avec photos et e-mails… Le site est payant depuis 1998, et Olivier s’y consacre à temps plein. “Mes concurrents viennent tous du porno traditionnel et n’ont pas une démarche aussi créative que la mienne”, affirme-t-il, en insistant sur le côté soft de son site.Soft, Sylvie commence déjà à l’être un peu moins. Entre deux petits coups de langue sur le godemiché face à la caméra, elle a enlevé le haut. Marie-Ange, caméra en main, fait un zoom énergique entre les jambes, sur sa petite culotte. Sylvie éclate parfois de rire en lisant ce que lui écrivent ses interlocuteurs-voyeurs, souvent des habitués, comme Sergio ou Gomorre. “Tiens, Sanglier est encore là. C’est un prof ! Il me demande si je me suis remise d’hier soir…”La veille au soir, effectivement, a eu lieu un show improvisé : le copain de Sylvie a voulu être de la partie sur le canapé…“Très très chaud, résume Olivier Nicolas. Mais le créneau horaire reste exceptionnel. D’habitude, tous les live sont faits l’après-midi. J’ai une vie de famille…”La femme d’Olivier ne tarde d’ailleurs pas à frapper à la porte du bureau. Ils habitent dans l’immeuble d’à côté. Installer le bureau à deux pas, c’était plus pratique. Orgsex suffit à faire bouillir la marmite puisque Olivier gagne jusqu’à 30 000 francs par mois. Il pourrait même ” se faire ” plus, mais voilà, il dit préférer le sexe libertaire à l’argent : “Je casse les prix, je suis le moins cher du marché : les concurrents me détestent à cause de ça.” Cerise sur le porno, le contenu est fabriqué maison, et toujours… frais, quand la plupart des concurrents recyclent leurs vieilles productions. Outre le rendez-vous régulier des ” copines “, Olivier Nicolas s’est mis à la vidéo hot classique en réalisant et en diffusant chaque mois sur l’internet une ” strip-interview “, où une fille se livre, vêtement après vêtement, aux questions d’un journaliste. Autre produit maison : un clip érotique de treize minutes, La Fille d’à côté. Le scénario n’a aucune chance d’être primé à Cannes, mais il a fait ses preuves : une femme ouvre la porte de son appartement et dévoile à un reporter indiscret toute… son intimité. Des photos sont prises en même temps, pour nourrir la rubrique ” La Playmate du mois “. L’appartement est loué pour la journée, la fille est payée 2 000 francs.

Ici, on aime bien les mateurs, mais uniquement virtuels !

La chaîne Canalweb ( canaweb.net ) a été séduite par l’intrigue : le site va diffuser sur sa chaîne MySexyTV les clips de Wonderland et les strip-interviews. En attendant son come-back télévisuel, Olivier Nicolas sort des cartons un projet moins ambitieux, mais plus épicé : mettre en vente sur le site les petites culottes utilisées par les ” copines “. “ça marche très fort sur des sites étrangers”, dit-il. Sa petite culotte, Sylvie l’a d’ailleurs enlevée. Elle continue de chatter, jambes écartées. Mais le gode reste toujours sagement posé sur le bureau. Très soft, quand même, non ? “Ben, euh, vous comprenez, tant que vous resterez là…”, hésite Olivier Nicolas. Ici, on aime bien les mateurs, mais uniquement virtuels…

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PierreAgède