Passer au contenu

Optique: l’Europe à la traîne ?

Pour y voir clair dans les télécoms de demain, il faut s’intéresser à l’optique. Les grandes man?”uvres se préparent et, encore une fois, face aux Américains, les Européens semblent à la traîne. Par Jean-Pierre Soulès.

L’optique dans les télécoms, ce n’est pas nouveau. On en parle depuis près d’un quart de siècle. Mais, depuis quelques années, les progrès ont été foudroyants. On dépasse ainsi aujourd’hui le térabit par seconde sur un seul cheveu de verre, soit 16 millions de communications simultanées. Et les limites ne sont pas atteintes. On ne manquera pas de bande passante, en transmission, pour les réseaux du prochain millénaire, à l’heure des communications multimédias.Jusqu’à ce point, les Européens, comme Alcatel ou Siemens, sont encore dans la course. Là où ils commencent à perdre pied, c’est pour la suite : la commutation optique. Dans la quasi-totalité des réseaux actuels, même optiques, la commutation (aiguillage) des trains numériques s’effectue en mode électrique. On convertit la lumière en courant, on effectue la commutation dans des brasseurs ” électriques “, puis on convertit de nouveau le courant en lumière pour une nouvelle transmission.

Silence radio sur toute la ligne

Demain, on commutera directement les rayons lumineux dans des brasseurs optiques, sans passer par la phase de conversion en courant électrique. A ce petit jeu, les constructeurs américains ont pris une longueur d’avance et se livrent à une concurrence acharnée. Le plus en pointe semble être Lucent qui a déjà annoncé son Lambda Router. Pour ne pas être en reste, son grand rival canadien, Nortel, a acheté Xros. Mais pas encore annoncé de produit. Plus inattendue, la présence sur ce créneau d’Agilent (émanation de Hewlett-Packard), qui a également un brasseur optique.Quant à Cisco, il se montre plus discret. L’optique n’est pas son c?”ur de métier et, pour prendre pied sur ce secteur, il a acheté, au milieu de l’an passé, deux sociétés, Cerent et Monterey (pour, d’ailleurs, un montant record de plus de 8 milliards de dollars), ainsi que la division optique de Pirelli, fin 1999. Le constructeur déclare être en phase de test outre-Atlantique.Hélas, du côté des Européens, c’est le silence radio sur toute la ligne. Chez Alcatel, on indique poursuivre des recherches en interne et, en même temps, le constructeur se déclare intéressé par la technologie d’Agilent. Siemens affirme posséder un brasseur optique, qu’il a montré au dernier Cebit. Mais ?” est-ce par discrétion ou parce que le produit n’a pas encore dépassé le simple stade de la démonstration ? ?” le fabricant n’en parle guère. Quant à Ericsson, sans doute ne néglige-t-il pas ce domaine, mais il semble pour le moment plus préoccupé par les mobiles de troisième génération et le sans-fil en général.Bref, si les constructeurs européens ne veulent pas connaître la même mésaventure qu’avec la vague IP, qui les a pris de court, il faudrait queux aussi planchent sérieusement sur la question et mettent les bouchées doubles.Prochaine chronique le vendredi 26 mai

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Jean-Pierre Soulès, grand reporter