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On se goinfre.comOn peut !

De start-up en holdings, journal de bord d’un cadre de la nouvelle économie. Il se confie sous pseudo pour parler ?” et parfois crier ?” plus librement…

Je ne suis pas un aigle. Juste un moineau enragé, qui en avait marre de ramasser les miettes, et s’est lancé dans la ” net éco ” avec un seul but : les transformer en pain de mie, en pain Poilâne, puis en sandwich caviar truffes, si Dieu et mon boss ?” que je boufferai peut-être, lui aussi ?” n’entravent pas ce plan de carrière boulimique. À propos de la boulimie, voici une règle de base de ma nouvelle église : se goinfrer ne suffit pas, il faut se le faire toujours plus vite.Absorber des dot-com : oui, dit mon boss, mais deux par semaine, pour dépasser sans délai le seuil critique, en deçà duquel on n’est qu’un insecte attirant des investisseurs nains. Achetant vite, il achète parfois n’importe quoi. Dernière et ruineuse acquisition : une SSII (société de services et d’ingénierie en informatique) dont le site, qui semble avoir été conçu par ma grand-mère, ne compte pas plus de dix pages et fait planter tout navigateur lorsqu’on clique sur ” Nos références “. Mais son business model est en béton, paraît-il. Me voilà rassuré…Spécialiste du château en Espagne et surfeur compulsif de longue date, j’étais une proie désignée pour le virus “ net éco“. J’ai donc fondé mon premier site il y a dix mois (un guide web qui s’est perdu dans le brouillard). Je me suis endetté, j’ai quitté mon job “vieille éco ” dans l’édition papyrus, ramé, cherché des partenaires, ouvert un second site (une mini agence web où, faute de clients, je ne conseillais que moi-même) pour financer le premier. Je me suis aussi endetté pour le second. Et là, miracle.com, grâce à ma rencontre avec le boss d’un groupe spécialisé de province, qui se prenait pour Bernard Arnault…Vif et intelligent, malgré ce que je vais en dire, ce nabab du Sud-Ouest voulait vite-vite grossir pour très-très vite entrer en Bourse. Il décide alors de former sa Dream Team en une semaine, pour impressionner la presse financière… Il m’embauche sur-le-champ, conquis par ma “ vision” de la net économie, et par mon diagnostic (improvisé) sur le click and mortar, terme dont je n’avais appris la signification que la veille, en feuilletant un magazine… Bref, il a l’immense talent de reconnaître mes mérites, et même plus… Mon “aisance verbale” et mon “esprit de synthèse” l’intéressent. Mes “ capacités relationnelles” aussi. Il en déduit avec optimisme que j’ai un carnet d’adresses aussi top que celui d’Alfred Sirven, et veut illico presto me bombarder directeur de la communication, une fonction que je n’ai jamais occupée. Vu le salaire et les stock-options, manque de bol, non ?Heureusement, je dispose de 24 heures pour y réfléchir. Tout juste assez pour avaler quelques bouquins spécialisés. J’étais naïf ! Notre bible, qui tient en une seule phrase, suffirait. Allez, répétez après moi : “Se goinfrer ne suffit pas, il faut se goinfrer toujours plus vite…”

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Netego