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On ne prête qu’aux riches

L’argent injecté dans les start-up atteint des montants aussi considérables qu’en début d’année. La seule différence : les investisseurs concentrent de plus en plus leurs efforts sur quelques élus.

Les nostalgiques de l’âge d’or de la Net-économie ont tort : les capitaux-risqueurs ne sont pas plus frileux aujourd’hui qu’ils ne l’étaient en début d’année. Toutes les études affirment en effet que le montant total des sommes investies dans les jeunes sociétés Internet continue à croître régulièrement. En revanche, ces investissements apparaissent beaucoup plus typés.Il y a d’abord ceux des premiers tours de table. Ils sont pour la plupart d’un montant très modeste, quelques millions de francs au grand maximum, et ont nécessité de longues négociations. Fini les chèques en blanc offerts à de jeunes inconnus ayant trouvé la veille une idée géniale ! Les capitaux-risqueurs sont redevenus les banquiers qu’ils ont toujours été, avec des exigences de garantie sur la personnalité des dirigeants et sur la viabilité du modèle économique de la start-up.Il y a ensuite les levées de fonds de deuxième et de troisième tours de table. Et là, la tendance est franchement à la surenchère avec de nouveaux records chaque semaine. Le dernier en date : iMediation, l’éditeur français de logiciels d’affiliation pour Internet, qui vient de récolter 344 millions de francs lors de son troisième tour de table. Une somme qui vient s’additionner aux 236 millions de francs précédemment levés. Au total, 570 millions de francs en un peu plus de deux ans. Une sacrée somme au regard du chiffre d’affaires d’iMediation en 1999 : 7,9 millions de francs. Mais iMediation n’est pas un cas isolé et on peut multiplier ainsi les exemples.Nul doute que les investisseurs et les business angels privilégient, même pour un deuxième ou un troisième tour, ceux qui ont respecté leur plan de développement et qui ont prouvé leur aptitude à gérer une entreprise. On peut néanmoins s’interroger sur la justification, pour certains, de cette prime à l’ancienneté. En d’autres temps, le Crédit Lyonnais s’est obstiné à renflouer sans cesse des sociétés d’immobilier dans lesquelles il avait investi histoire de ne pas perdre sa première mise. On connaît le résultat.Bref, lever des dizaines de millions de dollars n’est en rien une garantie de succès. C’est en tout cas ce que peuvent se dire ceux qui désespèrent de trouver un premier financement. Cela pourra peut-être les consoler…Prochaine chronique le vendredi 29 septembre

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Didier Géneau, rédacteur en chef délégué