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Olivier Campenon (Siris) : ” Deutsche Telekom ne nous a rien imposé “

Un an après son rachat par Deutsche Telekom, Olivier Campenon, président du directoire de Siris, fait le point sur la situation de l’opérateur, numéro trois des télécoms en France. Selon lui, le leader européen des télécoms a fait gagner un temps précieux à sa société.

En France, Deutsche Telekom possède Siris, Club Internet et la filiale française de Debis Systemhaus. Mais ces sociétés ne semblent pas beaucoup collaborer les unes avec les autres. Pourquoi ?On aimerait que les choses se fassent vite, mais il faut donner du temps au temps. Entre le rachat d’une société et la réalité de son intégration, il se passe des mois. Concernant Siris, la première année du rachat a été une année de tests. Les Allemands ont demandé que nous leurs montrions ce que l’on savait faire. Nous avons prouvé qu’ils pouvaient nous accorder leur confiance en réalisant plus d’un milliard de francs de chiffre d’affaires en 2000. Aujourd’hui, les choses sont lancées, nous avons vingt-deux projets avec Deutsche Telekom. De la même façon, nous travaillons aujourd’hui avec Club Internet : il nous achète des minutes et nous préparons des services communs qui seront bientôt annoncés. Avec Debis, nous sommes moins avancés dans le processus, mais c’est parce que les Allemands sont des gens prudents, et qu’il a fallu attendre que tout soit signé. Deutsche Telekom a voulu laisser à chaque marque son dynamisme et sa souplesse. Mais la marque Deutsche Telekom va être de plus en plus mise en avant.Deutsche Telekom a-t-il imposé des changements à Siris ?Nous avons eu la chance de trouver chez Deutsche Telekom un opérateur qui a fait le choix de la continuité. Le management a été confirmé. Et c’est nous qui avons demandé l’arrivée du directeur de la stratégie allemand Alexander Rupp [NDLR : unique représentant de Deutsche Telekom chez Siris].Quel bilan tirez-vous de votre rachat ?Quand nous sommes allés voir Deutsche Telekom au moment du rachat, ils nous ont demandés de foncer, sans pour autant faire tout et n’importe quoi. Pour eux, la France était un pays prioritaire. Ainsi, cette année, nous avons investi entre 500 et 600 millions de francs, au lieu de 300. Deutsche Telekom nous permet d’avancer notre plan d’affaires de deux à trois ans. Côté services, l’opérateur allemand nous a aussi fait gagner du temps. Par exemple, il nous a amené un contrat avec Horizon Software, un ASP (Application Services Provider) de bureautique. Nous commercialiserons donc fin janvier une offre avec Office 2000, de Microsoft. Cela nous a pris trois mois au lieu de six. De même, en matière de commerce électronique et de places de marché interentreprises, notre prochaine étape, nous bénéficierons de l’accord entre Deutsche Telekom et Commerce One.Vous dites que la France est prioritaire pour Deutsche Telekom. Mais l’opérateur a renoncé à concourir pour une licence UMTS dans l’Hexagone. Est-ce que cela vous ennuie ?Deutsche Telekom a renoncé à l’UMTS parce qu’il serait entré sur le marché des mobiles sans avoir une base de clients, ce qui n’était pas le cas en Grande-Bretagne. Mais nous regardons toutes les options, comme nous le faisons avec la boucle locale radio en achetant de l’accès aux propriétaires de licences.Justement, avez-vous digéré votre échec pour la boucle locale radio ?Nous avons choisi de ne pas attaquer la décision de l’ART. Les licences de boucle locale radio ont été décernées à de nouveaux venus. Ils ont préféré écouter ceux qui promettaient la lune. Très bien. Ce qui m’inquiète, c’est de voir que les engagements pris ne seront sans doute pas tenus. Certains promettaient un déploiement deux fois plus rapide que nous, alors que nous connaissons mieux le terrain.Concernant le ” dernier kilomètre “, c’est-à-dire l’accès direct à l’abonné, allez-vous plutôt opter pour du dégroupage ou pour l’achat de capacité aux opérateurs de boucle radio ?Je n’ai pas de dogme. La boucle locale radio permet des choses que ne permet pas le dégroupage et inversement. La BLR, par exemple, est souple, mais n’évoluera jamais autant que les infrastructures fixes, comme les fibres. Nous achèterons de l’accès radio partout où cela sera compétitif. Nous sommes actuellement en discussion avec les opérateurs, pour savoir quels prix ils proposeront. Quant au dégroupage, nous investirons 4 milliards de francs sur plusieurs années, sous réserve de rentabilité. On peut, en effet, s’inquiéter sur le développement du dégroupage. L’offre de France Télécom a été un véritable pied de nez. Et cette désinvolture de l’opérateur historique affecte le marché. Pourquoi est-il un des plus chers d’Europe ? Le prix de la colocalisation est 100 à 1 000 fois plus cher que dans d’autres pays. C’est comme avec le marché américain. Au début, personne ne s’est jeté sur le dégroupage car les coûts étaient trop élevés.Votre absence lors de la dernière édition parisienne de Networld Interop a surpris. Vous avez opté pour un stand virtuel sur Internet. Pourquoi ?A la fin de la précédente édition d’Interop, j’avais émis des doutes sur ce type de grand salon car, au final, on montre ce qu’on sait faire à ses concurrents et on n’y rencontre peu de clients. Il faut parfois aller au bout de ses idées et décider de ne pas y participer. Mais il était impensable d’être totalement absent. Nous avons donc opté pour un stand virtuel, qui a attiré de grandes sociétés. Cependant, notre absence d’Interop ne signifie pas que nous n’irons plus sur les salons.

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Guillaume Deleurence