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NX1, l’hybride semi-professionnel qui propulse Samsung au sommet

Moins légitime historiquement que les “grandes” marques de la photo, Samsung poursuit pourtant ses efforts dans ce domaine. Et le NX1 est la preuve que les ingénieurs coréens ont des ambitions !

Si Samsung est l’un des pionniers des hybrides, ces boîtiers à optiques interchangeables qui supplantent doucement les reflex, la marque a peu de poids dans l’histoire de la photographie. Pourtant, avec sa puissance de géant industriel, le coréen a réussi l’exploit de lancer plus d’une dizaine de boîtiers et presque une vingtaine d’optiques en moins de 5 ans. Derrière ces prouesses, Samsung avait cependant du mal à séduire les photographes : la stratégie paraissait erratique malgré quelques bonnes optiques, les zooms haut de gamme était absents du catalogue. Et surtout, la marque manquait d’un vrai boîtier sérieux capable d’affronter les meilleurs appareils du genre.
Nous sommes fin 2014, ce boîtier est arrivé et il se nomme NX1. Et il pourrait changer beaucoup de choses pour Samsung…

Prototype de pré-production

Le boîtier que nous avons testé n’est pas une version finale (v0.36) et selon Samsung France, des focus groupes menés par la marque vont entraîner quelques modifications d’ordre physique – exit la sécurité qui bloque la molette de sélection de la cadence de shoot par exemple. Mais dans l’ensemble, l’appareil est assez proche de ce qui devrait arriver en magasin en fin d’année, voire début 2015. Un boîtier qui inspire confiance, avec sa prise en main issue des reflex, ses matériaux au toucher rassurant. C’est d’ailleurs amusant de voir que dans le domaine des appareils les plus “pros” les hybrides prennent souvent les codes des reflex et ne sont plus aussi petits que cela. La raison étant dictée par les impératifs de solidité et de qualité de prise en main.

100% Samsung

Sans entrer dans le détail des relations japo-coréennes, il est notoire que les deux pays sont en compétition. Présenté lors de la Photokina de septembre dernier, le NX1 faisait la fierté des équipes coréennes notamment pour son côté 100% made by Samsung. Cela inclut non seulement la conception du boîtier lui-même mais aussi celle du processeur et du capteur d’image. Un capteur hors norme, puisqu’il s’agit du modèle APS-C le plus défini du moment avec pas moins de 28 millions de points. A l’heure où le marché des capteurs est trusté par Sony, il faut souligner la performance réalisée par les ingénieurs de Samsung.

28 Mpix : une définition à la hauteur

Avec une définition de 28 Mpix soit 6480 x 4320 points, le NX1 offre une définition d’image digne des reflex à capteurs plein format. Au jeu de la définition pure, seuls les Nikon D800/D810 et le Sony Alpha A7R lui dament le pion avec leur capteur 36 Mpix. Outre la possibilité de réaliser de très grands tirages, une telle définition offre aussi un énorme potentiel de recadrage. Attention cependant, la définition perçue peut être inférieure selon la qualité de l’optique mise devant le capteur, voire selon la nature même du capteur – un Sigma DP3 Merrill met tout le monde à genoux avec seulement 14,45 Mpix.

Dans les faits, les Jpeg sont de bonne qualité en plein jour, surtout lorsque le capteur est accompagné du très bon 16-50 mm f/2-2.8 et du 50-150 mm f/2.8 dont nous avons pu tester un prototype. Ces deux zooms haut de gamme nous ont permis de tirer le meilleur du capteur et il est clair que le niveau de définition est très élevé. Nous attendons cependant de Samsung qu’ils baissent un peu l’intensité du lissage Jpeg et qu’ils atténuent la saturation des verts, parfois un peu trop flashy – mais il s’agit d’optimisations logicielles.

28 Mpix : montée en ISO convenable

Le revers de la médaille d’une telle définition c’est bien sûr la montée dans les hautes sensibilités de plus en plus difficile à mesure que les millions de points s’ajoutent sur les capteurs. Dans le cas du NX1, on peut monter sans souci jusqu’à 3200 ISO en jpeg, voire 6400 ISO. Même si le lissage est assez présent, les clichés conservent encore suffisamment de piqué pour être exploités de manière sereine. A 12.800 ISO le bruit numérique est très marqué et estompe les détails de manière plus significative mais, magie de la super définition du capteur, les inscriptions restent lisibles ! A 25.600 ISO les couleurs sont bien plus affadies et les détails noyés dans le bruit numérique.
Quant au potentiel des fichiers RAW, il nous est impossible de nous prononcer puisqu’il n’existe aucun logiciel capable de prendre en charge les fichiers à l’heure actuelle.
Découvrez ici quelques-uns de nos clichés de tests du NX1, dont une montée en sensibilités de 100 à 25.600 ISO.

Rafale qui fait (très) mal

15 images par seconde : voilà une rafale qui met tout le monde d’accord. Quasi illimitée en Jpeg (2 s en RAW+jpeg Fine), elle dépasse même celle des reflex professionnels ! On pourrait arguer que ceux-ci offrent une mémoire tampon supérieure, mais ce serait oublier que ces boîtiers, utilisés notamment pour les compétitions type coupe du monde, offrent des définitions entre 12 et 18 Mpix quand le NX1 dispose de 28 Mpix ! Cette cadence délirante fait du NX1 un ovni de la compétition, un appareil complètement shooté aux amphétamines. Le seul reproche que nous ayons à faire à Samsung sur ce point est de s’être limité à un seul emplacement pour cartes mémoires.

Un autofocus doué

Sur un boîtier qui débite autant de clichés à la seconde, la précision de l’autofocus et la qualité du suivi du sujet revêtent une grande importance. Même dans cette version de pré-série, l’AF du NX1 s’est très bien comporté, générant peu de déchets (images floues) lors des rafales que nous lui avons infligées : un oiseau en plein envol et une voiture qui vient vers nous. Sans égaler le confort et la précision d’un AF de reflex professionnel type D4s ou 1Dx, le NX1 offre une très bonne prestation. Dommage que le viseur n’égale pas celui de l’OM-D E-M1 ou celui du X-T1 de Fujifilm en terme de grossissement d’image – mais ça reste très confortable. Autre bémol : le temps où l’image se fige et le petit passage au noir entre chaque image laisse toujours l’avantage aux reflex dans le domaine de la photo de sport. Mais pour un peu d’action, le NX1 se débouille presque aussi bien que le champion des hybrides du domaine, l’Olympus OM-D E-M1.

4K UHD et 4K cinéma !

A l’heure actuelle, seuls Panasonic et Samsung proposent l’enregistrement vidéo 4K directement sur la carte mémoire, Sony le proposant uniquement via un enregistreur externe relié à la prise HDMI de ses Alpha 7. Sur l’écran du boîtier, le niveau de détail des fichiers vidéo est extra, avec notamment une bonne plage dynamique. Mais en ce qui concerne le visionnage sur ordinateur nous réservons notre avis pour le test final puisque le codec semblait mal géré par nos systèmes – Windows 7 et Mac OS X Yosemite, que ce soit avec VLC, Media Player ou Quicktime. Heureusement, nous avons pu réaliser un joli arrêt sur image et vous partager une capture d’écran VLC de Léon, magnifique caméléon panthère de la serre du nouveau Zoo de Vincennes.

En attendant de tester une version finale et de rendre notre verdict en mode vidéo, toujours est-il que le potentiel est là et la présence de prises micro et casque pourrait légitimer l’usage du NX1 par les réalisateurs en herbe. Une légitimité renforcée par la prise en charge non seulement de la 4K UHD (3840 x 2160 points) mais aussi de la 4K cinéma (4096 x 2160 points).

Reflex 3.0

Il y eu les reflex argentiques, puis les reflex numériques et ce NX1 est un peu l’évolution logique de cette famille, la version 3.0 en somme. Délaissant la visée reflex à proprement parler pour un viseur électronique, il en garde cependant tous les codes, du format physique au design, en passant par le positionnement “expert/pro”. Si technologiquement le NX1 est bien un hybride, il se place pourtant en frontal face aux reflex, et non face aux appareils légers et familiaux type Alpha a6000 et autres Olympus Pen E-PL7.
Nous avons pu jouer avec le NX1 une petite dizaine de jours et même à l’état de prototype, c’est un boîtier dont le potentiel est énorme. Non seulement c’est une performance réalisée par un nouveau venu dans le monde de la photo, mais c’est aussi un boîtier techniquement exceptionnel : à côté de lui, les performances théoriques et la fiche technique d’un boîtier très attendu comme le Canon EOS 7D Mark II semblent un peu pâlichonnes !

Verdict temporaire : carton plein, mais des doutes restent à lever

Nous attendrons de recevoir une version finale avant de lui décerner ou pas un prix, mais même en en l’état actuel, le NX1 mérite clairement un 5/5, tant du côté des innovations technologiques que des performances brutes. Si c’était une grande marque de la photo qui avait lancé ce boîtier comme Canon ou Nikon, le NX1 aurait eu beaucoup plus de retombées médiatiques – il ne s’agit pas ici de pleurer sur Samsung, mais simplement de regretter que ce boîtier, vraiment très prometteur, n’ait pas encore reçu toute l’attention qu’il mérite.

Si le NX1 transforme l’essai lors du test final, il reste encore beaucoup à faire chez Samsung : offrir un calendrier clair des optiques en préparation – l’optique est le nerf de la guerre en photo –, poursuivre les efforts en innovation, s’offrir une vraie crédibilité photo en équipant vraiment des pros. Et rassurer sur la pérennité de son engagement dans la photo expert. En 2012 la division PC nous recevait en grande pompe à Séoul pour nous parler de leur volonté de devenir leader mondial du segment (lire nos articles à ce sujet ici, et ) pour finir par annoncer se retirer du marché européen à peine deux ans après. De quoi faire hésiter bien des photographes qui pourraient être séduits.

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