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Novell nous donne le tournis

Certains individus, ayant vu la mort de près, sont ensuite pris d’une frénésie d’activité. Comme pour se prouver qu’ils sont bien en vie. Novell appartient à cette catégorie. Par Jean-Pierre Soulès.

Il ne se passe pas une semaine sans que Novell ne procède à une averse d’annonces de produits, de stratégies, d’architectures, de grandes orientations. On l’a encore vu au dernier Brain Share, en mars dernier. Le problème de l’éditeur, c’est qu’il ne parvient pas à définir une stratégie claire et évidente pour le commun des mortels.Il est vrai que, sur le point de disparaître entre 1995 et 1998, l’éditeur a aujourd’hui retrouvé une raison de vivre : l’annuaire NDS (Novell Directory Services). C’est le ” docteur miracle “, Eric Schmidt, qui, lorsqu’il prend la direction de l’entreprise, en 1997, découvre ce petit trésor, apparu avec Netware 4.0 et qui remplace la fameuse ” Binderay ” des versions précédentes de Netware. Désormais, décide-t-il, la panacée du ” nouveau ” Novell, ce sera NDS.L’idée est brillante, mais ne nourrit pas son éditeur car c’est encore Netware qui fait bouillir la marmite. D’où la première contradiction : tout en ne reniant pas son système d’exploitation ?” il vient de sortir la version 5.1 ?”, Novell préfère que l’on associe son nom à NDS. Un véritable numéro d’équilibriste.

Séduisant, mais un peu vague

Pour faire de son annuaire son fonds de commerce, il lui faut bâtir une nouvelle offre, griller de vitesse ses concurrents Netscape ou Microsoft et imposer NDS comme la référence dans le domaine. D’où, depuis deux ans, des rafales de plus en plus nourries et rapprochées de nouveaux produits et services, s’appuyant sur NDS. Il y en a pour tous les goûts : sécurité, authentification, réseaux privés virtuels, cache, groupware, gestion de la connaissance, carte d’identité numérique, messagerie instantanée, EDI sur Internet, et j’en passe. Quelle débauche d’énergie. On ne se couche donc jamais, chez Novell ?Mais tout cela fait un peu désordre. Ce catalogue de produits ressemble à un livre sans titre. Novell en a trouvé un. Il se définit, désormais, comme un fournisseur de services réseaux (Net Services). Séduisant, mais un peu vague. Aussitôt, pour donner dans le concret, les stratèges inventent une architecture au nom évocateur en diable : DENIM (Directory-enabled Net Infrastructure Model). N’est-ce pas plus clair ? Cette fameuse infrastructure s’appuie sur l’annuaire, porté sur différentes plates-formes (Netware, Windows NT, Linux et Solaris), comporte trois niveaux et se voit complétée par une panoplie de solutions prêtes à l’emploi, forgées à partir des produits du catalogue.Enfin, pour montrer qu’il faut compter avec lui, Novell se lance dans une politique de partenariat tous azimuts. Comme celui qu’il noue avec Netscape en créant Netoria, qu’il rachète peu après et, tout récemment, celui qu’il conclut avec Sun et CMGI. Ensemble, ils fondent CMGIon. On en a le tournis.Mais finalement, quelque chose me chagrine encore. Cette agitation rappelle quelque peu celle des années 1991 à 1994, lorsque Novell achetait à tours de bras les DR Dos, Wordperfect, USL et nous parlait de Supernos. L’accident nétait pas loin.Prochaine chronique vendredi 12 mai 2000

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Jean-Pierre Soulès, grand reporter