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Nouveaux noms de domaine : réserver n’est pas gagner

Nouvelles extensions, adresses accentuées : de plus en plus d’intermédiaires, cachant les problèmes techniques et les risques de doublons, encaissent déjà les réservations.

Depuis le 26 février, Verisign permet le
dépôt d’adresses Internet dans soixante langues (français, allemand, tchèque, etc.). Trente autres langues, comme l’hébreu et le vietnamien, seront proposées dès la fin du mois.Les réservations se font soit directement auprès de Verisign pour 33 euros, soit auprès de l’un de ses renvendeurs. On citera, par exemple en France, H-f.net (24 euros par an) et Domainoo (40 euros par an). Verisign centralise toutes
les demandes pour éviter les risques de double réservation sur le même nom. En France, plus de 20 000 noms auraient déjà été demandés.Cependant, pour des raisons techniques, ces nouvelles adresses ne peuvent pas encore être utilisées. Si Verisign développe une technologie pour permettre l’exploitation des nouveaux caractères au niveau de la base de données centrale,
il faut encore que les logiciels (navigateurs, serveurs Web, proxies, etc.) s’adaptent. Verisign précise également qu’il est, en l’état actuel des choses, impossible de fournir les adresses mail correspondant à ces nouveaux noms de domaine.Leur entrée en vigueur devrait s’effectuer à la fin de cette année pour les .com, .net et .org. Il n’en sera pas de même pour les extensions nationales. En effet, si les îles Cocos (.cc) et le Japon (.jp) ont déjà développé leur propre
système, pour les .fr, .de, .tv… il faudra encore patienter. Cela dépend, en effet, d’un autre organisme, l’IETF (Internet Engineering Task Force), qui élabore l’ensemble des normes et protocoles gérant l’Internet. Un
groupe de travail se consacre actuellement aux noms de domaine. Il s’est fixé le mois de septembre 2001 pour les dernières mises au point.L’Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) réfléchit également à l’internationalisation des noms de domaine. L’organisme avait d’ailleurs déjà
émis des réserves vis-à-vis de la solution mise en place par Verisign. Ce fut l’un des sujets abordés lors de la
réunion de Melbourne le week-end dernier.Il est possible que Verisign, l’Icann et l’IETF trouvent une solution commune qui tienne compte des noms déjà réservés, mais ce n’est qu’une supposition…

Les sept nouvelles extensions

Depuis l’annonce en novembre dernier du choix définitif des
futures extensions succédant au .com, les offres de préréservations se sont multipliées : avec liste d’attente gratuite ou non, paiement à l’avance, remboursement en cas d’échec du dépôt,
etc.A tel point que la
FTC (Federal Trade Commission) et
l’Icann ont chacun de leur côté publié des avertissements et appellent à la plus grande prudence sur ce point.En effet, à l’inverse de ce qui se passe pour les URL accentuées, il n’existe pas de liste d’attente centralisée pour les nouvelles extensions. Ainsi, les nombreuses sociétés qui proposent de réserver un nom ne peuvent absolument pas
garantir ni qu’une autre entreprise ne fait pas la même chose ailleurs sur la planète, ni que la demande sera acceptée lorsque les enregistrements commenceront.En effet, les conditions d’attribution n’ont pas encore été définies. Une charte de nommage précisera les catégories d’entreprises concernées par chaque extension. Le .aero intéresse l’industrie aéronautique étendue aux agences de
voyage ; les .coop, .pro et .museum s’adressent respectivement aux coopératives, professions libérales et musées. Seuls le .biz et le .info n’imposeront aucune limite.Aujourd’hui, les dates de commercialisation précises et officielles ne sont pas encore fixées.

Le cas New.net

New.net a fait beaucoup parler d’elle récemment avec
son offre d’enregistrement de nouveaux noms de domaine génériques censés concurrencer les nouvelles extensions. Les entreprises peuvent ainsi enregistrer chez cette start-up
californienne leur nom en .shop, .soc, .med, par exemple. Mais la réalité est tout autre et ressemble plus à ce que Vinton Cerf, président de l’Icann, qualifie d’“astuce élégante”.Le système établi par New.net n’a rien d’illégal, mais il maintient, à dessein, un flou autour de son service. En fait de nom en .shop, les sociétés enregistrent simplement un sous-domaine de New.net. En clair, elles possèdent l’URL
societe.shop.new.net.L’idée de New.net est que, grâce à des accords avec certains fournisseurs d’accès à Internet américains, ou bien grâce à une extension téléchargeable par les internautes non abonnés chez eux, le navigateur se contente de l’adresse
societe.shop pour arriver jusqu’au site Web de la société.Pour l’instant, l’extension ne fonctionne pas sous Mac OS ni Linux, et n’est pas compatible avec les navigateurs AOL. De plus, le système New.net ne marche pas si la connexion passe par un serveur proxy, pourtant très courant dans les
entreprises. Enfin, la start-up devra développer un système pour que les messageries électroniques, elles aussi, reconnaissent les adresses.Par ailleurs, l’enregistrement d’une adresse coûte 25 dollars pour un an, non remboursables. Les termes du contrat signés entre New.net et les entreprises ne sont guère rassurants : changement unilatéral de conditions possible à tout
instant, augmentation des tarifs envisagée (sans préavis).Enfin, New.net n’existe que depuis une semaine et ne possède pas encore les brevets pour sa technologie. D’ailleurs, d’autres entreprises proposent le même service, ou presque, comme Domain Island ou encore Name-space qui propose
quelque 546 extensions, enregistrables pour le même prix.De plus, rien n’empêche l’Icann de créer un jour de véritables extensions à partir de celles proposées par New.net, ce qui provoquerait inévitablement des conflits d’adresses.

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Karine Solovieff