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Nouveau MacBook Pro : le côté obscur de sa finesse

En substituant toutes les prises classiques de ses nouveaux MacBook par des ports Thunderbolt 3, Apple met de nombreux utilisateurs dans l’embarras et force à l’achat de coûteux accessoires.

Le couperet est tombé : conformément aux rumeurs de ces dernières semaines, Apple a bien remplacé (presque) toutes les prises de ses MacBook Pro par des ports Thunderbolt 3 au format USB Type-C. Une prise totipotente capable de transporter des signaux en tout genre, qu’ils soient réseau (Ethernet Gigabit), graphique (HDMI, DisplayPort), de donnée (USB) et même électrique. Inventé par Intel, le Thunderbolt est une prise aussi efficace d’un point de vue électronique que physique, puisqu’elle est réversible ce qui évite d’avoir à tourner le câble avant de la brancher.

À lire : Apple Macbook Pro : adieu touches de fonction, bonjour Touch Bar !

Le hic du choix d’Apple, c’est que la marque n’a pas ajouté des prises Thunderbolt 3 aux prises existantes. Non, la marque californienne a éliminé les anciennes prises au profit des nouvelles, interdisant de facto une transition en douceur des équipements. Un choix brutal et hautement discutable.

Le MacBook Pro, le poulpe aux œufs d’or

Présentés lors d’une grande conférence plénière, les nouveaux MacBook sont de belles machines : plus fines, plus épurées, plus légères. Mais cette belle histoire, c’est celle que veut nous conter Apple, parce que dans la vie de tous les jours, le tableau s’annonce moins joli. De la même manière qu’il est terriblement agaçant d’avoir à se contorsionner pour brancher une clé USB à l’aveugle au dos d’un iMac, Apple a pensé ses machines pour son monde idéal.

Or, dans le vrai monde, celui où l’on travaille quotidiennement avec sa machine, un ordinateur reçoit souvent une clé USB prêtée par un collègue, doit parfois être branché sur un écran en HDMI, sur deux disques durs au même moment pour effectuer une sauvegarde, au réseau filaire sécurisé de l’entreprise, etc. Techniquement, les nouveaux MacBook en sont bien évidemment capables, mais pour tirer parti du matériel, il va falloir acheter des adaptateurs… Plein d’adaptateurs : USB type A, HDMI, Thunderbolt 1 et 2, carte SD, etc. Des accessoires qui transformeront par exemple la machine d’un photographe en un vrai poulpe. Car il faut imaginer son Macbook relié à un écran, à un disque externe de travail en USB, à un disque réseau pour la sauvegarde, à un lecteur de cartes, etc. Une multiplication d’adaptateurs qui représente une manne financière pour Apple. Et qui soulève surtout une absence : le dock de travail.

Où est le dock made by Apple ?

Dell a été le premier constructeur de grande envergure à intégrer le Thunderbolt 3 dans ses XPS 13 et XPS 15. Une arrivée saluée par la presse, puisque cette prise offre de nombreux avantages, comme on l’a vu. Mais Dell a fait les choses intelligemment : puisque l’utilisateur vit dans le vrai monde, il faut que sa nouvelle machine s’interface avec celui-ci. Pour ce faire, Dell a conservé deux prises USB 3 et un lecteur de carte SD. Et il a surtout développé différent docks optionnels, qui ajoutent plusieurs prises nécessaires à un usage sédentaire (USB, Ethernet, etc.) 

Comble de l’histoire pour Apple : quand sa belle machine risque d’être constellée de disgracieux adaptateurs, c’est le PC portable de Dell qui offrira le bureau le plus épuré, puisqu’il n’y aura qu’un seul câble à brancher. Où est votre dock, Mr Apple ?

Mirage écologique

Dans le monde idéal d’Apple, la suite logique de l’achat d’un nouveau MacBook, c’est donc le remplacement de tout votre équipement, câbles et écrans externes, pour de nouveaux modèles. C’est bien joli, mais ce comportement est économiquement et écologiquement absurde : l’achat de moult câbles et adaptateurs, de même que le remplacement accéléré de votre équipement actuel est mauvais pour votre portefeuille et tout bonnement catastrophique pour la planète.

La slide sur les certifications écologiques (certes avérées) de la production des MacBook Pro n’est qu’un masque de fumée, cachant l’impact que représentent les à cotés. Il n’aurait rien coûté à Apple d’intégrer au moins une prise USB et un lecteur SD. Mais ces connecteurs représentaient une entrave à son parti pris esthétique.

La finesse à tout prix

La marque à la pomme rêve ses appareils les plus fins possibles. Plus qu’un objectif, cette démarche est devenue une obsession, véritable marotte de son designer en chef Jonathan Ive. Dans cette optique, le format USB-C du Thunderbolt 3 est une réponse évidente. Mais la marque semble faire fi du monde qui l’entoure, et le jusqu’au-boutisme de la finesse a ses limites. Dans le domaine de la photographie par exemple, cette tendance commence à s’inverser. Les constructeurs d’appareils photo hybrides ayant compris, après quelques errements, que la finesse pour la finesse ne mène qu’à des appareils plus fragiles et difficiles à prendre en main.

Un nouveau MacBook aussi épais que celui de la génération précédente aurait été plus solide, aussi polyvalent dans la connectique mais aussi plus endurant, puisque le volume supplémentaire aurait pu être utilisé pour intégrer davantage de cellules ou des batteries de plus grande capacité. Mais dans une entreprise où le design a pris le pas sur tout le reste, le rapport au réel semble secondaire. Dommage.

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