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Notre industrie doit se forcer à abandonner le bas de gamme

Certains appareils sont devenus tellement peu chers que le prix ne devrait plus constituer un critère de choix pour l’essentiel du marché. Il est peut-être temps que les fabricants écoutent mieux les besoins exprimés par les
consommateurs.

Pour un produit que l’on utilise tous les jours pendant des années tels un téléphone DECT ou un adaptateur TNT, le problème pour l’acquéreur est-il vraiment d’arriver à le payer moins de 60 euros, ou au contraire de bénéficier
d’un produit valant le double ou même le triple, mais qui ne souffre d’aucune critique sur le plan du confort d’utilisation ?Payer le moins cher possible est en effet devenu un sport en matière de produits grand public de grande diffusion. Mais, curieusement, au lieu de réagir, expliquer et proposer, l’industrie grand public préfère se soumettre aux diktats
des modes ou de soi-disant impératifs marketing. La critique est facile mais l’art est difficile, direz-vous ? Relevons donc le défi, avec un objet que presque tout le monde possède : le téléphone DECT.Le nôtre est très léger mais le moindre déplacement de l’un des fils qui relient la base aux prises murales fait tomber le combiné. Ne pourrait-on donc pas mettre du métal dans le socle de la base et en profiter pour la concevoir un
peu plus grande afin qu’elle soit plus stable ? La surface occupée n’est quand même pas comptée à ce point…Au fait, ce combiné, qu’il soit sans fil, c’est bien. Mais ça l’est beaucoup moins si un tas d’inconvénients en découlent. Le nôtre est systématiquement chaud quand on le prend en main (du fait de l’alimentation de la batterie) ;
mais le socle lui aussi est toujours chaud, sans compter, bien sûr, la prise d’alimentation, qui comporte elle aussi une électronique.Nous avons vainement cherché la consommation dans la notice mais il doit bien y en avoir pour pas loin de 10 W en tout et en permanence : en cinq ans, la consommation électrique de l’appareil aura donc atteint son prix
d’achat ! Pourquoi, d’ailleurs, ne pourrait-on pas associer sur ce socle un combiné, confortable, éventuellement avec fil, et un combiné sans fil, suffisamment petit et léger pour qu’il puisse rester en permanence dans une poche ?Le ou les combinés sans fil pourraient très bien s’éteindre au bout de 2 minutes s’ils ne subissent aucun mouvement. Cela leur permettrait d’avoir une autonomie importante entre deux recharges. Ils seraient remis automatiquement
sous tension dès qu’on les ressaisirait (grâce à un générateur à mouvement), après avoir entendu la sonnerie émise par la base, par exemple. La recharge pourrait également ne se faire qu’en cas de passage de la tension de la batterie sous un certain
seuil. Le reste du temps, la tension d’alimentation de la ligne devrait pouvoir suffire, sans alimentation supplémentaire.Autre inconvénient des combinés sans fil : leur souffle, bien audible dans les écouteurs pendant les temps morts des conversations. Comme si le numérique n’était pas capable de nous éviter ce désagrément ! D’ailleurs,
puisque nous abordons le problème de la qualité sonore, pourquoi ne pas s’interroger aussi sur cette camelote systématique au niveau des écouteurs des combinés et du haut-parleur de la base ? Même l’informatique sait aujourd’hui proposer des
microenceintes de qualité correcte. Pourquoi pas la téléphonie ?

Toujours deux heures pour lire et assimiler une notice

Sans surprise, il nous a fallu 2 heures pour assimiler la notice lors de l’installation de l’appareil. Une semaine après, tout ou presque était oublié et la notice égarée… Il a bien fallu, néanmoins, la retrouver, cette notice,
pour savoir pourquoi une LED clignotait ! Donc rien de changé : Microsoft a su transférer ses mauvaises habitudes à la téléphonie : ‘ Cher client incompétent, sachez donc vous contenter du dixième des
possibilités de mon produit, ou alors retournez prendre des cours sur le fonctionnement de mes produits ! ‘
Au fait, sur le socle de cet appareil, pourquoi mélange-t-on des boutons qui ne servent que pendant la programmation et des boutons qui servent tous les jours ? Ne pourrait-on pas glisser les premiers sous une petite trappe, avec
éventuellement un écran (pour savoir à quoi servent les touches que l’on effleure) ? Nous sommes également perplexes concernant la phase d’appel des correspondants.Rappelons-nous. Il y a bien longtemps sont nés des appareils avec une dizaine ou une vingtaine de touches identiques, chacune correspondant à un interlocuteur. Bien pratique par rapport aux numéros à composer. Puis certains appareils
haut de gamme ont reçu un clavier alphanumérique… tellement petit qu’il fallait presque utiliser le petit doigt pour taper les premières lettres du nom du correspondant.Finalement règnent en maîtres aujourd’hui des claviers mélangeant chiffres et plusieurs lettres dont chacun a tout loisir de juger le confort d’utilisation. Quelle régression !Serait-ce enfin trop demander aux concepteurs de permettre une sauvegarde de toutes les données en cas de coupure du courant, y compris l’heure (ou alors assurer des resynchronisations automatiques sur l’horloge atomique de l’émetteur
de Brunswick) ? On pourrait aussi imaginer qu’en cas d’appel la sonnerie s’arrête lorsque l’on s’approche de la base et soit remplacée par l’énoncé du nom de l’appelant…Il existe un ‘ label rouge ‘ pour les poulets. Ne pourrait-il donc pas y avoir une marque similaire pour certains produits domestiques électroniques ? Une marque qui assurerait un
niveau élevé d’ergonomie, d’économie d’énergie, et éventuellement de possibilités de recyclage. Une marque créée par les Européens pour les Européens… et les autres !Pour les montres, les Suisses ont bien réussi à vendre l’image de la Suisse. Pourquoi donc la Suisse ne devrait-elle représenter qu’un exemple isolé ?* Rédacteur en chef d’ Electronique InternationalProchaine chronique jeudi 6 avril

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Jean-Pierre Della Mussia*