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Nord Zoulim : le magicien de l’organisation

A la Caisse des dépôts, le risque informatique et la performance des systèmes d’information sont gérés directement par les utilisateurs.

Immergé dans le monde de la finance depuis plus de vingt ans, Nord Zoulim rejoint la Caisse des dépôts (CDC) en octobre 1999. Arrivé au groupe pour assurer la maîtrise d’ouvrage stratégique de l’informatique au sein du comité de direction, il prendra très vite en charge la direction de la filiale Informatique CDC. Cette double casquette lui donne les coudées franches pour y construire une organisation mimétique, qui vise à aligner l’informatique sur les objectifs stratégiques de la Caisse des dépôts. Ecrit en début 2000, soit quelques mois après son arrivée, un livre blanc d’une trentaine de pages formule les enjeux des systèmes d’information. Trois ans plus tard, toutes les préconisations de ce livre blanc sont opérationnelles. Le pari était d’autant plus audacieux que la logique organisationnelle mise en place est relativement nouvelle en France. A l’opposé du management militaire centralisateur, elle fait appel au concept de subsidiarité en s’appuyant sur l’autonomie, la responsabilisation des acteurs et la force que procure leur décentralisation : “Je prépare le terrain, je convaincs et je contrôle.” Le terrain ? C’est de faire en sorte que chaque patron s’assure que ses projets informatiques ont un sens vis-à-vis de la stratégie de son métier. Ils doivent lui garantir un retour sur investissement ?” chiffrable et chiffré ?” à travers la croissance d’un segment de son marché, un avantage concurrentiel, une amélioration de la qualité de ses produits, ou encore des gains de productivité internes. En revanche, pour convaincre, Nord Zoulim utilise le levier de l’expertise professionnelle des acteurs de l’informatique : “Ces collaborateurs, y compris les membres du comité exécutif du groupe, ont contribué à la définition des bonnes pratiques de la profession dans notre livre blanc, dit-il. Et pour enrichir cette base de connaissances de façon continue, j’ai créé, au sein de l’entreprise, des groupes de travail transversaux où les utilisateurs viennent confronter leurs expériences.” Le troisième pilier, enfin, est l’évolution de l’organisation et de la gouvernance d’Informatique CDC, filiale informatique commune du groupe.

Associer responsabilité et pouvoir de décision

Et c’est bien dans cette évolution que se concrétise le mieux l’originalité de l’organisation mise en place par Nord Zoulim : associer responsabilité et pouvoir de décision. L’avantage ? Une fois la machine en route ?” c’est-à-dire le processus de création des projets informatiques inscrit dans la chaîne de valeur du groupe ?” elle conduira à la production de la valeur ajoutée attendue. Autrement dit, le risque et la performance informatique sont gérés directement par l’utilisateur : “L’informatique des métiers est dirigée par les métiers eux-mêmes, poursuit Nord Zoulim. Nous avons instauré un principe de sélectivité rigoureux, car nous voulons être certains qu’un projet apporte de la valeur ajoutée et que celle-ci est réellement mobilisée.” La question de la nature des gains produits par le projet est posée très en amont, comme la définition des actions à entreprendre pour que ces gains se réalisent au-delà même des actions purement informatiques.

Impliquer utilisateurs et collaborateurs dans la performance informatique

L’idée, en arrière-plan de cette démarche, est de sensibiliser les utilisateurs à la nécessité d’efficience de “l’usine informatique”?” et, mieux, de les impliquer au travers de l’actionnariat. Le 17 octobre dernier, Informatique CDC a été transformé en un GIE, constitué d’établissements et géré par ses actionnaires : “Il est ainsi doté d’une structure de gouvernance conforme à celle de la maison mère et de ses bonnes pratiques. Il comporte un directoire, un conseil d’administration et une assemblée générale des actionnaires…” Le principe ? Ce sont les actionnaires ?” la Caisse des dépôts et les filiales financières ?” qui, regroupés par pôles métier, définissent les statuts et le règlement intérieur du GIE. Chacun de ces pôles métier nomme deux représentants au Conseil. Le premier est responsable de l’établissement informatique du GIE dédié au pôle. L’autre appartient nécessairement au comité de direction du pôle. Entité transversale, le Conseil détient le rôle clé en pilotant et contrôlant la performance de l’entreprise. A ce titre, c’est donc lui qui réalise la mise en cohérence entre les investissements informatiques et les objectifs métier du groupe bancaire. Et la boucle est bouclée : efficacité financière et performance technologique se rejoignent. Conclusion de Nord Zoulim : “Qu’il s’agisse des salaires ou des technologies, ce sont des ressources qui se payent et dont il faut assurer la performance économique. Tout se ramène au financier.”

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Andrée Muller