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Non, Google n’a pas atteint la suprématie quantique, estime IBM

Les chercheurs de Big Blue profitent de la publication officielle d’un article de recherche de Google sur l’informatique quantique pour lui envoyer un gros tacle. Et ça fait mal.

Une querelle d’experts a éclaté dans le petit monde de l’informatique quantique. Les chercheurs de Google viennent de publier aujourd’hui dans le magazine Nature un article scientifique dans lequel ils revendiquent avoir atteint la « suprématie quantique », c’est-à-dire le stade où un ordinateur quantique est capable de réaliser un calcul impossible à faire en informatique classique.

En occurrence, les chercheurs ont utilisé un processeur baptisé Sycamore, composé de 54 qubits, pour réaliser un calcul particulièrement complexe, lié la création aléatoire d’un circuit quantique. Le processeur a réussi à effectuer la tâche demandée en 200 secondes, alors que, selon Google, il faudrait plus de 10 000 ans pour arriver au même résultat en utilisant l’IBM Summit, l’ordinateur le plus puissant de la planète.    

Google – Avec ce calcul, la firme de Mountain View aurait atteint la suprématie quantique

En réalité, cet article avait déjà fuité il y a un mois sur le site web de la NASA. La nature du calcul s’était immédiatement retrouvée sous le feu des critiques. « Si l’algorithme est assez complexe, il est presque quelconque. C’est donc une avancée intéressante en théorie, mais quasiment inutile en pratique », nous avait expliqué Renaud Lifchitz, expert en sécurité informatique et passionné d’informatique quantique.

Pile deux jours avant cette publication scientifique, les chercheurs d’IBM ont également envoyé un gros tacle à Google. En s’appuyant sur une analyse scientifique, ils estiment que l’IBM Summit n’a pas besoin de 10 000 ans pour réaliser le calcul proposé par Google, mais seulement de… deux jours et demi. Et en plus, le résultat serait obtenu avec « une fidélité bien plus grande ».

IBM – Selon Big Blue, le même calcul sur un ordinateur classique ne prend que quelques jours

Pourquoi un tel écart ? Le principal obstacle pour un ordinateur classique dans ce calcul est le besoin énorme de mémoire RAM. Or, selon IBM, il est également possible de s’appuyer sur de l’espace disque en plus de la mémoire vive. En appliquant sur toute une batterie de méthodes d’optimisation du calcul, les chercheurs de Big Blue arrivent finalement à diviser le temps d’exécution par 1,4 million. La conclusion est lapidaire : le seuil de la suprématie quantique « n’a pas été atteint ». Bim.

Mais la recherche de Google n’est pas à mettre à la poubelle pour autant. « La plus grosse avancée dans le papier est probablement le fait que les qubits ne se perturbent que peu les uns les autres, avec des taux de fidélité proches des puces beaucoup plus petites », nous a expliqué Renaud Lifchitz. Bref, Google n’a peut-être pas atteint le régime de suprématie quantique, mais il a certainement réalisé une belle avancée dans ce domaine. C’est aux experts de trancher.

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Gilbert Kallenborn