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Nokia a-t-il mangé son pain blanc ?

Dans la tourmente qui balaie depuis le début de l’année le monde des télécoms, certains s’en tirent mieux que d’autres. Le finlandais Nokia est de ceux-là. Mais les terminaux UMTS pourraient tout remettre en question.

Dans son classement annuel des équipementiers télécoms, le cabinet d’analystes Gartner Group place désormais Nokia au troisième rang mondial, derrière Nortel et Ericsson, mais devant Lucent. Qui aurait cru cela il y a deux ans ?Il y a quelques années, Nokia touchait un peu à tout (écrans, informatique, multimédia…) et le succès n’était pas au rendez-vous. Puis il a élagué ses activités et s’est concentré sur la téléphonie mobile (terminaux et infrastructures). Il s’est taillé une solide part de marché (35 %) dans les téléphones eux-mêmes, où il a bousculé les deux champions du secteur : Ericsson et Motorola.
Contrairement à ses rivaux, il ne boit pas le bouillon dans la vente de terminaux mobiles, annonçant des bénéfices et ne supprimant ” que ” quatre cents emplois, contre environ vingt mille pour chacun de ses deux rivauxMieux, il vient titiller son rival scandinave dans son c?”ur de métier même. Alors qu’Ericsson passait pour le grand gagnant des contrats d’infrastructure pour les futurs réseaux UMTS, voilà que Nokia effectue une remontée époustouflante et revient à la hauteur de son concurrent.A la mi-avril, plus d’une vingtaine d’opérateurs l’avaient retenu comme fournisseur pour leurs infrastructures, parfois seul, (c’est-à-dire apportant la partie c?”ur de réseau et la partie radio), parfois avec d’autres fournisseurs. A ce petit jeu, il laisse sur place des ténors du secteur comme Lucent, Nortel ou Alcatel.Mais tous ces acquis pourraient bien être remis en question. Si sur le plan de l’infrastructure, l’UMTS lui sourit, côté terminaux, en revanche, l’avenir ressemble à un pari fort risqué. Pour développer ces terminaux ?” autant des ordinateurs que des téléphones capables d’éditer texte, son et vidéo ?”, Nokia parie sur la plate-forme Symbian, directement dérivée du système d’exploitation Epoc 32 du Psion. Le Finlandais est d’ailleurs l’un des membres fondateurs de l’alliance autour de Symbian.Malheureusement, les produits qui reposent sur la technologie Symbian ne se bousculent pas au portillon. Ericsson propose un mobile dans son catalogue (R380). Nokia aussi (9210). Mais ce logiciel est lourd et apparemment peu adapté aux téléphones. Et sur ce terrain, il va devoir affronter l’ogre Microsoft, qui a fait subir une cure d’amaigrissement à Windows CE, et en a tiré Stinger et, surtout, Palm OS, défendu par Palm et le redoutable Handspring.” Nous voulons devenir le Microsoft du téléphone mobile “, a déclaré Jorna Ollila, le PDG de Nokia. Mais parmi tous ceux qui ont eu cette ambition, combien ont survécu ?Prochaine chronique le vendredi 1 juin

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Jean-Pierre Soulès