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Nikon dévoile le D850, l’appareil photo reflex “ultime”

Avec une fiche technique sans compromis, le D850 est la réponse de Nikon à la menace hybride. Son capteur de 45 Mpix associé à des performances inédites en font sans aucun doute le reflex le plus alléchant de ces dernières années.

Pour son centenaire, Nikon sort ses griffes : pré-annoncé le mois dernier, c’est aujourd’hui que nous découvrons la fiche technique du D850, le nouveau fleuron de la gamme de reflex à capteur 24×36 de la célèbre marque japonaise. Après son D500 sorti l’an dernier, qui prouvait que Nikon bougeait encore, la marque au logo noir et jaune a décidé de faire ce que les amateurs de poker appellent un « all-in » : conçevoir un boîtier dans lequel le fabricant apporte le meilleur de son savoir-faire sans (trop) se soucier de marketing.

Successeur du D810 lancé mi-2014, le D850 est un monstre de technologie, une machine bardée de fonctionnalités. C’est aussi, de très loin, l’appareil le plus excitant lancé par Nikon depuis 5 ans.

« Cameraness », ou l’appareil photo charnel

Lors de la présentation, Nikon n’a pas attaqué directement par la technique mais a introduit le concept de « cameraness ». Nombre d’appellations marketing vont du mensonger au fallacieux, mais ce n’est pas le cas ici : Nikon traduit ici le côté physique de la relation avec l’appareil photo. Un contact unique, qui reste l’apanage des boîtiers reflex ou télémétriques de par leurs dimensions, la mécanique et le viseur optique. Un viseur qui offre un contact direct avec le sujet et qui manque parfois cruellement aux hybrides.

Il est intéressant que Nikon souhaite mettre en avant l’aspect physique de ses boîtiers : dans un monde de la photo où la course à la technologie est permanente, seul Leica valorisait jusqu’alors ce lien qui unit l’humain à la machine. Du coup, si la fiche technique du D850 est bien celle d’une Formule 1, l’évolution du discours est plaisante. Et logique : face à des adversaires technologiquement déchaînés – Sony notamment –, jouer la carte de l’histoire, du « charnel », est un excellent argument pour conserver les photographes dans son giron. L’arme des sentiments face aux discours techniques purs en somme. Mais heureusement pour Nikon, le D850 a aussi ses specs pour lui.

La promesse d’une visée sans égale

En mettant en avant la « cameraness », Nikon se devait de soigner le pilier du concept qu’est la visée optique. Et sur le papier, le viseur du D850 semble être une réussite puisqu’il offre une couverture de 100 et un grossissement de x0,75. Il promet ainsi d’être supérieur à celui du Sony Alpha A900, un reflex sorti en 2008 qui offrait un grossissement de x0,74 et qui propose toujours, selon nous, la plus belle visée optique du monde des reflex numériques (excepté les séries monobloc type Nikon Dx, Canon 1D, etc.).

Selon Nicolas Gillet, chef du service produit Nikon France, « les photographes sportifs de l’AFP à qui nous avons prêté des prototypes trouvaient même dommage que leur D5 (appareil professionnel à grip intégré, ndr) ne dispose pas du même viseur ! », alors que celui du D5 est justement l’un des meilleurs du genre. Le test du D850 validera ou pas cette promesse, et nous ne manquerons pas de le comparer à son grand frère afin de vérifier les dires de Nikon.

45,4 Mpix: un déluge de pixels

Monstrueux : c’est le premier adjectif qui vient à l’esprit quand on découvre la définition native du capteur du D850, qui offre 45,4 Mpix. Si cette définition n’est pas record dans le monde du reflex – le Canon EOS 5DS/5DSr atteint les 50 Mpix – elle est déjà énorme et s’accompagne de belles promesses en termes de rafale, mais aussi de plage dynamique et de performances en basses lumières.

Premier capteur CMOS plein format à conception BSI (back side illuminated, ou rétroéclairé en français) sans filtre passe-bas de chez Nikon, ce champion shoote en effet de 64 ISO à 25.600 ISO de manière native, des valeurs que l’on peut étendre de 32 ISO (idéal pour shooter à grande ouverture en plein jour) à 102.400 ISO pour capturer les ours qui font du skate la nuit.

Ce qui est surprenant, c’est que la montée en définition par rapport au D810 (36 Mpix contre 45,7 Mpix avec le D850) s’accompagne non d’une régression ou d’une stagnation de la sensibilité maximale nominale mais d’une progression – on passe de 12.800 ISO à 25.600 ISO. Comme si l’ajout de 25% de pixels en plus était un avantage pour capter la lumière ! Et l’historique de Nikon dans la gestion des basses lumières est telle qu’il est peu vraisemblable que le constructeur nippon fanfaronne.

Ce capteur sait tout faire

Nikon affirme qu’un D500 est intégré dans son D850. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’en format recadré APS-C (format DX en jargon Nikon), le D850 offre une définition de 19,5 Mpix équivalente aux 20 Mpix du D500. Si Nikon met en avant la gestion de ce format DX dans son boîtier plein format (FX), c’est que la marque positionne son D850 en appareil « ultime ». Ainsi, même un recadrage sévère d’un cliché de 45,7 Mpix permet de profiter d’une définition suffisante pour de grands tirages et la gestion native du DX offre un multiplicateur de focale de x1,5, idéal pour les photographes de sport/nature qui peuvent ainsi se passer d’un second boîtier DX.

Avec une telle plage de sensibilités et une gestion aussi fine du crop – et des ratios d’image puisque le format carré fait son apparition – Nikon ambitionne de proposer le boîtier le plus polyvalent possible : « nous avons essayé de proposer un appareil à tout faire, aussi bien du paysage que du portrait, du sport ou du reportage », poursuit Nicolas Gillet. Une promesse assez ahurissante quand on regarde les anciennes gammes de la majorité des constructeurs, ultra segmentées avec des appareils à haute sensibilité, d’autres rapides mais moins définis, d’autres plus compacts mais à capteur APS-C, etc.

Nikon Corp. – Après les 36 Mpix du D810, les Mpix du capteur du D850 vont à nouveau disqualifier un certain nombre d’optiques. Heureusement que le parc Nikon (et compatibles) est conséquent et riche en références haut de gamme.

Il reste à évaluer la bonne gestion par le boîtier de son extraordinaire définition d’image. Car si les 36 Mpix du D800 avaient causé des problèmes de netteté à cause des flous de bougé (le moindre mouvement de l’opérateur implique un décalage de pixels) et du manque de piqué de certaines optiques anciennes, la nouvelle définition de 45 Mpix représente un défi encore plus grand.

L’un des meilleurs autofocus du monde

Les D800 et D810 disposaient d’AF adaptés à leur gamme. Le D850 passe la seconde – voire plutôt la cinquième – en proposant le même système d’autofocus que le D5 et le D500… qui n’est rien de moins que l’un des meilleurs du monde. Fidèle (sur le papier) à sa volonté de ne rien brider, le D850 offre ainsi 153 collimateurs dont un central qui est sensible à -4 IL (autant dire qu’il voit dans le noir).

La rafale s’avère impressionnante non seulement par rapport à la définition mais aussi dans sa durée. Dans sa forme native, le D850 pousse à 7 images par seconde pendant plus de 7 secondes. Un débit qui peut atteindre 9 images par seconde si on utilise le grip optionnel et la grosse batterie du D5 (EN-EL18b) qui servent de « booster ».

Mine de rien, cela fait 408 millions de pixels traités par seconde, ce qui rapproche cet appareil du démoniaque Sony Alpha A9 qui turbine certes à 20 i/s (500 millions de pix/s !) mais dans une définition presque deux fois inférieure (24 mpix). Le processeur Expeed 5 hérité des D5/D500 est donc loin d’être manchot.

A ces performances pures s’ajoutent des raffinements tels que le système de calibrage automatique des optiques qui évite les problèmes de front/back focus inhérents aux reflex (une exclusivité Nikon), ainsi qu’un joystick de pilotage des collimateurs AF. La cellule de mesure de la lumière, elle aussi issue du D5, s’avère toujours aussi sensible (-3 IL) et apporte avec elle une nouvelle balance des blancs automatique que Nikon promet la plus naturelle possible.

Enfin un mode vidéo 4K digne de ce nom !

Nikon ne nous a jamais convaincus en vidéo, que ce soit à cause de la compression, du manque de fonctionnalités ou de limites stupides telles que le recadrage, parfois violent.

Le D850 entend changer la donne avec un mode 4K UHD (3840×2160) qui élimine enfin ce satané recadrage et permet enfin de profiter des focales natives des optiques. La promesse ne s’arrête pas là, puisque Nikon a soigné les fonctionnalités (zébras, focus peaking en Full HD, mode flat, etc.), la connectivité (micro, casque, sortie HDMI 4:2:2 10 bit), le débit de trame -qui pointe à 144 mbit/s- ou encore l’utilisation de la plage ISO photo.

Bon, il n’y a pas encore de quoi faire de mal aux caméras C100/C300 de Canon, aux A7 de Sony ou aux GH de Panasonic. Ces trois marques ont en effet créé autour d’elles d’importants écosystèmes d’accessoires… et profitent d’un plus grand savoir-faire dans l’image animée.  Mais Nikon propose enfin (sur le papier) des fonctions vidéo professionnelles à ses utilisateurs. Il était temps ! On apprécie aussi que l’écran tactile orientable du D850, équipement rare dans cette gamme d’appareils mais important en vidéo.

La seule déception tient dans la promesse de timelapses 8K, tant vantée dans la pré-annonce de juillet. Nikon considère que, parce que l’appareil produit des photos dont la définition est supérieure à la 8K, vous pourrez donc assembler votre séquence vidéo à partir de photos… à la main sur votre ordinateur ! On se sent un peu floué par la nouvelle, mais puisqu’on peut effectivement produire des séquences d’une telle définition, il n’y a donc pas vraiment mensonge.

Mais si aucun écran grand public n’exploite la 8K, les timelapses 8K sont intéressants pour deux aspects : sous échantillonner une vidéo 8K en 4K permet d’obtenir un meilleur piqué d’image, et un fichier vidéo 8K offre au réalisateur la possibilité de déplacer un cadre 4K dans l’immense image 8K pour effectuer des travelings au montage sans que l’appareil n’ait à se déplacer (prévoyez en revanche une optique ultra grand-angle !).

Champion de l’endurance

Nikon a toujours été excellent dans sa gestion énergétique de ses reflex professionnels et ce D850 enfonce le clou : avec 1840 clichés garantis en norme CIPA, il écrase littéralement la concurrence. Que ce soit Canon, avec son Canon EOS 5D Mark IV qui tient « seulement » 900 clichés dans les mêmes conditions, et l’ensemble de la catégorie « hybride » dont les meilleurs éléments plafonnent à 500 images.

Comme si cela ne suffisait pas, l’appareil annihile la concurrence si on utilise la batterie EN-EL18b du D5 puisqu’il tient alors 5140 clichés en test CIPA. Sur le papier, il est clairement intouchable.

Ce niveau d’endurance, adapté à un usage de terrain intensif, va de pair avec une conception particulière du boîtier, tout en alliage de magnésium et entièrement bardé de joints d’étanchéité. Le D850 est donc aussi un appareil de reportage !

Une réponse de choc aux hybrides

Entre la présence d’un obturateur électronique 100% silencieux en liveview, la présence du Wi-Fi et du Bluetooth, les fonctionnalités vidéo avancées ou les rafales enfin sérieuses par rapport à la définition d’image, on sent que Nikon a voulu répliquer à la menace hybride.

Challengers dans le monde des appareils à optiques interchangeables, Fujifilm, Olympus, Sony et autres Panasonic on fait preuve de davantage d’audace et d’innovations ces dernières années… Canon et Nikon passant régulièrement pour d’augustes pantouflards assis sur leur position dominante. La chute des volumes de vente, la percée des hybrides qui ont grignoté les ventes de reflex et le positionnement de plus en plus expert/pro de la photo ont forcé Nikon à bouger et à proposer ce qui est sans aucun doute l’appareil reflex le plus alléchant de ces dernières années. Pendant ce temps, Canon semble toujours en stase cryogénique…

Le Nikon D850 sera disponible à partir du 7 septembre à 3799 euros boîtier nu.

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