Passer au contenu

Nicolas De Tavernost, Président du directoire du groupe M6 : ” M6, une marque d’entertainment “

Fini la petite chaîne qui monte. Nicolas de Tavernost revendique le statut de généraliste. Avec des sources de revenus alternatives à la seule publicité.

Quelles sont vos prévisions publicitaires sur 2002 ?Il faut être prudent en matière de prévisions. Nous pouvons juste noter que la toute fin d’année a été un peu meilleure que prévu. En 2002, le premier semestre devrait être difficile, et le second marquer un redémarrage. Mais ce qui caractérise cette période, c’est le manque de visibilité qui pousse tous les dirigeants d’entreprise à garder une gestion rigoureuse.Dans cet environnement, quels sont vos objectifs ?Nous cherchons à continuer de gagner des parts de marché. Nous allons également continuer à nous développer dans des activités comme le cinéma, la musique, les droits et le télé-achat. Actuellement, ces activités représentent 30 % du chiffre d’affaires du groupe M6, et elles devraient croître plus vite que la publicité. Enfin, le groupe M6 n’a pas de dettes et reste attentif à toutes les opportunités d’investissement.Ces activités sont-elles les relais de croissance de M6 ?Le premier relais de croissance de M6 reste la publicité. Comme on dit, ” on en a encore sous le pied. ” Même si , en 2001, le repli de la publicité télévisuelle devrait atteindre 4 % environ, ce marché n’est pas encore mûr en France. À moyen terme, la croissance globale des investissements publicitaires va reprendre fortement, sans compter l’ouverture probable de nouveaux secteurs, jusqu’à présent interdits d’antenne. Le deuxième relais de croissance, c’est notre travail sur la marque M6. Nous ne sommes pas seulement une société de diffusion audiovisuelle, mais une marque d’entertainment. Ce sont les secteurs dont on vient de parler. Ce sont aussi les recettes liées à l’interactivité. Sur une émission comme Popstars, près de la moitié des recettes proviennent d’autres sources que la publicité. C’est un nouveau modèle, qui constitue d’ailleurs une référence en Europe, et nous sommes des pionniers dans cette direction.Combien allez vous investir sur internet en 2002 ?Aujourd’hui, nous ne voyons pas de rentabilité immédiate dans le net. Plus largement, nous allons investir 10 millions d’euros [65,6 millions de francs, ndlr] dans l’ensemble des outils permettant de renforcer notre interactivité.Demeurez-vous hostile au processus d’appel d’offres sur la TNT, la télévision numérique terrestre ?Je ne suis pas hostile à la télévision numérique terrestre par principe. Il s’agit seulement de bien avoir en tête le séquençage des investissements. Actuellement, le câble et le satellite se redéploient vers le numérique. Il ne faut pas que le numérique hertzien annule l’effort qui est train d’être réalisé. Le choix risquerait de perturber le consommateur. Je ne suis pas chargé de défendre les câblo-opérateurs, mais ce sont bien eux les premiers menacés, comme le montrent également les termes dangereux du décret Must Carry (*), qui devrait être publié dans quelques jours. La TNT, c’est encore un rêve très lointain.Militez-vous pour un report de la clôture de l’appel d’offres après les élections ?Tout ce qui favorise la prudence est une bonne chose. Certains éditeurs de chaînes, comme AB, Pathé ou Lagardère, nous accusent de vouloir protéger une position dominante. Je rappelle tout d’abord que M6 a participé à la fin du monopole de la télévision à péage lors de la création de TPS. Et, aujourd’hui, certains de ces éditeurs, qui plaident pour la diversité et la multidistribution, signent des contrats d’exclusivité avec Canal Satellite. Il faut être un peu cohérent.Avez-vous exposé vos positions à l’actuelle opposition parlementaire ?Tous les responsables politiques, évidemment, sont aujourd’hui intéressés par la télévision. Nous avons donc exposé largement nos arguments. Mais, dans l’audiovisuel, entre le régulateur, le législateur et l’exécutif, les prises de décisions sont très complexes. Davantage que dans le secteur des télécommunications.Seriez-vous favorable à une fusion du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et de l’Autorité de régulation des télécommunications (ART) ?La communication audiovisuelle est une question très politique, et qui a aussi de fortes implications culturelles. Mais une même autorité de régulation pour l’audiovisuel et les télécommunications pourrait simplifier certaines questions.Comment voyez-vous l’avenir de la diffusion par satellite ?Seulement 25 % des Français ont accès à un choix multichaînes [en dehors des chaînes hertziennes]. Chez nos voisins, le taux de pénétration atteint 90 %. Il reste donc un potentiel de développement important. Notre analyse, c’est que la réception par satellite pourrait toucher près d’1 million de téléspectateurs-abonnés supplémentaires dans les cinq ans à venir. Maintenant, qui prendra ce marché ? Quels seront les effets de la concurrence des deux plateformes ? Comment va se situer la télévision numérique terrestre dans cet ensemble ? Les prévisions sont délicates.Vous proposez du grand divertissement à l’antenne, vous avez essayé d’acquérir des droits de foot. Voulez-vous devenir l’autre grande chaîne généraliste à moyen terme ?Nous sommes une chaîne généraliste, et nous le revendiquons. Notre objectif est de poursuivre notre progression. Mais en gardant le positionnement sur le créneau des moins de 50 ans, qui est la référence du marché.(*) Ce décret classe les programmes en trois catégories : ceux dont la diffusion est une obligation pour les câblo-distributeurs (Must Carry), les possibles (May Carry) et les possibles sous conditions (May Carry If).

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Jean-Jérôme Bertolus et Thierry Del Jésus