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NetWare 6, le retour de Novell

Au-delà même de l’abandon du client propriétaire, la nouvelle stratégie de l’éditeur, s’appuyant sur les services et les contenus, marque son retour dans la compétition sur les marchés de l’entreprise.

Novell avait choisi cette édition d’automne du salon NetWorld+Interop à Atlanta pour annoncer la disponibilité de la version 6 de son système d’exploitation NetWare. Un lancement immédiatement occulté par les tragiques événements aux États-Unis. La plupart des festivités prévues ont été annulées et l’effort marketing de l’éditeur, l’un des plus importants qu’il ait jamais consenti, s’est trouvé réduit à néant. Une grande première pourtant, puisque le nouveau PDG de Novell, Jack Mesmann, était venu en personne présenter la nouvelle version de NetWare à la presse.

NetWare 6 est un serial killer

Le sourire aux lèvres, une main dans le dos cachant mal, à dessein, une boîte blanche de la taille d’un dictionnaire, le patron de Novell commence sa présentation par un démenti malicieux : “Nous n’avons jamais voulu abandonner NetWare, lance-t-il en posant sur le pupitre la fameuse boîte, contrairement à ce que certains voudraient faire croire.” Aux couleurs de Microsoft, elle porte l’inscription ” NetWare Brunch ” et un argumentaire expliquant pourquoi il est urgent d’abandonner un Novell moribond pour Windows NT ou 2000. “C’est un envoi publicitaire qu’ont reçu un certain nombre de nos clients et partenaires “, révèle Jack Mesmann, qui accuse Microsoft d’avoir voulu “intentionnellement induire les clients de Novell en erreur “. Selon lui, Microsoft a des raisons d’être inquiet : “NetWare 6 est un serial killer, il fait aujourd’hui tout ce dont Microsoft ne fait que parler”, déclare encore le PDG de Novell.Particulièrement attendue ?” selon Novell, 14 000 copies de la version bêta auraient été téléchargées durant l’été ?”, cette version de Netware concrétise le virage vers les architectures de réseaux TCP/IP amorcé par l’éditeur il y a déjà deux ans. Reconstruit pour tirer un meilleur parti des architectures multiprocesseurs (SMP), la nouvelle version comprend tous les composants logiciels développés depuis la sortie de Netware 5, qu’il s’agisse des fonctions de mise en grappe (clustering), de gestion des ressources de stockage, du service d’annuaire (eDirectory), de la gestion du protocole NDMP, ou encore, côté utilisateur, de l’interface d’administration par le web, WebAccess et du service de fichiers utilisateurs iFolder, également accessible par un navigateur. Comme promis, NetWare 6 abandonne également le client logiciel propriétaire NetWare. “Mais ce n’est que la partie visible de l’iceberg, suggère Jim Tanner, chef de produit NetWare 6 chez Novell. Cette version marque le désengagement de Novell de la traditionnelle bataille des systèmes d’exploitation pour serveurs.” Se défendant de jeter l’éponge sur un combat où il n’était pas donné vainqueur et où il perd chaque année des parts de marché, Novell estime plutôt avoir pris un chemin original : “NetWare 6 fournit sous une forme intégrée un certain nombre de services de réseau, de fichiers et de stockage, qui ne sont que des options chez nos concurrents. Mais il le fait sans exiger de changement, de remplacement ou de migration.”Une stratégie de complémentarité avec les systèmes d’exploitation existants qui, estime pour sa part Jack Mesmann, devrait ressusciter l’intérêt des entreprises pour la marque, autant que la motivation d’un réseau de distributeurs longtemps laissé en friche. À leur attention, et après les avoir remerciés de leur soutien, le PDG de Novell a promis une campagne de formation sans précédent pour les 300 000 ingénieurs des sociétés de services et les consultants qui constituent encore son réseau de distribution. Cet effort serait aussi soutenu par une nouvelle approche marketing qui pourrait permettre à Novell de toucher un public plus concerné par le service offert et moins religieusement attaché à l’environnement Netware. “Internet est devenu une technique industrielle presque comme les autres, argumente Craig Miller, vice-président de la division Net Management chez Novell. Cela veut dire que les entreprises veulent des réponses clés en main.”Adossé à son principal actionnaire, la société de services Cambridge, il compte bien prendre sa part de l’immense marché des services informatiques fournis par les éditeurs. D’une plate-forme généraliste de services de réseau, Netware 6 pourrait très rapidement se décliner en une série d’environnements verticaux. La première offre du genre, qui doit voir le jour début 2002, concernera la gestion du personnel. Une stratégie qui englobe aussi les petites et moyennes entreprises. En même temps que la sortie de Netware 6, Novell a annoncé une nouvelle version de Small Business Suite. Outre le nouveau système d’exploitation, la suite logicielle pour PME intègre Security Border Manager, dédié à la sécurité Internet et la messagerie GroupWise. Là encore, la dimension services est présente. Par ailleurs, en marge de ces deux nouveaux produits, l’éditeur a annoncé un accord passé avec Yahoo!, selon lequel le fournisseur de contenus utilisera le service d’annuaire eDirectory pour sa plate-forme de services aux entreprises. En effet, Jeff Mallet, le PDG de Yahoo!, a dessiné les contours d’un module personnalisé qui permettrait aux entreprises d’agréger leurs contenus internes et ceux fournis par Yahoo! dans un portail d’entreprise fondé sur eDirectory.* à Atlanta

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Paul-Philipon Dollet* et Laurent Sounack