Passer au contenu

Netflix va débarquer en France… sous conditions ! [MAJ]

Le leader américain de la vidéo à la demande pourrait se lancer dès l’année prochaine en France. Ses représentants ont été reçus hier à l’Élysée. Choisiront-ils malgré tout de contourner notre législation contraignante ? La question demeure.

Première publication à 12h24

Lors du marché audiovisuel du MIPCOM qui se tenait début octobre à Cannes, les rumeurs bruissaient du lancement imminent du site Netflix dans notre pays. Les choses se confirment. L’agence Reuters a révélé que des représentants du leader américain de la SVoD (vidéo à la demande sur abonnement) avaient été reçus hier à l’Élysée. C’est David Kessler en personne, le conseiller média et audiovisuel de François Hollande, qui a rencontré David Hyman, responsable juridique et secrétaire général de Netflix, ainsi que Christopher Libertelli, le patron des affaires publiques de Netflix. Ces derniers ont également rencontré Pascal Rogard, directeur général de la Société des Auteurs et compositeurs français (SACD) le même jour.

Netflix tâte le terrain

Une entrevue qui n’engage Netflix en rien. Expert de ce marché et fondateur de l’agence What’ S. Hot, Pascal Lechevallier estime qu’il s’agit plutôt d’une visite de courtoisie. « Avant de faire leur business plan, les Américains veulent évidemment calculer ce que leur coûterait une installation en France », souligne-t-il. Car notre législation est bien plus contraignante que les autres pays où Netflix s’est déjà implanté.

D’abord, il y a la fameuse « chronologie des médias ». Un nom barbare pour une spécificité bien française : la réglementation des délais d’exploitation des films. Si Netflix était déjà en activité, il ne pourrait pas proposer de film plus récent que Les petits mouchoirs de Guillaume Canet ….sorti en 2010 ! La règle pour un service sur abonnement : attendre 36 mois après la sortie salle pour présenter un film. Une contrainte dont ne souffrent pas les services par paiement à l’acte comme celui d’Orange.

Ensuite, Netflix serait soumis au décret SMAD qui réglemente les services de médias audiovisuels à la demande. Et donc à toute une liste d’obligations, comme celle de payer une contribution à la production audiovisuelle et cinématographique et de respecter un système de quotas d’au moins 40 % d’œuvres françaises. Et bien sûr, il devrait aussi s’acquitter de la TVA.

Jouer le jeu en France ou rester au Luxembourg ?

Autant de contraintes dont se sont affranchis allègrement Amazon ou encore Apple en se domiciliant au Luxembourg. Netflix fait donc face à un dilemne… Il peut s’établir en France et partir désavantagé par rapport à ses rivaux américains. Une option qui lui permettrait de nouer de bonnes relations avec les institutions et les ayants droit français et donc d’obtenir peut-être d’étoffer son catalogue d’œuvres hexagonales. Ou être plus concurrentiel en lançant son site depuis le Luxembourg, là où il a déjà établi son siège européen. Mais dans ce cas, il se mettrait à dos tous les professionnels français du cinéma et de l’audiovisuel.

Il est probable que cette visite dans notre pays avait pour but de savoir si la France était prête à assouplir la chronologie des médias, comme le préconisait le rapport Lescure au mois de mai dernier. Un changement qui pourrait inciter Netflix à s’installer sur notre territoire.

Quoiqu’il advienne de cette rencontre à l’Élysée, la pression redouble en tout cas pour Canal+ et Orange, les leaders de la VoD et de la SVoD en France. Alors qu’ils sont en train de boucler leur budget pour 2014, ils vont devoir prévoir la baisse éventuelle de leurs parts de marché dès l’automne prochain. « Le marché était déjà ultra concurrentiel. L’arrivée d’un nouvel acteur n’est jamais une bonne nouvelle », nous avait confié le directeur cinéma du Groupe Canal Plus Manuel Alduy au mois d’octobre dernier.

Voir aussi notre vidéo : Netflix pourrait-il arriver en France en 2014 ?

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Amélie Charnay