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Netflix, et si on était déçu ?

Netflix, le plus gros service de streaming vidéo au monde, débarquera en France à la mi-septembre. A priori le prix d’abonnement mensuel sera de 8 euros. Cela fait maintenant des mois que l’on attend Netflix avec impatience. Mais ne risque-t-on pas de déchanter ?

S’il y a des raisons de s’enthousiasmer à l’arrivée d’un nouvel acteur de la VOD, de la taille de Netflix, sur le web français et nos télés… il faut aussi savoir modérer ses ardeurs. Netflix est un peu comme une super production hollywoodienne que tout le monde rêve de voir… jusqu’au jour où on le voit. L’attente est tellement énorme que l’on en sort souvent déçu de la projection. Alors, afin d’éviter ce désagrable désenchantement il est bon de faire le point sur les promesses mais aussi les limites de Netflix.

Le fantasme d’un service parfait?

Côté promesse, il y a en premier lieu le prix : 8 euros pour une offre illimitée de ciné et séries TV, c’est un gros coup porté à la concurrence. On aurait évidemment préféré ne payer que 6 euros, comme aux premières annonces, mais l’heure est à l’augmentation des prix chez Netflix, qui veut pouvoir mettre plus de moyens dans des productions vidéo exclusives.

C’est d’ailleurs l’autre argument choc de Netflix : sa capacité à produire ses propres séries TV, dignes des meilleurs studios américains… des séries d’une qualité remarquable, dont les Français (comme le monde entier) raffolent ! Mais, n’espérons pas faire des découvertes incroyables : la plupart des grandes séries américaines sont déjà diffusées en prime time par nos chaînes françaises. Pas bêtes, les TF1, Canal+ et M6 auraient même négocié des droits de retransmission exclusifs sur certaines productions, gelant toute possibilité pour un nouveau service vidéo à diffuser les premiers épisodes en France.

Autre promesse de Netflix : révolutionner notre expérience de la SVOD (vidéo à la demande avec abonnement), avec son interface aussi simple qu’efficace, ses recommandations et sa technologie de streaming éprouvée. Sans oublier l’offre multi-écrans, qui permet de regarder des films partout, tout le temps, en passant naturellement de sa télé à son mobile, sa tablette ou son PC. Là, on attend de voir la version française.

Ne pas oublier les règles à respecter

Il faut, en effet, rappeler que le Netflix américain sur lequel se portent de nombreux fantasmes n’est pas nécessairement celui que l’on verra dans l’Hexagone. Les différences se feront surtout sentir sur l’offre.

La France reste le pays de l’exception culturelle, du CNC (qui pourrait préparer la riposte), et Netflix n’a pas de baguette magique. Tous les freins que l’on connaît aujourd’hui sur la diffusion des films en VOD, ne vont pas s’envoler comme par enchantement. Le droit français contraint à attendre 3 ans avant la diffusion d’un film en SVOD et Netflix devra s’y plier. Bien qu’il ait confirmé le 10 juin que son siège européen sera situé aux Pays-Bas, il sera obligé de montrer patte blanche pour travailler avec les  producteurs et les représentants de l’audiovisuel français.

La taille de son catalogue aussi pourrait nous decevoir. On parle de 100 000 films et séries, mais ce sont surtout ces dernières qui sont présentes en quantité. Et pour l’heure, non seulement le choix des films est majoritairement américain mais en plus les oeuvres sont rarement récentes.

Et pour ce qui est des séries exclusives qui sont produites pour la France… il faut bien reconnaître qu’une série marseillaise inspirée du film Taxi de Luc Besson, ne fera pas rêver tous les spectateurs.  Il est d’ailleurs peu probable que cette première série française by Netflix soit prête pour le lancement.

Mais il y a (encore) plus embêtant : dans un premier temps, Netflix ne sera sans doute pas embarqué dans notre box TV. Les négociations avec les opérateurs français ne seraient pas simples : Netflix est puissant et pourrait bien vouloir imposer ses prix et sa technologie… Il faudra donc probablement se contenter au départ d’une offre uniquement disponible sur internet. 

Et quand bien même Netflix réussirait à passer un accord avec un opérateur, cela générera beaucoup de frustration. Sommes-nous prêts à changer de fournisseur d’accès pour voir Netflix ?

Un coup de pied dans la fourmilière ?

Toutefois, les réserves émises ci-avant, n’enlèvent rien au sel de cette annonce : l’entrée imminente de Netflix dans le PAF va booster la concurrence et aura forcément un effet positif sur la qualité et la quantité des offres vidéo. Netflix va en outre permettre d’accélérer la réforme de la chronologie des médias. Et les chaînes françaises en profiteront pour obtenir des assouplissements législatifs.

Oui, Netflix fera des déçus mais également un paquet d’heureux, et même quelques fans. Sur Twitter, un américain déclarait à ses followers après une nuit blanche : « Netflix est une drogue dure ». Nous sommes prévenus ! 

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Delphine Sabattier