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Neovia joue les trublions sur le marché des TV à écrans plats

En trois ans, cet assembleur franco-coréen est devenu un acteur incontournable pour la grande distribution. Son modèle économique lui permet de rivaliser avec les Samsung, Sharp et autres poids lourds du secteur.

Il suffit de déambuler quelques instants entre les gondoles du rayon téléviseurs d’une grande enseigne parisienne spécialisée sur les produits électroniques de loisirs ou celles d’un hypermarché de la périphérie parisienne
pour s’en convaincre : les écrans plats, LCD ou plasma, sont en train de pousser doucement les bons vieux écrans CRT vers la sortie.Certes, un basculement des ventes (en volume) d’écrans CRT vers les écrans plats n’est pas encore à l’ordre du jour. Mais les baisses de prix, permanentes depuis plusieurs mois, deviennent un critère d’achat
déterminant. Une aubaine pour certains assembleurs qui, dans l’ombre des ténors du secteur, ont su se faire une place dans la grande distribution (hypermarchés et grands magasins spécialisés).C’est le cas de Neovia Electronics, une PME installée dans la région parisienne, employant une quinzaine de personnes, et qui se consacre essentiellement à l’assemblage de téléviseurs à écrans plats LCD ou plasma. Créée en
2002, cette entreprise s’est rapidement fait une place sur le marché français pour se classer aujourd’hui au 6e rang des ventes dans l’Hexagone, juste derrière les poids lourds (Samsung, Sharp, Philips, Sony
et Thomson). Ses clients : les hypermarchés (Auchan, Carrefour, Leclerc) ou les grands revendeurs spécialisés (Fnac, Boulanger, Gitem, Conforama…).

Vingt-cinq fournisseurs triés sur le volet

Neovia a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 26 millions d’euros et prévoit en 2004 une progression des ventes de 227 %, à 85 millions d’euros. Un objectif dont les deux tiers sont
déjà acquis, assure l’entreprise. ‘ Nous achetons tous nos composants en Asie, principalement en Corée, où nous avons sélectionné 25 fournisseurs sur les 180 potentiels en activité, et nos dalles viennent de
chez LG Electronics ‘,
explique-t-on en interne. Moyennant quoi, Neovia estime conserver une forte compétitivité en termes de prix par rapport aux pointures du marché : ‘ Un téléviseur à écran plat
peut se résumer à une dalle ?” cet élément représente plus des trois quarts du prix du produit ?” et trois cartes (alimentation, mère
[gestion générale et vidéo, NDLR] et son). A ce stade, le produit atteint
1300 euros environ, prix auquel il faut ajouter le cadre, les haut-parleurs et le pied, soit,
in fine, un produit fini d’une valeur de 1800 à 2 000 euros. Son prix augmentera ensuite inévitablement en
fonction de plusieurs paramètres : marge du fabricant, marque et autres critères de différenciation ‘,
ajoute l’entreprise.Neovia Electronics ne dispose pas à proprement parler de centre de R&D en France, mais profite de structures adéquates dans chacun des centres mis en place par ses fournisseurs. Ce qui lui permet de coller au plus près des attentes
de ses clients, tant en matière de design et conception que de connectique ou de type de dalle.En France, l’entreprise commercialise ses produits sous deux marques : Neovia, et Sliding, marque dite ‘ OEM ‘ utilisée exclusivement avec Auchan et surtout destinée à faire du volume. Mais
l’entreprise ne s’interdit pas de travailler en OEM pour d’autres marques à l’instar de Grandin, marque propriétaire de Conforama, ou BlueSky (Carrefour).

Deux sites de production

Tous les récepteurs commercialisés dans l’Hexagone sont assemblés par deux sites de production, partenaires de Neovia Electronics. Le premier, situé à Avranches (Manche) se consacre à l’assemblage d’écrans LCD et
plasma de grande taille, tandis que le second, O’Dixion, basé à Colmar (Haut-Rhin), est dédié aux écrans de petite taille. Chacun de ces sites emploie une cinquantaine de personnes, effectifs fluctuant en fonction des commandes. Grâce à ces
deux sites, la capacité de production peut atteindre entre 800 et 1000 téléviseurs par jour. Cela suffit aujourd’hui aux besoins du groupe, qui ne prévoit pas, du moins dans l’immédiat, le lancement d’un troisième site
d’assemblage.Neovia Electronics s’est introduit en Bourse cet été. Objectif : une meilleure fluidité et une plus grande stabilité au niveau financier. ‘ Cela nous permettra également d’accéder à
d’autres marchés et nous aidera à simplifier les relations avec nos fournisseurs ‘,
ajoute-t-on en interne. A cet égard, le groupe compte accroître sa présence en Allemagne, en Espagne, ainsi qu’au Royaume-Uni.
Cette opération lui a également permis de réduire la dépendance dans laquelle il se trouvait face à certains gros clients : Auchan représentait près de 52 % des ventes sur l’exercice 2003-2004, tandis que les cinq premiers clients
pesaient 84 % du chiffre d’affaires. Aujourd’hui, l’équilibre voulu est atteint, assure-t-on chez Neovia, qui a depuis gagné d’autres clients, dont Carrefour, Gitem et le BHV.Quant à la présence de concurrents sur le marché couvert par les assembleurs, notamment le chinois SVA ou la société Continental Edison (groupe Aït Yala), elle ne semble guère inquiéter Neovia Electronics, qui entretient déjà des
relations d’affaires avec le fabricant chinois. ‘ La France compte un parc de 40 millions de téléviseurs cathodiques à remplacer dans les années qui viennent ‘, déclarait Seung-Joon Im,
président et fondateur sud-coréen de Neovia Electronics, lors de l’introduction en Bourse, en juillet dernier. Un horizon qui offre des perspectives pour le moins ambitieuses à l’entreprise…

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Gilles Musi