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MySAP. com : l’indispensable ouverture à la concurrence

La place de marché de SAP a dû faire face à certaines déconvenues – en particulier dans son Allemagne natale. Pour y remédier, l’éditeur bouscule ses habitudes et invite d’autres éditeurs, tels Clarify ou Web Methods, à partager le développement de la plate-forme.

L’édition berlinoise de sa grand-messe annuelle Sapphire, fin mai, marque d’une pierre blanche l’histoire de l’éditeur de progiciels de gestion intégrés (PGI) SAP. “Pour la première fois, SAP a décidé d’intégrer des produits concurrents dans son offre, raconte Maria Gimenez, directeur de recherche pour la logistique au Gartner Group. Un virage qui remet totalement en cause sa culture d’origine.”De cette façon, l’organisateur de la manifestation, pressé de critiques, n’a certes pas répondu à toutes les attentes, mais il a amorcé une véritable révolution culturelle.
SAP, comme beaucoup d’autres sur le secteur des PGI, aurait pu être poussé dans cette voie par la stagnation des ventes de son ancien produit vedette, R/3. Celui-ci n’a généré en 1999 qu’une croissance de 1,4 % pour un chiffre d’affaires de 5,4 milliards d’euros. Mais c’est bel et bien son nouveau bébé, la plate-forme de commerce électronique B to B, MySAP. com, qui se retrouve au c?”ur du revirement de l’éditeur. Elle a en effet essuyé quelques revers plutôt cuisants sur son marché domestique.
Des constructeurs d’automobiles, tels Volkswagen et BMW, ont ainsi tranché en faveur de la place de marché de l’Américain Ariba. Dans la foulée, un compatriote de ce dernier, le spécialiste de la gestion de la cha”ne logistique i2, en a profité pour s’engouffrer dans cette brèche ouverte chez certains grands comptes allemands.
L’éditeur Clarify, filiale de Nortel Networks, fait partie des premiers invités sur MySAP. com. Numéro deux mondial de la gestion de la relation client (GRC), il est catapulté au sein du cercle restreint des partenaires privilégiés Global Alliance. “Un statut qui, d’ailleurs, implique obligatoirement une intégration étroite à MySAP. com”, note Maria Gimenez.

Intégration de produits concurrents

Longtemps pourtant, SAP n’a juré que par sa propre solution de GRC, même si ce domaine ne lui semble toujours pas prioritaire pour le commerce interentreprises.

“MySAP. com est développé par les SAP Labs à Palo Alto, et il s’appuie sur un ensemble de modules à la carte, explique Philippe Rétif, directeur e-Procurement pour SAP France. Or, sur Internet, il est impossible de réussir seul sans partenariat.” Pour preuve, l’éditeur vient d’ailleurs de lever le voile sur une nouvelle entité, qui aura justement pour mission l’intégration à MySAP. com de produits concurrents complémentaires. Sans attendre ce centre, le moteur de messagerie XML de MySAP. com a été mis au point avec Web Methods, spécialiste de l’intégration dans le monde du commerce électronique B to B. Ses fonctions portent sur la traduction d’informations aux différents formats XML. Adossé à une base de données, il assure également le stockage et l’acheminement des documents créés en interne par les fournisseurs et les acheteurs. Les services d’authentification s’appuient, eux, sur le Directory Server LDAP 4. 0 d’iPlanet, né de l’alliance entre Netscape et Sun. SAP compte d’ailleurs devenir tiers de confiance pour le compte de ses entreprises clientes. La gestion du contenu des catalogues électroniques est confiée au Canadien Requisite Technology, promu lui aussi au rang de ” Global Alliance Partner “. Cependant, nouvelle preuve de l’immaturité de MySAP. com, l’éditeur esquisse les contours d’un autre rapprochement – avec Commerce One, cette fois, un éditeur de solutions de places de marché concurrentes.

Garder la main en aval

En ce qui concerne l’orchestration des flux de l’entreprise, en aval, SAP entend cependant garder la main. Dans cette optique, c’est la version 2. 0 de Business to Business eProcurement (BBP), un module qui s’appuie sur le noyau de la version 4. 6 du PGI R/3, qu’il a décidé d’ouvrir à Internet – entre autres, pour les autorisations d’achat. Certains programmes applicatifs en ont disparu, au profit de fonctions nouvelles liées aux achats. BBP permet aussi de créer, de transmettre et d’injecter les bons de commande au sein de R/3. Au préalable, il convertit les documents aux standards du système d’information de l’entreprise.
Les standards d’ores et déjà supportés par BBP restent ceux propres aux environnements de l’éditeur, dont les incontournables Bapi (Business API).
De plus, les quatre cents références avancées pour le module sont, à de rares exceptions près, des vétérans de R/3. La cible prioritaire de MySapCom demeure d’ailleurs la base des douze mille cinq cents clients de R/3, revendiqués par le géant de Waldorf. Et, de l’aveu même de son PDG, Hasso Plattner, à l’occasion de Sapphire, “le PGI sera la rampe d’accès vers le commerce interentreprises.”

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Patrick Cappelli et Samuel Cadogan