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Musique en ligne : règlements de compte au MidemNet

Réunis à Cannes, au MidemNet, tous les maillons de l’industrie musicale (artistes, revendeurs et labels) se sont plaint des difficultés de vendre en ligne en se rejetant la faute les uns sur les autres. Ils se sont montrés moins soucieux de répondre aux attentes des internautes.

Organisé chaque année à Cannes, le MidemNet regroupe une série de conférences sur le thème de la musique et d’Internet. Artistes, revendeurs, labels et entreprises technologiques étaient tous représentés afin de partager leurs expériences dans un unique but : transformer les actuels pirates en consommateurs.Mais plutôt que de se concentrer sur les possibilités offertes par le numérique, et sur les attentes des internautes, les intervenants se sont largement interrogés sur les moyens de capturer une partie du marché, encore virtuel, de la musique en ligne.Et chacun de lister les obstacles imposés par les autres branches de l’industrie : problèmes technologiques, de droits d’auteur ou encore d’abus de position dominante.

Distributeurs et labels indépendants laissés-pour-compte

Ainsi, les distributeurs, comme OD2, ou Vitaminic, clament qu’il est impossible de s’y retrouver dans les dizaines de sociétés de gestion des droits d’auteur qui existent dans le monde. Obtenir des maisons de disques l’autorisation de vendre des ?”uvres musicales sur Internet relèverait de l’exploit.Le même sentiment d’être bloqués dans leur développement sur le Net animent les labels indépendants. Ils accusent les majors (Universal, AOL…) de vouloir les tuer en les excluant de leurs plates-formes, PressPlay et MusicNet. D’ailleurs, de nombreux intervenants se sont réjouis que le gouvernement américain et la Commission européenne se penchent sur ces deux services afin de vérifier que la concurrence est encore possible.Mais ces mêmes indépendants, représentés par Alison Wenham, présidente de l’AIM, l’Association des labels indépendants (2 000 en Europe), demandent seulement à faire partie de PressPlay et de MusicNet. Aucun reproche sur les formules proposées ou sur les prix n’a été émis.Face à ces attaques, Pascal Nègre, président d’Universal France, a rétorqué que les grandes maisons de disques étaient les seules à avoir accepté d’investir les millions de dollars nécessaires pour développer ces plates-formes de distribution.

Les constructeurs peu respectueux du copyright

Invités à présenter leurs produits, les constructeurs de lecteurs MP3 (Archos, Apple…) ont été accusés de favoriser le piratage par manque de logiciels sérieux de protection contre la copie.Les constructeurs, regroupés en lobby, ont pour leur part paru plus soucieux de faire pression sur Bruxelles pour faire évoluer la législation sur la copie privée. Ils craignent, en effet, que les taxes prévues par la directive sur ce thème ne pèsent trop lourdement sur leurs équipements.Répondant aux constructeurs, Pascal Nègre a affirmé que la taxe sur les disques durs ne devrait pas dépasser 100 francs. Il a défendu le principe de la taxe pour copie privée comme le meilleur moyen de rémunérer les artistes.

Les attentes des consommateurs seulement évoquées

Les seuls à tirer leur épingle du jeu ce jour-là furent AOL et EMI. Le premier parce qu’il fut l’un des rares à vouloir s’engager pour une plus grande simplicité d’accès aux services de musique en ligne, pour minimiser le nombre de clics nécessaires.EMI, l’une des cinq grandes majors du disque, parce qu’elle a choisi de faire partie aussi bien de PressPlay que de MusicNet. Elle semble également avoir vraiment compris ce qu’attendent les internautes : un maximum de choix, pour des prix très bas avec un minimum de restrictions en termes de copie, de partage ou de transfert sur CD ou lecteur MP3.Le président de l’association des revendeurs anglais a été le seul à se réjouir de la confusion qui règne dans le monde de la musique en ligne. C’est pour lui la meilleure garantie de l’avenir des magasins de disques. Il n’a pas manqué à cette occasion de se moquer des services PressPlay et Musicnet et de leurs longs formulaires, “aux milliers de questions indiscrètes, comme le nom de jeune fille de sa mère”, à remplir avant de pouvoir acheter quoi que ce soit.

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Karine Solovieff