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MPEG-7 : une révolution qui arrive trop tard ?

Tandis que MPEG-3 n’en finit pas de faire couler l’encre, et que MPEG-4 vient d’apparaître, les artisans des standards de compression planchent déjà sur le successeur ?” tout du moins théorique ?” des formats existants, le MPEG-7.

Contrairement aux précédentes moutures, MPEG-7 n’est pas un format de compression. Ou en tout cas, pas seulement. Destiné au multimédia au sens large du terme, il vise à encoder toute forme de données audiovisuelles, du texte à la vidéo, du modèle 3D aux présentations interactives.Mais surtout, le standard propose de compléter les données par leur description. MPEG-7 c’est, en résumé, ” des bits à propos des bits “. Autrement dit, un ensemble de données supplémentaires décrivant le contenu, son auteur, sa structure, ou même les éléments sémantiques qu’il représente.Le principe est à la fois ambitieux et novateur et on imagine bien la puissance d’un tel standard, notamment en matière de recherche sur le Web. C’est d’ailleurs ce qui semble motiver ses concepteurs :“La principale ambition de MPEG-7 est de rendre les informations multimédias aussi faciles à trouver sur le Web que le texte l’est aujourd’hui.”Par exemple, on pourrait imaginer un moteur qui parcourt le Web à la recherche d’une phrase musicale précise : tapez quelques notes de musique au clavier, et vous obtiendrez tous les morceaux comportant les mêmes notes. Idem avec les images : il sera possible d’identifier les fichiers comprenant un objet d’une couleur donnée, même s’il ne s’agit que d’une partie de l’image. Du reste, l’intérêt n’est pas négligeable en matière d’intégrité des données, et donc de respect des droits d’auteur.Mais, bien qu’intellectuellement plaisant, MPEG-7 soulève quelques interrogations. D’abord, le poids final des fichiers encodés avec ce format, dont on peut supposer qu’il sera, par essence, plus important que celui de la description des données en elle-même. Ensuite, la base existante. Si l’on considère les milliards d’informations numériques (fichiers image, audio et vidéo) déjà encodées à d’autres formats, on peut s’inquiéter de la vitesse à laquelle se répandrait un nouveau standard, encore en cours de conception aujourd’hui.Enfin, et surtout, on peut se poser la question de l’utilité réelle d’une telle solution. La recherche d’une succession de notes dans l’océan de la musique mondiale peut s’avérer intéressant. Mais sûrement pas pour le commun des mortels, qui se satisfait très bien d’une recherche plus classique par auteur ou par titre. Du reste, il existe d’autres solutions pour indexer, au besoin, des données multimédias.Qui ne se souvient pas de l’affaire Clinton/Lewinsky. Peu après l’audition du Président, les enregistrements vidéo des témoignages étaient disponibles sur AltaVista. Tronçonnés en courtes séquences, ils étaient indexés à la fois automatiquement (à l’aide d’un outil spécifique) et manuellement. Le résultat était probant : la saisie d’un texte permettait d’identifier rapidement tous les extraits vidéo dans lesquels la phrase correspondante avait été prononcée (souvent, curieusement, le dispositif était utilisé pour trouver le mot ” cigare “).Il n’est donc pas certain qu’il soit légitime de chercher à imposer ?” et généraliser ?” un standard surpuissant, là où d’autres solutions ” sur mesure ” peuvent suffire. Décrire les données tout en les compressant est pourtant une tentative logique d’organisation et de structuration du contenu numérique. Mais il est bien dommage que l’on s’en préoccupe si tard. Car finalement, le vrai problème de MPEG-7, cest sans doute le ” 7 “.Prochaine chronique le mardi 4 septembre

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Cyril Fievet