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Mobile : les plans de Free pour réveiller la concurrence

L’opérateur ouvrira son réseau en 2012. Il a partiellement dévoilé ses projets évoquant un forfait à 20 euros pour trois heures d’appel et de l’Internet mobile incluant la voix sur IP.

Sans surprise Free, seul candidat déclaré à l’attribution de la quatrième licence de téléphonie 3G, a obtenu l’accord de l’Arcep qui a rendu son avis ce matin. « L’arrivée de ce nouvel acteur devrait avoir un effet favorable sur la dynamique du marché de la téléphonie mobile, et, plus généralement, devrait être un facteur positif pour le développement des services de communications électroniques », déclare l’autorité de régulation des télécoms dans son communiqué.

De son côté Free qui se « réjouit de cette décision », assure dans son communiqué que « l’attribution de la licence permettra au Groupe d’étendre au mobile la dynamique d’innovations techniques et tarifaires par laquelle il s’est imposé dans le domaine des télécommunications fixes ».

Le nouvel opérateur qui a déboursé 240 millions d’euros pour acquérir sa licence valable pour une durée de 20 ans a officiellement deux ans pour lancer son offre commerciale. Free Mobile a annoncé qu’il débuterait son activité au premier semestre 2012.

Une arrivée bénéfique pour les consommateurs

Auréolé de son image de trublion de l’offre Internet, Free a annoncé de longue date qu’il lancerait des offres inédites et promis de faire baisser la facture des abonnés. En quoi cela consisterait-il ? L’Arcep a publié le document détaillant les propositions faites par Free dans le cadre de sa candidature.

L’opérateur promet d’être systématiquement moins cher ou, à tarif égal, de proposer plus de services (voir encadré ci-dessous). Il s’engage à déverrouiller tous les services Web sur l’Internet mobile, y compris la téléphonie sur IP que les opérateurs interdisent aujourd’hui sur leur réseau. Free précise que, selon les évolutions du marché d’ici au lancement de son offre, il pourrait modifier les offres et les tarifs présentés à l’Arcep.

Un forfait familial ?

On parle aussi d’une approche globale de la facture des communications électroniques avec par exemple un forfait unique proposé à une famille qui comprendrait l’accès Internet haut débit, la télévision, la téléphonie fixe et des forfaits mobiles voix/données illimités. Ce genre d’offre se pratique déjà aux Etats-Unis avec succès.

Quel serait le prix d’un tel forfait ? « Partant du prix de 29.99 euros par mois que Free a imposé comme un standard, on peut imaginer un supplément de 10 euros par carte SIM ajoutée au forfait », nous confie un observateur proche du dossier. 39,99 euros par mois pour couvrir toutes les formes de communications d’un consommateur, voilà qui risque effectivement de faire du bruit.

Mais pour autant, il serait naïf de croire que Bouygues Telecom, Orange et SFR sont restés les bras croisés à attendre l’arrivée de Free. D’après Stephanie Baghdassarian, directrice de recherche pour le cabinet Gartner qui a répondu à nos questions, « les 3 opérateurs ont déjà des offres innovantes dans leurs tuyaux et Free devrait se méfier car en face il y a du répondant ». Mais elle pense aussi que Free n’a pas intérêt à s’engager dans une guerre des prix à outrance car « il n’a pas la masse d’un Orange. »

 En tout état de cause, les consommateurs ont tout à gagner de cette arrivée qui va dynamiser un marché jusque-là ronronnant. Contactés par 01 Net, Bouygues Telecom, Orange et SFR ont déclaré qu’ils ne souhaitaient pas commenter l’arrivée de Free sur leur marché.

Des points à éclaircir

Dans son analyse du contrat type prévu par Free Mobile, l’Arcep a relevé plusieurs clauses qui peuvent « créer un déséquilibre au détriment de l’abonné ». Lors de la souscription de l’abonnement, le paiement ne pourra se faire que par prélèvement automatique.

Free se réserve le droit de demander une avance sur facturation si jamais la consommation dépasse de 50 euros le montant du forfait ce qui selon l’Arcep est contraire au code de la consommation. En cas de retard ou de non-paiement, l’abonné recevra un rappel par SMS ou courriel. L’Arcep estime que seule une lettre recommandée avec AR peut autoriser Free Mobile à faire valoir son droit à des indemnités de retard.

L’opérateur précise qu’il peut suspendre un abonnement « en cas d’utilisation frauduleuse des services de Free Mobile et du non-respect réitéré des obligations de l’abonné ». Le régulateur relève que ces deux causes ne sont pas clairement définies. Concernant tous les points litigieux soulevés par l’Arcep, Iliad a précisé que le « projet de contrat-type UMTS est susceptible d’évoluer d’ici le lancement des services de Free Mobile. » A suivre donc…

Le défi : déployer un réseau 3G le plus vite possible

On estime que Free Mobile devra débourser environ 1 milliard d’euros pour déployer son réseau 3G qui devra couvrir 90% du territoire d’ici 8 ans. Mais pour pouvoir commencer son activité plus rapidement Free aura le droit de négocier un accord d’itinérance pour « louer » le réseau de l’un de ses concurrents (Bouygues Telecom, Orange ou SFR), à condition toutefois que son propre réseau couvre déjà au moins 25% du territoire français.

C’est là que pourraient débuter les difficultés pour Free. Comme nous l’a indiqué Stephanie Baghdassarian, « l’accord d’itinérance n’est valable que pour de l’accès en 2G or c’est sur la 3G que Free va centrer ses offres ». Selon elle, « la rapidité du déploiement de son propre réseau sera la clé pour Free Mobile s’ils veulent évite de décevoir leurs clients ».

 En effet, avec un réseau 3G ne couvrant dans un premier temps qu’un quart du territoire, le nouvel opérateur aura du mal à éviter la grogne. Des sources anonymes nous ont indiqué que Free aurait pris de l’avance en ayant déjà passé des contrats pour déployer ses antennes relais. La filiale d’Iliad a aussi indiqué qu’elle allait opter pour « un déploiement socialement et économiquement responsable en privilégiant autant que possible le partage de points hauts. » Les points hauts sont des antennes relais situées dans des zones très prisées qui assurent une large couverture mais dont l’accès coûte très cher.

Free va devoir négocier un droit de partage de ces équipements avec les 3 opérateurs. On sait que ces derniers ont beaucoup bataillé pour faire capoter l’attribution d’une quatrième licence et tenté de décourager la candidature de Free. Bouygues et SFR ont d’ailleurs déposé des réclamations devant la Commission européenne et le Conseil d’Etat pour notamment contester le montant de la licence, trois fois inférieur à ce qu’ils avaient dû débourser à l’époque. En tout état de cause, ils vont devoir quoi qu’il advienne s’adapter à l’arrivée d’un nouveau concurrent.

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Marc Zaffagni