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Mobile et GPS mariés pour le meilleur

Le potentiel des services de géolocalisation de KDDI est décuplé par les réseaux 3 G de l’opérateur japonais. Un mariage heureux qui conforte son avance technologique.

Quel beau jour que ce 23 juin 2002 pour KDDI. L’opérateur de téléphonie mobile japonais fêtait le premier million d’abonnés à ses services de troisième génération CDMA2000 1x, lancés à peine deux mois plus tôt, le 1er avril. Sous ce nom ésotérique se cachent d’une part une technologie performante de connexion sans fil à internet et de localisation par satellite utilisant le GPS, le tout par l’intermédiaire de téléphone portable ?” c’est l’EZ Navigation (nom commercial) ?”, et d’autre part la possibilité de prendre des photos avec un portable, une fonction désormais classique au Japon. Opérationnel sur presque tout l’archipel, KDDI permet ainsi à ses abonnés 3 G de recevoir des données à un débit de 144 kilobits par seconde (kbit/s), et d’en envoyer à 64 kbit/s.La vitesse de communication de la téléphonie cellulaire constitue un atout considérable pour la localisation des personnes. Le GPS, en effet, est une technologie qui date d’une vingtaine d’années, et qui fonctionne avec lenteur (60 bits par seconde). Avec un appareil traditionnel, comme le petit E-Trex de l’Américain Garmin, distribué partout dans le monde, on peut attendre quarante-cinq secondes pour obtenir un “fix”, c’est-à-dire pour que l’appareil trouve les quatre satellites qui détermineront la position. Car un récepteur GPS reçoit des données satellitaires. Pour parer à cette lenteur, qui handicape le citadin pressé plus que le montagnard, on a donc imaginé d’utiliser les technologies de la téléphonie pour la localisation. “On télécharge l’information par l’antenne du téléphone cellulaire via internet. C’est la technologie du a-GPS [assisted GPS, ndlr] qui permet maintenant de faire un “fix” en 10 ou 15 secondes”, explique Jean-François Ridel (lire son interview ci-contre), spécialiste des technologies de communication. Ces secondes paraissent encore trop longues aux yeux des utilisateurs. Des millions de dollars sont dépensés pour réduire ce laps de temps.

Barrière à l’entrée

Au Japon, seul le réseau de téléphonie mobile de KDDI, fonctionnant sur la norme CDMA (CDMA 2000 1x fonctionne dans sept pays : Brésil, Canada, Corée du Sud, États-Unis, Japon, Porto Rico, Roumanie), permet de supporter effectivement le GPS. En effet, le CDMA est un protocole de communication sans fil qui, par sa précision, permet de mieux capter les ondes du GPS (*). Mais si la technologie CDMA est très performante, elle a un prix. De fait, la norme appartient à l’Américain Qualcomm, qui prélève des redevances sur ses brevets.Les combinés Panasonic compatibles avec le réseau KDDI intègrent une puce faisant office de boussole, ce qui facilite l’orientation de l’utilisateur. Le service EZ Navigation de AU (l’internet mobile de KDDI) comporte plusieurs types de contenus : un moteur de recherche se spécialisant dans les réseaux ferroviaires, des données cartographiques, un guide urbain dont la précision géographique est étonnante. La fonction “Helpnet” vient d’être intégrée qui permet de déclencher les secours nécessaires pour une personne en détresse, tout en la localisant exactement grâce au GPS intégré. Le service est proche du E911 américain, l’alerte associée à la localisation dont devront bientôt être équipés tous les téléphones portables vendus aux États-Unis.

Les Japonais loin devant

Voilà qui donne à l’opérateur japonais une bonne longueur d’avance sur ses concurrents, NTT-Docomo et J-Phone. Ces deux derniers ont lancé des services de localisation, mais il ne s’agit que de pseudo localisation, avec cartes fixes et téléchargement lent. J-Phone a ouvert à l’été 2001 un service de géolocalisation, J-Navi, qui fonctionne par triangulation de stations de base (précision 250 à 500 mètres en milieu urbain) et permet à l’utilisateur d’obtenir la carte de son environnement ou celle d’une autre personne en recherchant sa position grâce à son numéro de téléphone. NTT-Docomo a ouvert en juillet 2001 le service I-Area (ou Imadoco) qui identifie le secteur dans lequel se trouve un combiné, toujours par triangulation de stations de base. De quoi permettre aux fournisseurs de contenus d’informer l’utilisateur du portable sur les promotions dans les magasins de la zone, l’état du trafic ou la météo. Chez les deux opérateurs, pour faire fonctionner le GPS et les services de navigation avancés, il faudra insérer une puce supplémentaire dans les combinés. Ce qui a un coût, évalué à environ à 10 euros par appareil, selon des spécialistes. Docomo sortira, avec Fujitsu, son premier téléphone GPS à la fin de l’année.Évolution des technologies et effet de mode aidant, les appareils se multiplient : les assistants numériques personnels (PDA) ou les ordinateurs portables se transforment en GPS par la simple insertion d’une carte que plusieurs entreprises ont lancée sur le marché. Si les PDA peuvent être, aux yeux des professionnels, l’outil idéal pour permettre la localisation avancée, le marché ne semble pas encore prêt, comme en atteste la mort prématurée du modèle “Locatio” que Seiko-Epson a sorti en 1999. On trouve au Japon, dans les magasins de sport aussi bien que dans les boutiques d’électroniques, des GPS pour amateurs de marche en montagne, qui fonctionnent avec une lenteur adaptée au rythme du randonneur. Le GPS de Sony, petit objet dépourvu d’écran qui tient dans la main, est à cet égard un drôle d’hybride : doté d’un port USB, qui permet de le connecter aisément à un PC, et d’une batterie interne, on peut l’emmener partout pour revoir après coup le parcours effectué lors d’une randonnée, par exemple. Il suffit de télécharger les informations dans son ordinateur pour visualiser l’itinéraire suivi. Mais, évidemment, on ne sait rien en temps réel ! Utilisation restreinte… Il y a encore les montres GPS. Mais ces dernières relèvent encore souvent du gadget, fonctionnant avec la première génération de GPS, elles sont lentes et très voraces en électricité. C’est le cas du dernier modèle mis sur le marché par Casio, onéreux, et dont la batterie ne dure que huit heures ! Autant dire que pour assister le GPS, les réseaux de téléphonie mobile sont plus que jamais utiles.(*) Ce n’est pas le cas des autres réseaux de téléphonie mobile japonais, ceux de NTT-Docomo et de J-Phone, qui fonctionnent en PDC, norme dont la troisième génération est le WCDMA et qui est spécifique à larchipel.

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Dominique Hoeltgen