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(Mise à jour) Le Royaume-Uni veut ” administrer ” la vie privée des internautes

Les autorités anglaises s’apprêtent à augmenter considérablement le nombre d’administrations centrales et locales habilitées à contrôler la correspondance et la navigation des internautes.

Mise à jour:L’examen du texte litigieux repoussé à l’automneLe Ministère de l’Intérieur a annoncé que le projet, contesté, d’adaptation du RIP (Regulation of Investigatory Powers Act) voté en l’an 2000, ne serait pas présenté devant la Chambre des Communes, avant la prochaine session parlementaire prévue à l’automne. Le texte devait initialement être examiné, mardi 18 juin. Face aux protestations des organisations de défense des droits civiques et à l’opposition déclarée du parti conservateur, le Gouvernement anglais a décidé d’ouvrir le débat et de réfléchir aux implications de la réforme aujourd’hui en gestation.Première parution le : 13/06/2002Le gouvernement anglais souhaite élargir le spectre des administrations habilitées à contrôler le courrier électronique et les données des connexions des internautes. Cette mesure, qui n’est encore qu’un projet d’ordonnance, pourrait être effective dès le mois d’août prochain, selon le ministère britannique de l’Intérieur (Home Office). Le texte sera examiné par les parlementaires dès mardi prochainAujourd’hui, conformément au RIP (Regulation of Investigatory Powers Act), voté en 2000, les motifs de surveillance des internautes sont cantonnés à la défense de la sécurité nationale, de la sécurité publique, à la protection de la santé publique et à la sauvegarde des intérêts économiques du Royaume-Uni.

Elargissement des motifs de surveillance électronique

Dorénavant, toute incursion dans la vie privée des internautes pourra également être justifiée par l’évaluation ou la perception d’impôts, droits, ou prélèvements dus à un ministère. En théorie, rien d’inquiétant pour le contribuable britannique, si ce n’est la qualité des services administratifs habilités à contrôler sa correspondance électronique privée…Jusqu’à présent, seuls la police, les services secrets, les douanes et les services des impôts étaient autorisés à procéder de la sorte. Avec le nouveau texte, soutenu par le 10 Downing Street, c’est la quasi-totalité de l’appareil administratif britannique qui pourra désormais s’adonner à cette activité.En clair, c’est l’ensemble des ministères, des organismes de sécurité sociale (National Health Service), comprenant l’Ecosse et l’Irlande du Nord, et la très grande majorité des administrations locales qui sont concernés.

Les libertaires d’outre-Manche s’insurgent

Cette nouvelle poussée d’espionnite aiguë intervient quelques jours à peine après que l’Europe ait décidé de réviser du tout au tout sa ligne politique en matière de retention de données des connexions électroniques des internautes. Au pays de Georges Orwell, certains responsables des services de police expriment déjà leur souhait que ces données soient conservées jusqu’à sept ans, contre trois mois aujourd’hui.Dans une veine différente, un collectif libertaire britannique s’apprête à lancer un système d’exploitation permettant d’échapper à toute surveillance.Revenant sur l’initiative du gouvernement britannique, John Wadham, directeur de Liberty (un organisme de défense des droits de l’homme), salue dans le quotidien The Guardian, la fin de la vie privée des internautes et souligne “qu’à l’avenir, n’importe quel fonctionnaire pourra s’adonner à ce nouveau sport national”.

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Philippe Crouzillacq