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(Mise à jour) Le logiciel libre joue sa survie économique

A quelques jours d’un vote décisif sur la ‘ brevetabilité des logiciels ‘, les opposants à cette mesure appellent à manifester à Bruxelles, mercredi 27 août, devant le Parlement européen.

Première publication: le 12 mai 2003La reconnaissance par l’Union européenne de la possibilité de breveter les logiciels signerait l’arrêt de mort économique du logiciel libre. C’est l’inquiétude exprimée par le groupe des Verts au Parlement européen, avant l’examen
d’une nouvelle directive.
Dans quelques semaines, les députés européens examineront un projet de directive reconnaissant la “brevetabilité des logiciels”. Le débat paraît technique, mais les enjeux économiques sont considérables.Si ce texte passe en l’état, explique Laurence Van De Walle, conseiller politique auprès du groupe des Verts, ‘ Un point de non-retour aura été franchi. Pour la première fois on aura décidé de breveter des idées,
ce qui relève traditionnellement du droit d’auteur. ‘
Sur ce terrain, contrairement à ce qui passe aux Etats-Unis, l’Europe reste une exception culturelle. Le logiciel est pour l’instant exclu de la Convention européenne sur les brevets de Munich. Le document a été ratifié par les
19 pays membres de l’Office européen des brevets.Or, selon ses détracteurs, cet organisme a reconnu discrétionnairement au fil des ans plusieurs dizaines de milliers de brevets, en contradiction totale avec l’esprit de la loi. Et, à force de lobbying, il chercherait aujourd’hui, avec
le soutien de la Commission de Bruxelles et des éditeurs de logiciels, qui dominent déjà le marché, à blanchir ses actions en faisant reconnaître officiellement la brevetabilité au niveau européen.‘ Demain grâce à la directive en préparation, n’importe quel détenteur de brevet pourra poursuivre en justice le créateur d’un programme qui contiendra un algorithme protégé, explique Laurence
Van De Walle. Pour quelque chose d’aussi simple que l’ouverture ou la fermeture d’une fenêtre dans un traitement de texte. ‘

Les administrations séduites par le logiciel libre

En clair avec de telles visées, c’est la survie économique du logiciel libre et de ce qu’il reste de la créativité logicielle européenne qui sont en jeu. A défaut d’avoir pu s’imposer sur le marché de l’édition logicielle, l’Europe
contrôle encore 60 % du secteur du logiciel libre. Moins contraignant et plus économique, le logiciel libre bénéficie aujourd’hui d’une véritable curiosité de la part des gouvernements et des administrations, lassés de solutions propriétaires
jugées trop onéreuses. Une évolution qui, si elle se confirmait, pourrait contrarier les projets des grands éditeurs, à commencer par Microsoft.La bataille politique qui se joue actuellement à Bruxelles et dans les travées du Parlement européen sera donc décisive. La semaine dernière, le groupe des Verts avait décidé de tirer la sonnette d’alarme en organisant une conférence
pour présenter les enjeux du débats.La manifestation a fait salle comble et réuni des intervenants comme Richard Stallman (fondateur de la Free Software Foundation), des patrons de PME ou d’entreprises, tel le norvégien Opera, éditeur du navigateur Web du même nom.
Reste à convaincre les parlementaires. Une tâche qui sannonce titanesque vu la complexité du sujet.

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Philippe Crouzillacq