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(Mise à jour) Equipement des écoles : Microsoft revoit sa copie

Malgré les critiques, le new deal de Microsoft semble être acquis. Pour preuve, la justice américaine détermine à présent les conditions d’allocation et de distribution du milliard de dollars réservé par le géant de l’informatique à l’équipement des écoles les plus démunies.


Première parution le 10/12/2001
Aujourd’hui, le juge Motz devait statuer, à Baltimore, sur l’organisation de l’attribution du milliard de dollars pour les écoles américaines les plus démunies. Cette somme avait été promise par Steve Ballmer, PDG de Microsoft, en novembre dernier (lire notre article du 21/11/2001
), pour conclure à l’amiable le procès intenté par un ensemble d’associations de défense de consommateurs pour abus de position dominante.Si ce new deal informatique est accepté, Microsoft en sera le grand gagnant. Et il semble bien que les avocats des plaignants et l’éditeur aient trouvé un accord, après quelques modifications apportées au projet initial.

Une fondation presque indépendante

Dans sa proposition initiale, Microsoft avait prévu la création d’une fondation dédiée à l’équipement des écoles, The Education Foundation. Son collège d’administrateurs ne comptait, à l’origine, aucune association éducative américaine. Le géant de l’informatique gardait donc tout contrôle, avec les représentants des plaignants, sur le plan d’équipement d’un secteur qui a ses règles et ses besoins.En ce sens, Microsoft ne prenait aucunement en considération le point de vue des éducateurs, ce qui a soulevé, outre-Atlantique, une vive polémique.Aussi, dans le projet présenté aujourd’hui par Microsoft et les avocats des plaignants au juge Motz, le bureau central de la fondation comprend désormais cinq administrateurs désignés par les avocats des plaignants, des représentants de Microsoft (en nombre indéfini pour le moment), ainsi que cinq représentants d’associations éducatives américaines.

Manque d’argent pour la formation des professeurs

Par ailleurs, Microsoft se réservait au départ tout pouvoir sur la formation des enseignants. Dans le projet présenté aujourd’hui, c’est la fondation qui en assurera les commandes, mais avec un budget limité.L’allocation des sommes par Microsoft reste déséquilibrée. En l’état, Microsoft a prévu 100 millions de dollars pour les frais de fonctionnement de la fondation, 160 millions de dollars pour l’assistance technique, 500 millions de dollars de logiciels, 1 million de dollars pour le rafraîchissement de machines anciennes, et seulement 90 millions de dollars pour la formation des enseignants.Or, d’après les estimations de Michael Silver, analyste au Gartner Group, pour chaque dollar dépensé en logiciels, il faut compter 3 dollars pour la formation des utilisateurs. En conséquence, compte tenu des estimations de Microsoft sur les dépenses logicielles, la part de la formation des enseignants devrait s’élever à 1,5 milliards de dollars. On est bien loin du compte.

Tirer des bénéfices de la fracture numérique ?

Le risque est donc grand de voir nombreuses écoles équipées, mais sans personne pour guider les enfants dans leur découverte de l’informatique et d’Internet.Plus grave sans doute, le voeu apparament pieu de Microsoft de vouloir aider les écoles à ” rafraîchir ” leur vieil équipement. Pour la modique somme de 50 dollars par ordinateur, les écoles pourront disposer de vieux ordinateurs avec de nouveaux systèmes.Quid de la gratuité ? Il n’en est pas question dans ce cas précis. Sachant que Microsoft réalise des bénéfices de près de 70 % sur ses logiciels, le géant de l’informatique pourrait dégager des bénéfices, en touchant “au moins 200 000 écoles” qui n’ont pas les moyens de renouveler leur parc informatique.Le calcul est imparable : avec cet arrangement à l’amiable, Microsoft met en danger Apple (lire notre article du 28/11/2001
), évite de débourser près de 7 milliards de dollars de dommages et intérêts, familiarise les élèves américains avec ses logiciels, crée donc des habitudes de consommation de ses produits, et en plus, l’éditeur pourrait même gagner de l’argent.

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Mélusine Harlé