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(Mise à jour) Comcast lance une OPA sur AT&T Broadband

Si Comcast prenait le contrôle de la filiale haut débit d’AT&T, il deviendrait numéro un mondial avec 22 millions d’abonnés. Cette OPA hostile prélude également de l’éclatement d’AT&T. Analyse.

Première publication le 09/07/2001Le câblo-opérateur Comcast a annoncé, dimanche soir, qu’il offrait 44,5 milliards de dollars (51,6 milliards d’euros) en titres pour le rachat d’AT&T Broadband, le numéro un de la télévision par câble aux Etats-Unis, après l’échec des négociations qu’il menait à ce sujet avec AT&T. AT&T Broaband a été constitué par AT&T grâce à l’acquisition de Tele-Communications et MediaOne.Alors qu’AT&T avait prévu de se scinder au fil des mois en quatre sociétés distinctes ?” téléphonie mobile, grand public, entreprises et communications haut débit par câble, ce projet pourrait se trouver compromis et certains se demandent si le groupe ne risque pas de se retrouver avec seulement ses actifs les moins rentables : les communications à longue distance pour entreprises et particuliers.Loin d’envisager de céder globalement Broadband à un seul et même acquéreur, AT&T avait prévu de donner progressivement son indépendance à cette filiale, avec d’abord la création avant la fin de cette année d’une action reflet, suivie l’an prochain d’une réelle séparation avec introduction en Bourse.En annonçant son offre hostile, Comcast qui peut faire état de 8,4 millions d’abonnés, soit à peu près deux fois moins qu’AT&T Broadband, a fait valoir auprès des actionnaires d’AT&T que ce rachat leur permettrait ” d’éviter les risques liés au marché, les dépenses et les incertitudes inhérentes au projet d’introduction en Bourse”, affirmant en outre que le prix proposé comportait “une prime significative” sur la valorisation potentielle par le marché.Dans l’immédiat, AT&T a fait savoir qu’il analyserait l’offre de Comcast et qu’il y répondrait en temps voulu.

Un nouveau défi pour le président d’AT&T

Pour C. Michael Armstrong, le président d’AT&T, cette offre hostile de Comcast constitue un nouveau défi alors qu’en trois ans et demi seulement à la présidence du groupe, il a déjà dû faire face à la fois à une baisse des tarifs des communications longue distance et à une intensification de la concurrence.Dans ce contexte, Armstrong s’est efforcé de détourner le groupe de la téléphonie traditionnelle pour mettre plutôt l’accent sur des activités plus porteuses dans la téléphonie mobile, la télévision par câble et les services Internet.Pour ce faire, il a investi plus de 100 milliards de dollars (116 milliards d’euros), notamment dans l’acquisition de câblo-opérateurs.Mais le scepticisme des investisseurs face à son projet de fourniture de services vocaux et de données sur les réseaux de télévision câblée s’est combiné à la baisse générale des marchés boursiers pour provoquer au fil des mois une chute de l’action AT&T qui a terminé vendredi à 22,24 dollars à Wall Street, en baisse de 32,9 % sur l’an dernier.Dans l’espoir d’enrayer cette dégringolade du titre, AT&T, qui, en 1984, avait déjà donné leur indépendance aux compagnies téléphoniques régionales, les Baby Bells, a annoncé en octobre sa décision de poursuivre son éclatement et de se diviser en quatre entreprises distinctes.

AT&T, chronique d’une mort annoncée ?

Armstrong avait alors estimé que chacune de ces nouvelles sociétés pourrait ainsi mieux assurer son développement, notamment par des acquisitions, avec une valorisation boursière plus appropriée.Bien évidemment, le groupe avait assuré à ses actionnaires que ce projet permettrait d’optimiser leur investissement, mais certains observateurs avaient dit voir au contraire dans cet éclatement le commencement de la fin de l’une des grandes sociétés emblématiques américaines.Les analystes s’attendaient en effet à ce que les sociétés ainsi créées deviennent des cibles d’OPA, en particulier AT&T Wireless, le troisième opérateur américain de téléphonie mobile, et Broadband, un pronostic qui vient déjà de se confirmer pour cette dernière.” AT&T aura cessé d’exister d’ici à un an ou deux, pronostique un banquier spécialiste du secteur des télécoms. Tous les morceaux se feront avaler et la marque AT&T appartiendra au passé de l’économie américaine. “Une fois parties les activités mobile et câble, ce qui restera du groupe AT&T devra continuer de réduire son endettement et de chercher à se développer en dépit d’une guerre des tarifs acharnée et de l’intrusion des Baby Bells dans la téléphonie longue distance, ce qui ne fait qu’aggraver encore la situation.” Si Armstrong décide d’accepter (l’offre de Comcast), il dira que c’est ce qu’il avait dans l’idée depuis le début lorsqu’il a décidé d’éclater le groupe, c’est-à-dire donner leur autonomie aux divisions pour qu’elles opèrent des fusions et prospèrent par elles-mêmes “, déclare l’analyste indépendant Jeffrey Kagan.” Mais, s’empresse-t-il d’ajouter, si l’on avait dit il y a trois ans qu’AT&T achèterait toutes ces sociétés uniquement pour les séparer du groupe et les revendre, personne ne laurait cru ! “

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La rédaction (avec Reuters)