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(Mise à jour) AOL France se débarrasse de ses bénévoles

Le fournisseur d’accès à Internet met fin précipitamment aux fonctions des ‘ bénévoles ‘ chargés de modérer ses salons. Dont le statut flou pourrait tenir du travail clandestin.

Première parution le 18 février 2003Pour avoir utilisé des bénévoles pour faire fonctionner ses services payants tout en les traitant comme des employés, AOL France pourrait s’embarquer dans un feuilleton juridique lourd de conséquences.Dans l’Hexagone, on parle de guides. Ces bénévoles, volontaires, ont pour tâche d’aider les abonnés AOL à se familiariser avec les salons en ligne du fournisseur d’accès Internet et de modérer ces mêmes salons en échange d’un abonnement
gratuit. Une activité qualifiée de “ponctuelle et occasionnelle” par AOL. Les guides, eux, racontent une autre histoire.‘ Au fur et à mesure des années, les procédures devenaient de plus en plus contraignantes, nous avions des horaires précis au point d’être dans l’obligation de pointer ‘, raconte l’une
d’entre eux. Sans oublier la formation des autres guides, la promotion active d’AOL dans les salons… Leurs tâches communautaires se sont de plus en plus déplacées vers un rôle de service clientèle non-rémunéré.Pourtant, AOL a décidé de se séparer de ces 69 bénévoles. Du côté du fournisseur d’accès, on explique que les salons Jeunesse continueront d’être modérés en permanence par une équipe ‘ service communautaire ‘.
Les autres salons de discussion devront se contenter à présent des “visites” de cette même équipe. Moins de modération donc, ce qu’AOL assume en affirmant vouloir responsabiliser ses abonnés.Mais une source interne raconte, elle, une autre histoire, celle d’un fournisseur d’accès sentant passer le vent de la Justice. Officiellement, les guides ne dépendent pas d’AOL mais de l’association En Ligne! chargée de
‘ rassembler à travers le monde les passionnés du réseau en ligne AOL ‘. Sauf que le président d’En Ligne! a pour nom Stéphane Treppoz, PDG d’AOL France.‘ L’association était une façade, AOL gérait tout ‘, affirme notre source. Les guides n’avaient jamais affaire aux responsables de l’association mais à des salariés AOL chargés, par
exemple, d’autoriser un abonné à devenir guide.Rémunération (via l’accès Internet offert), subordination à un supérieur hiérarchique doté d’un pouvoir de sanctions, horaires déterminés, le statut des ‘ bénévoles” d’AOL ‘ peut cadrer avec la définition d’un
contrat de travail ” selon Jérôme Saleur, avocat chez Lamy-Lexel.En interne, la tactique a longtemps consisté à faire profil bas pour éviter toute médiatisation. Mais, en décembre, un abonné mécontent de s’être vu refuser le statut de guide a tenté d’obtenir les statuts de l’association puis, face à
l’absence de réaction de la direction d’AOL, aurait menacé de porter plainte contre le fournisseur d’accès.Au même moment, en janvier, certains guides ont commencé à se rassembler demandant à AOL de clarifier leur rôle sur le site. ‘ Les services juridiques, qui ont toujours considéré le statut des bénévoles comme
litigieux, ont alors demandé à la direction de se positionner ‘,
explique notre source.Et AOL s’est positionné. En mettant fin, d’ici au 28 février, aux fonctions des guides. Très mécontents, les ex-bénévoles ont donc commencé à
s’organiser et pourraient créer leur propre association, indépendante d’AOL. L’objectif est ici de faire pression pour obtenir leur réintégration. Mais la man?”uvre expose aussi leur drôle
de statut aux yeux de tous, dont ceux de la Justice.La compensation des bénévoles étant modeste, le risque financier serait faible pour AOL. Mais, au pénal ou civil, il s’agit d’une autre histoire selon Jérôme Saleur : ‘ Si les juges reconnaissent lexistence
de contrats de travail, on tombe dans le domaine du travail clandestin. ‘

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Ludovic Nachury