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Microsoft et le décisionnel, une réussite à approfondir

Tout en restant centré sur son moteur Olap et sa suite Office, Microsoft vise une couverture exhaustive des besoins des utilisateurs en matière de business intelligence.

Composer une suite décisionnelle crédible à partir d’une suite bureautique et d’une base de données ? C’est possible, et Microsoft l’a fait. Cela en moins de six ans. Tout a commencé en fin 1996 avec l’acquisition de la société israélienne Panorama Software Systems, qui travaillait sur un moteur Olap (OnLine Analytical Processing). Puis, en 1997, avec la publication d’une spécification, OLE DB (Object Linking and Embedding DataBase) for Olap, portant sur une interface de programmation pour l’accès aux données contenues dans les moteurs analytiques. Alors que les spécialistes de ce type de serveurs proposaient des standards différents, c’est celui de Microsoft qui a fini par s’imposer. En 1999, l’éditeur incorpore sa base de données décisionnelle dans SQL Server 7 et grignote rapidement des parts de marché. L’année suivante, des algorithmes de datamining sont, à leur tour, ajoutés, ainsi qu’une solution d’extraction et d’alimentation (ETL). C’est le départ d’Analysis Services (AS) et de son conteneur, SQL Server 2000.

Standards et jeunesse font la force de Microsoft

Le site spécialisé indépendant The Olap Report qualifie AS d’“excellent” sur pas moins de quatre points : coût de possession, nombre d’utilisateurs supportés, prise en charge de nombreuses (plusieurs dizaines) et très grandes dimensions (une centaine de milliers de membres). Ce n’est pas tout. Pour Ronan Le Guen, chef de produits SQL Server, l’engouement autour d’AS s’explique simplement : “Notre produit a quatre ans, alors que ceux de la concurrence traînent leur ancienneté.” Résultat : Microsoft est bien placé en termes d’exécution dans les quadrants de Gartner et arrive presque à égalité avec Hyperion si l’on s’en tient au marché des moteurs Olap.Pour conserver son avance, Microsoft veut être de tous les futurs standards. C’est ainsi qu’avec SAS ou Hyperion, il tente de trouver un successeur à OLE DB for Olap via la spécification XML for Analysis. Celle-ci définit deux méthodes ?” Discover et Execute ?”, qui utilisent du XML pour la découverte et la manipulation de données. La programmation des requêtes s’effectue à l’aide du langage Multidimensional Expressions, ou MDX. Ce dernier n’a rien de révolutionnaire, mais il participe également au succès des solutions décisionnelles de Microsoft. Sa syntaxe est proche de celle de SQL. Il est d’ailleurs possible de “questionner” AS avec des requêtes SQL (Structured Query Language). Mais alors que cette syntaxe peut appréhender deux dimensions (colonnes et lignes), MDX peut traiter jusqu’à trois dimensions. Et les concepts de colonne et de ligne ne deviennent alors que des alias sans réelle portée. La signification de commandes classiques comme Where ou Select prend également de l’ampleur.Pour répondre au défaut de personnalisation de ses applications décisionnelles, Microsoft vient de publier SQL Server Accelerator for BI, un outil de développement de modèles de données et d’applications analytiques personnalisées. Disponible en français, il s’adresse en premier lieu aux partenaires intégrateurs de l’éditeur, mais ne devrait pas s’y cantonner. “Je pense que la diffusion va être massive, car il est en téléchargement gratuit”, espère Ronan Le Guen. Même s’il avoue que, pour utiliser ce kit de développement, il faut être spécialiste en BI et en Olap. L’utilisateur lambda pourrait obtenir des résultats catastrophiques.

Data Analyzer permet de définir des requêtes

Microsoft a un autre atout, dans la partie frontale cette fois-ci : Excel. L’éditeur a compris qu’avec ce tableur il tenait un public captif. Sa stratégie de développement va donc suivre les évolutions de la gamme Office, qui contient tous les produits décisionnels du côté du poste client. Même si l’on peut se demander quel est le rapport entre un traitement de texte, un outil de géolocalisation et un outil de développement de portails. Dernière évolution en date, les composants web d’Office, Spreadsheets et Charts. Ces derniers ?” des contrôles Active X ?” permettent de disposer des tableaux interactifs sur des pages web, accessibles uniquement depuis Internet Explorer (à partir de la version 4). “Excel est fait pour créer des tableaux de bord, et il est très utilisé en entreprise, estime Angelica Reyes, responsable marketing marché décisionnel chez Microsoft France. Nous essayons de populariser PivotTable Service [méthode d’accès et de requêtage en MDX des sources de données multidimensionnelles ou des modèles de datamining pour les applications clientes ?” NDLR], qui permet de faire du décisionnel.”Reconnaissant qu’Excel n’est pas le meilleur outil pour l’analyse et la visualisation, l’éditeur de Redmond a développé Data Analyzer, qui permet d’effectuer des requêtes prédéfinies. Mais, “notre défaut est de ne pas pouvoir proposer un reporting très évolué”, reconnaît Ronan Le Guen. Pour y remédier, l’alliance avec Crystal Decisions s’est révélée fructueuse. Pour caricaturer, Crystal Report aurait presque été développé dans le sens voulu par Microsoft. “Leurs produits étaient complémentaires des nôtres, mais pas de ceux de nos concurrents, se souvient le chef de produits SQL Server. Mais, surtout, c’est un partenaire à Redmond. En France, nous connaissons mieux Brio ou Business Objects.” Toujours du côté client, les autres logiciels ne sont pas, à franchement parler, des foudres de guerre. Mappoint (géolocalisation) et Sharepoint (création de portails) ne sont, en outre, pas intégrés à la suite Office, même s’ils bénéficient du logo. De plus, de l’aveu même de l’éditeur, Sharepoint n’est pas conçu pour le décisionnel.

La prochaine version d’Office fera mieux

Si l’on peut s’attendre à ce que Microsoft procède à des acquisitions dans le but d’élargir son offre, l’essentiel des développements devrait être réalisé en interne ?” en particulier, les améliorations très importantes apportées à Yucon (le prochain SQL Server) dans le domaine de la business intelligence. Cette nouvelle version ne devrait être disponible qu’en 2004 et, selon l’éditeur, on peut s’attendre à “un mieux en matière de connectivité ?” drivers XML, etc. “. Par ailleurs, “une amélioration apparaîtra avec la prochaine version d’Office, vers la fin 2003 ou le début 2004 “.Si le décisionnel version Microsoft devra donc attendre quelques années avant de conquérir les grands comptes, quelques études laissent à penser que ce mouvement est inéluctable du fait du poids croissant des plates-formes de l’éditeur. Ainsi, selon Gartner, Windows 2000 devrait constituer une menace sérieuse pour les serveurs Unix haut de gamme dès 2003. Et de laminer l’un des derniers avantages d’Oracle et d’Hyperion, qui peuvent se targuer d’être compatibles à la fois avec Windows et Unix.

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Renaud Edouard