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Michèle Barzach, fondatrice de c-votre-santé: ” Avec le net, le patient peut sortir de la passivité “

À la tête de sa start-up, l’ancienne ministre de la Santé est convaincue qu’internet favorise les échanges entre professionnels et permet de mieux informer les malades.

Docteur en médecine, gynécologue et psychothérapeute, Michèle Barzach a exercé différents mandats électoraux. Elle fut ministre de la Santé et de la Famille de 1986 à 1988. Elle a depuis une activité de conseil en stratégie de santé auprès d’organisations internationales (OMS, Banque mondiale). En 2000, Michèle Barzach a créé C-votre-santé, société qui a levé 13,42 millions d’euros et qui compte quelque 80 salariés.Pourquoi avoir créé C-votre santé et comment fonctionne cette société ?Je ne suis pas arrivée à internet par hasard ! Je suis convaincue que le net a un rôle important à jouer dans la société. Mais C-votre-santé n’est pas une start-up au sens conventionnel du terme, nous sommes davantage qu’un site : nous nous considérons comme une société de services, nous sommes là pour informer et orienter nos clients. Internet est un moyen de rendre ce service, que nous couplons à un centre d’appels, parce que le contact d’une voix reste très important dans ce domaine. Infirmières, assistantes sociales, psychothérapeutes, encadrés par des médecins, se relaient pour répondre aux demandes de nos abonnés. Au départ, nous visions les entreprises mais nous nous sommes davantage ouverts au grand public, qui peut s’abonner pour des durées variables, suivant ses besoins. Nous avons atteint en septembre 70 000 abonnés, notre chiffre d’affaires pour 2001 est de 3,7 millions d’euros et l’équilibre est prévu pour la fin de l’année 2002.Quelle aide peut réellement apporter une telle entreprise ?Notre rôle est délicat, car nous nous interdisons, déontologie oblige, de réaliser des diagnostics ou des prescriptions. Exercice difficile ! Pour moi, c’est une hérésie que d’envisager de diagnostiquer un patient sans le voir au préalable. Essayez de détecter par téléphone une grossesse extra-utérine, qui reste une cause de mortalité ! C’est impossible. Nous faisons avant tout de la “bobologie”, nous déchargeons le médecin des petites angoisses. Notre action peut éviter un recours intempestif aux urgences ou une réhospitalisation (dont 40 % viennent d’un mauvais accompagnement de la sortie). Mais surtout, internet apporte une réelle solution pour les personnes en détresse (femmes battues, etc.), qui se sentent isolées et ne savent pas où s’adresser.Pensez-vous qu’internet ait un rôle à jouer dans la médecine ?Pour moi, internet est devenu un canal de communication incontournable. Il permet de mettre en relation les professionnels de santé, qui peuvent se transmettre des dossiers, des images, faire circuler l’information médicale. Côté grand public, il correspond très précisément à un besoin que ressent le patient : être informé, sortir de la passivité. Désormais, il veut comprendre ce qui lui arrive et être acteur de son traitement. Les médecins devront donc expliquer au malade les choix thérapeutiques, et le net va soit les forcer à le faire, soit les y aider. Il a également cet avantage de souder les communautés de patients, communautés qui sont pour moi l’innovation sociale la plus importante des vingt dernières années. Leur pression (telle celle des homosexuels) a réellement fait évoluer la médecine.

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Agathe Remoué