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Michael Dell : ‘ Notre business progresse plus vite en France qu’en Chine ‘

Michael Dell explique comment il compte appliquer à d’autres créneaux le modèle d’affaires qui a fait son succès dans le monde du PC. Et se prononce clairement sur ses choix en matière de processeurs.

01 Informatique : Vous êtes le seul constructeur à n’utiliser que des processeurs Intel. Mais vous testez actuellement l’Opteron d’AMD. Allez-vous l’exploiter ?Michael Dell : Tout d’abord, je pense que prendre les instructions x86 et les étendre en 64 bits est une très bonne idée. Mais aujourd’hui, AMD n’est plus le seul à appuyer cette idée :
Intel le fait aussi. Nous aurons donc des serveurs utilisant des processeurs x86 avec des extensions 64 bits. Et cela avant même que les logiciels compatibles soient disponibles. Quant à savoir si proposer à la fois des serveurs Intel et AMD au
catalogue a un sens, la réponse est clairement oui.Les directions informatiques n’ont pas l’air d’adhérer à votre notion de grappes de petits serveurs au c?”ur d’un centre de calcul…Au contraire ! Un grand nombre d’entreprises suivent ce mouvement : Google, Nasdaq, et même… Dell.com. Il est vrai, toutefois, qu’il n’est pas raisonnable d’imaginer réécrire ses anciennes
applications pour les basculer vers de petits serveurs. Mais, pour les nouveaux projets, c’est la tendance ! Le marché quitte les gros serveurs de plus de huit processeurs et se recentre sur les petits bi et quadriprocesseurs.
D’autant qu’aujourd’hui les bases de données, les PGI et les outils d’administration se sont améliorés pour prendre en compte les grappes de petits serveurs.L’année 2003 a été celle du portable. Vous en avez profité pour renouveler votre gamme. Pourtant, d’autres ont mieux réussi que vous. Pourquoi ?L’introduction d’une nouvelle gamme provoque malheureusement toujours une perturbation des habitudes, qui commence par freiner les ventes. Mais nous nous sommes bien repris, en enregistrant une progression de 40 %
au dernier trimestre. Notez toutefois que, l’an dernier, la croissance des ventes de portables enregistrées était due, pour l’essentiel, au grand public, avec des machines vendues entre 800 et 1000 euros (TTC). Des volumes
importants, certes, mais avec des marges qui permettent difficilement de gagner de l’argent. Ce que nous voulons, c’est générer à la fois de la croissance et des profits.Que peut-on attendre de vos récents accords avec Fuji-Xerox, Kodak et Samsung ? Des imprimantes Xerox ‘ recarrossées ‘ Dell, comme c’est le cas avec Lexmark ?Attendez-vous plutôt à voir des imprimantes Dell renfermant les technologies de ces quatre acteurs. Notre gamme va s’élargir davantage en combinant plusieurs de leurs technologies qu’en utilisant des produits complets.
Ne soyez donc pas surpris si nos futures imprimantes sont très différentes des leurs… En revanche, nous utiliserons notre savoir-faire dans la gestion de la chaîne logistique pour réduire le coût des consommables.Où en est votre activité en France ?Au cours du dernier trimestre, c’est le pays où la croissance s’est avérée la plus forte en termes d’unités. Nous progressons à un rythme de 39 %. Plus rapide que la Chine ! Il nous faut donc soutenir
notre croissance en France. D’ailleurs, d’une façon générale, nous avons davantage progressé en Europe qu’aux Etats-Unis. Et nous faisons de plus en plus de business en dehors du territoire américain.Pour rester sur le volet géographique, il semblerait que vous fassiez revenir certaines activités de l’Inde vers les Etats-Unis…La presse n’a pas rendu compte de façon exacte de cette situation. En réalité, nous déplaçons constamment des activités en fonction de nos besoins. C’est comme la course du Soleil autour de la Terre : il se lève
ici, il se couche là ; le lendemain, il se lève à un endroit un peu différent de la veille, etc. C’est un processus continu, toujours recommencé.Quand la partie ‘ non PC ‘ deviendra-t-elle majoritaire dans vos activités ?C’est une démarche de longue haleine. Il est difficile de donner une date précise. Une chose est sûre : beaucoup de chemin reste à parcourir.Vous ne générez pratiquement pas de croissance externe. Pourquoi ?Cette année, nous allons fêter nos 20 ans, avec un chiffre d’affaires qui s’établira à environ 49 milliards de dollars. Comment sommes-nous parvenus à cela ? Nous avons considéré que notre modèle
d’affaires étant très différent de celui des autres, ce qui nous convenait le mieux était de privilégier la croissance organique. Nous avons jugé que c’était la meilleure approche. Mais nous recourons à des partenariats chaque fois que
c’est nécessaire, et nous rachetons beaucoup nos propres actions.C’est un mouvement narcissique ! Narcissique ? Si c’est le mot qui vous convient…Les Etats-Unis viennent de se doter d’une législation antispam. Qu’en pensez-vous ?C’est heureux qu’il y ait une loi. Spécialement aux Etats-Unis. Dans ce domaine, le problème est double ?” lié, d’une part, à l’anonymat des auteurs, et, de l’autre, aux énormes
perturbations que supportent les utilisateurs. Si vous interrogez les gens, vous vous apercevez que ce qu’ils redoutent ?” et détestent ?” le plus quand ils utilisent leur PC, c’est précisément tout ce qui a trait
au spam et aux intrusions de toute sorte.En tant que PDG, que demandez-vous à votre DSI ? Trop souvent, les DSI se cantonnent aux choix techniques, alors que l’essentiel reste les impératifs métier. J’attends de mon DSI qu’il nous permette de gagner en productivité. Il a l’avantage de ne pas
penser informatique, mais de penser ‘ métier ‘. Il s’assoit avec nous autour d’une table et nous aide à trouver des idées sur la façon d’améliorer nos processus.

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Propos recueillis par Anicet Mbida et Pierre-Antoine Merlin