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Mettre fin aux zones blanches : est-ce bien suffisant ?

Le gouvernement s’est entendu avec les opérateurs pour finir de connecter les zones exclues de tout réseau mobile. Mais les premières critiques pointent sur ce programme.  

L’accord sur le renforcement de la couverture mobile conclu entre le gouvernement, l’Etat et les opérateurs semble satisfaire toutes les parties. Avec la même petite musique entonnée par tous les acteurs depuis ce week-end : la France va, d’ici trois ans, en finir avec les zones blanches, c’est-à-dire les territoires dénués de tout réseau mobile.

Seule note dissonante face à cette déferlante d’autosatisfaction, la position mesurée de l’Afutt (association française des utilisateurs de téléphone mobile) qui se montre déçue que le gouvernement n’ait pas élargi le concept de zones blanches. « Nous demandons que les zones blanches soient définies comme toute portion du territoire non couverte par au moins un opérateur ». Ce n’est pas tout. L’association souhaiterait que la couverture à l’intérieur du bâtiment soit aussi garantie « pour ne pas être obligé de quitter son domicile ou son bureau pour communiquer avec son mobile ». En conclusion, ce que réclame l’Afutt, c’est la remise à plat du programme dit « zones blanches centres-bourgs ».

Il reste 100 000 Français à connecter … en théorie

Ce plan, lancé en 2003 et renforcé en 2015, a permis d’identifier 4089 communes d’une taille moyenne de 200 habitants. Cela correspond à environ à 1% de la population et 817 000 habitants, selon l’Arcep. Les opérateurs ont eu pour obligation de couvrir en 2G ou 3G les centre-bourgs avant le 1er juillet 2017.

Selon le rapport 2018 de l’Arcep, les choses ont bien avancé. Il ne reste aujourd’hui que 26 centre-bourgs à couvrir en 2G et 27 centre-bourgs en 3G. On compte, par ailleurs, 539 centre-bourgs toujours en attente de leur pylône qui doit être fourni au préalable par l’autorité publique locale. Ce qui, au total, porte à environ 100 0000 le nombre de Français encore privés de connectivité mobile. Ils sont donc assurés d’être d’enfin couverts d’ici 2021. Le problème, c’est que ce chiffre reste théorique et qu’il existe d’autres Français ailleurs souffrant de la fracture numérique.

D’autres territoires en souffrance

L’Etat n’impose aux opérateurs que de couvrir les centre-bourgs de ces zones blanches. Il restera donc toujours des habitants résidant trop loin des antennes du bourg pour capter. Par ailleurs, de nombreux Français officiellement couverts sur les cartes de l’Arcep se plaignent pourtant de ne pouvoir accéder au réseau mobile. C’est le cas notamment du maire de Caudiès-de-Fenouillèdes que nous avions rencontré.

Le gouvernement est conscient du problème. C’est la raison pour laquelle il évoque la « démultiplication du rythme des programmes ciblés d’amélioration de la couverture », peut-on lire dans le communiqué du ministère de la cohésion des territoires. Il est question que chaque opérateur construise 5000 nouveaux sites sur l’ensemble du territoire, dont certains seront parfois mutualisés.

Toutefois, le périmètre de ces zones à couvrir n’a pas encore été défini. « Elles seront identifiées par les pouvoirs publics en associant étroitement les collectivités territoriales ». Ces dispositifs paraissent donc encore très flous et risquent de mettre du temps à se concrétiser.

Enfin, la notion de territoire couvert ne consiste ici qu’à permettre de passer des appels et d’échanger des SMS en extérieur mais pas de garantir une couverture indoor. Il n’est pas question non plus d’apporter de l’internet mobile à tous.

Pas sûr que cela satisfasse les usagers concernés à l’horizon 2021, alors que dans les grandes villes la population commencera déjà à bénéficier de la 5G.

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Amélie Charnay