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métro – boulot – navigo

Depuis trois mois, les usagers de la RATP et de la SNCF abonnés à la Carte intégrale découvrent le ticket électronique Navigo. Il va être généralisé à tous les titres de transport en commun franciliens.

Discrètement, depuis le mois d’octobre dernier, la carte à puce commence à remplacer le traditionnel ticket magnétique. C’est une petite révolution dans les transports en commun en région parisienne qu’entame le Syndicat des transports d’Ile-de-France (STIF). Après des années d’expérimentation, le Navigo, système de “billettique” électronique sans contact (ou télébillettique) est appelé à se généraliser dans toute la région au métro parisien, au réseau ferré de banlieue (RATP et SNCF), puis aux lignes de bus franciliennes. Le coût de cette innovation est évalué à 150 millions d’euros (près d’un milliard de francs).Aujourd’hui, seuls sont concernés les voyageurs titulaires d’un forfait annuel dit Carte Intégrale, lorsqu’ils souscrivent ou renouvellent leur abonnement, ainsi que les bénéficiaires de cartes spéciales (police, agents et retraités de la RATP). Soit 20 000 personnes en tout. Mais à la fin de l’année, ce sont plus d’un million de voyageurs qui auront adopté Navigo.Et à l’automne 2003, tous les abonnés à un forfait, annuel ou mensuel, de transport francilien pourront utiliser le ticket électronique, soit au total 3,5 millions de voyageurs.Toutes les stations du métro parisien sont d’ores et déjà pourvues d’au moins deux portillons de validation. Fin février 2002, les stations RER et les gares SNCF de banlieue seront elles aussi équipées. Quant aux bus, ils devraient voir arriver les premiers systèmes dès l’année prochaine.Le valideur Navigo se présente sous la forme d’une cible de couleur violine incorporée dans le portillon de passage ou, dans le cas des bus, à la borne de validation. Grâce à la technologie sans contact, le voyageur n’a plus à insérer son ticket : il lui suffit de passer sa carte à puce au-dessus de la cible pour que s’opère la transaction électronique. S’il est abonné, la transaction consiste simplement à vérifier que le forfait contenu sur la carte donne bien accès au réseau de transport ou à la section concernée.Dans la version “carnet de tickets” de Navigo, envisagée pour 2005, la carte est en même temps débitée du montant d’un ou de plusieurs tickets selon le tarif applicable. Dans tous les cas, le valideur inscrit aussi sur la carte la date, l’heure ainsi que le lieu de passage.Pour effectuer le transfert des informations entre le valideur et la carte à puce sans qu’il y ait contact, l’usager doit présenter sa carte Navigo à environ dix centimètres de la cible ?” mais cette distance peut varier en fonction de l’angle de présentation ainsi que des éventuelles interférences. Le valideur émet alors des ondes électromagnétiques de fréquence 13,56 MHz. Ces ondes sont reçues par la carte dans laquelle est insérée une petite antenne. Elles créent par induction un courant électrique qui alimente la puce. Le valideur et la carte échangent ensuite des données grâce à un jeu de modulation des ondes. Le tout s’opère à la vitesse de l’éclair : la transaction électronique dure moins de 150 millisecondes.

Une opération rentable

Pour le voyageur, le prix de ce ticket est strictement identique à celui de son équivalent magnétique. Ainsi, le prix de la carte Navigo, qui est d’environ 3 euros (20 francs) hors personnalisation (sérigraphie du nom du porteur, impression de sa photo), est entièrement pris en charge par les transporteurs. Un cadeau ? Pas tout à fait. Pour le STIF, la RATP, la SNCF et les opérateurs privés franciliens, le remplacement de la validation magnétique par la validation électronique sans contact représente un enjeu financier de taille. Ainsi, le STIF évalue à 1 % le nombre de faux coupons mensuels de Carte Orange en circulation, ce qui représente un manque à gagner de plus de 18 millions d’euros par an (118,07 millions de francs). La suppression des coupons de Carte Orange, dont 7 à 8 % se démagnétisent, permet aussi d’envisager une réduction des coûts de service après-vente.La télébillettique permet également de limiter les frais d’investissement et de maintenance des valideurs magnétiques, particulièrement à la RATP où le remplacement du matériel vieillissant a été programmé d’ici fin 2005.Enfin, le STIF cherche à instaurer la validation systématique en entrée (VSE) dans les bus et les gares SNCF ouvertes, afin de lutter contre la fraude. Dans les bus, la VSE est impossible à mettre en place avec un système magnétique, en raison de la durée trop longue de l’opération de validation de chaque ticket. Avec le système sans contact Navigo, le passage est rapide et fluide, 99 % des transactions d’accès aboutissent au premier geste. D’un point de vue financier, la VSE permettrait de faire chuter la fraude par non-validation d’au minimum 2 %, ce qui représente un gain potentiel d’environ 10 millions d’euros par an.

L’obstacle du ticket à l’unité

Le tout télébillettique se heurte cependant à un obstacle de taille, celui du ticket à l’unité. Même s’il ne représente que 5 % du trafic d’Ile-de-France, tous réseaux confondus (contre 15 % pour le carnet de dix tickets et 80 % pour les forfaits), le ticket vendu à l’unité se doit lui aussi d’adopter la puce et le sans-contact. Mais pour d’évidentes raisons de coût ?” le ticket vaut 1,30 euro ?” ce ticket utilisable une seule fois ne peut pas être technologiquement aussi complexe que le passe Navigo. Le STIF doit donc trouver une autre solution le plus rapidement possible, afin de minimiser le surcoût du maintien de la validation magnétique. Cela pourrait être fait très bientôt, grâce à un projet gardé secret de ticket électronique jetable. Imprimé avec une encre spéciale et renfermant une puce simplifiée entre deux couches de papier, ce ticket compatible avec Navigo ne coûterait qu’entre 0,15 et 0,30 euros à fabriquer. Un ticket chic à prix choc !

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Jean-Marc Gimenez