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Mené par le bout du nez

En plus du son et de l’image, vous aurez bientôt l’odeur sur vos PC. Ce qui ne devrait pas vous déplaire. Illustration avec ces balades olfactives en Bourgogne qui seront présentées au Salon de l’agriculture.

Dans un chemin en sous-bois, l’automne roussit les feuilles et des effluves de bois humide et de champignon viennent vous titiller les narines. D’un clic, vous poursuivez la promenade. Le château qui se profile à l’horizon possède des caves où macèrent les raisins. Il s’en dégage un léger arôme de cassis, promesse du vin à venir.Bien que virtuelle, cette promenade n’en combine pas moins des images, des sons et… des odeurs. Elle pourrait bientôt vous être proposée sur votre micro. Fruit des travaux menés par SQLI en partenariat avec le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) et France Télécom R & D, cette machine à odeurs est présente sur le stand de la région Bourgogne au Salon de l’agriculture, qui se tiendra à Paris, porte de Versailles, du 23 février au 3 mars.

Votre micro se met au parfum

Au départ, un simple PC multimédia sur lequel on peut regarder le CD-Rom consacré à ces Balades olfactives dans le vignoble de Bourgogne ?” son contenu pourrait tout aussi bien être mis en ligne sur Internet. Rien d’extraordinaire là, le secret est ailleurs. Il réside dans le dispositif de diffusion des odeurs OlfaCom, mis au point par la société AC2i, et dans le logiciel qui pilote les diffuseurs de parfums, conçu par France Télécom. Concrètement, un repère (tag) est activé chaque fois qu’une photo s’affiche sur l’écran du PC.Ce tag cache une ligne d’instructions qui commande les diffuseurs de parfum par l’intermédiaire du port série du PC. La recharge de parfum, boîte noire de la taille d’une cartouche d’encre, contient une sphère en matière synthétique qui retient les molécules de parfum. A l’instant où la photo du sous-bois s’affiche à l’écran, le tag commande la diffusion du parfum correspondant. Sur une face de la boîte noire, une porte minuscule s’ouvre tandis qu’un ventilateur se met en marche, dispersant quelques molécules odorantes dans l’atmosphère. Mais quelques molécules seulement, car c’est une des conditions pour que l’odeur soit bien celle d’une forêt bourguignonne et non une forte émanation incommodante. Il faut aussi que la durée de diffusion soit brève afin que l’odeur ne sature pas la pièce et que les différents parfums se succèdent sans se mélanger. Enfin, pour s’approcher au plus près de l’odeur originale, des spécialistes ?” les fameux “nez”?” ont été consultés avant qu’?”nologues et viticulteurs ne valident le résultat.Pour disposer chez soi de ce PC odoriférant, il faudra attendre 2003. C’est ce que laisse entendre Jacques Messager, responsable du projet à France Télécom : “La deuxième génération de diffuseurs, encore plus élaborée, est en cours de validation. A la place des 12 diffuseurs qui équiperont le prototype présenté au Salon de l’agriculture, l’utilisateur disposera d’une rangée de 100 diffuseurs, chacun servant de réceptacle à une odeur différente.” Un peu comme une imprimante, le système de diffusion utilisera alors un procédé de micro-injection. “Quelques nanolitres (milliardièmes de litre) de parfum seront libérés à chaque activation, sous une forme gazeuse”, poursuit Jacques Messager. Et le système pourra être dirigé par un CD-Rom ou par Internet, avec un tag contenant les données sur la durée et l’intensité de la diffusion du parfum.“Reste que tout cela aura un prix, autour de 50 euros (327,98 francs), beaucoup moins si les publicitaires s’emparent de ce système car le coût du parfum et de son diffuseur sera alors pris en charge par la marque qui utilise notre dispositif.”

Des applications variées

Bientôt, les parfumeurs vous expédieront par la poste des recharges de parfum à placer dans le diffuseur connecté à votre PC avant de consulter leur site Web. Facile à imaginer quand on sait que, dans les laboratoires, les chercheurs réussissent à faire tenir les échantillons d’une centaine de parfums sur la surface d’un ticket de métro !Un grand vépéciste s’est déjà laissé séduire par cette invention. Dès l’accueil de son site, une odeur de tourbe et d’iode accompagne une photo censée inciter les internautes à consulter son catalogue en ligne.Des applications moins mercantiles sont déjà à l’état de prototype, comme cet alphabet multimédia interactif et odorant destiné aux enfants. Le programme associe de façon simple le dessin de l’objet, l’initiale de son nom, sa prononciation et une odeur afin d’accroître l’efficacité de l’apprentissage.Le secteur médical se montre également intéressé. En aromathérapie, il s’agit de restituer l’alternance du jour et de la nuit aux personnes ayant perdu la notion du temps : odeurs de pain grillé et de café le matin et fleur d’oranger le soir.En gérontologie, le dispositif pourrait contribuer à établir le diagnostique précoce de la perte d’odorat.On peut aussi penser qu’un jour on pourra inspirer quelques bouffées de son cru préféré sans avoir à craindre l’ébriété !www.rd.francetelecom.com

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Bernard Guzniczak