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Mécano contre majorette

Rien n’y fait. Les assauts répétés des fournisseurs n’auront pas raison de l’irrépressible besoin des entreprises de bidouiller leurs PC.

iPaq, ePC : voici venus les PC légers, expurgés de nombre de leurs éléments, facilement administrables. Un succès, paraît-il, aux Etats-Unis. Et pourtant ! De nombreuses entreprises françaises restent accrochées aux PC modulables. On croyait ces derniers réservés aux bidouilleurs, aux fous de l’extension mémoire, aux dingues du changement de cartes mères, aux fêlés du processeur. Mais la grosse boîte beige pleine de vide, pardon, pleine de ” place “, pour y mettre tout et n’importe quoi, non seulement survit, mais continue à abattre les versions successives de PC allégés.Dernière tentative en date des Compaq, IBM et autres HP : le legacy free PC, ou PC sans hérédité. Joli, coloré, design, silencieux, un processeur puissant, un gros disque dur, des ports USB partout et même un lecteur de disquettes. En somme, il a tout pour plaire. Tout ? Non ! Seule manque la batterie de connecteurs internes. Seule manque la place pour y flanquer un deuxième disque dur, un lecteur ZIP et un graveur de CD-ROM. C’est peu, mais c’est déjà plus qu’il n’en faut pour en faire un suspect plus que louche.Car le pauvre, finalement, a tout pour déplaire. Par son look, il évoque l’iMac, espèce qui n’a même pas eu l’occasion d’être ” en voie de disparition ” dans les entreprises. Par son affiliation, il rappelle le NetPC, qui a échoué faute d’un prix attrayant, faute de lecteur de disquettes et faute, déjà, de ressembler à la bonne vieille boîte beige.Le syndrome du ” si ” oppresse les responsables micro : et ” si “, malgré tout, on avait un jour besoin de rajouter une barrette mémoire ? Même ” si ” ouvrir le capot d’un PC reste très exceptionnel, sait-on jamais…Alors, ils trouvent vaillamment des arguments déraisonnables, associant toute tentative d’allègement à une agression en règle. Témoignages véridiques : ” Les utilisateurs n’accepteront jamais d’avoir des écrans de moins de 17 pouces ” (sic) ; ” Le PC idéal serait un PC évolutif comme une machine d’assembleur, avec les garanties d’un constructeur ” (re-sic) ; ” C’est pas moi qui choisit… et de toute façon, avec nos 115 000 PC, on obtient des prix défiant toute concurrence. Pourquoi changer ?” ; ” C’est encore un coup marketing, ça. Non ? “Bref, tout est bon pour garder son jouet, surtout l’irrationnel. Les services informatiques sont définitivement plus ” mécano ” que ” majorette “. Ils préfèrent les vis aux soudures, le beige aux couleurs de larc-en-ciel, la rudesse à la joliesse.Prochaine chronique le lundi 15 janvier 2001

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Philippe Billard