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Matthew Szulik (CEO de Red Hat) : ” Continuer à surperformer le Nasdaq “

Le patron du spécialiste des solutions en ” open source ” explique la faible valorisation de son cours. Confiant, il livre son objectif : redessiner l’industrie du software.

Red Hat est l’un des premiers distributeurs de la plateforme Linux, concurrente de Windows, et de solutions en open source. L’éditeur de logiciels américain, qui pèse plus de 800 millions de dollars (892 millions d’euros) sur le Nasdaq, a réalisé un chiffre d’affaires de 78,9 millions de dollars en 2001-2002, pour un résultat opérationnel de 3,3 millions (mais une perte de 139,9 millions selon les normes GAAP). Red Hat est régulièrement cité comme une proie potentielle pour AOL ou un grand du logiciel. Son CEO explique ses fondamentaux.La reprise économique se fait-elle déjà sentir dans votre métier ?Non, les entreprises font montre d’attentisme, et le niveau des stocks est encore élevé. Je suis très optimiste sur le long terme, mais je n’attends pas de reprise sensible avant le quatrième trimestre. En terme sectoriel, la tendance est positive, car les besoins sont là, chez les telcos, dans la distribution et les services financiers, notamment.Le marché n’a pas une confiance excessive dans la valeur, qui perd plus de 30 % depuis le début de l’année…Oui, mais depuis quatre ans [entrée de Matthew Szulik à la présidence du groupe, ndlr], Red Hat a “surperformé” le Nasdaq, et je pense que cela va continuer. Les fonds de pension s’intéressent à nous, et aujourd’hui la valeur est suivie par sept analystes. Toutes les sociétés technologiques de croissance ne peuvent en dire autant.La courbe du titre est quand même éloquente : introduction à 14, pic à 150, et stagnation actuelle sous les 5 dollars…Mais entretemps, paradoxalement, la société s’est dotée d’une structure d’exploitation profitable, est passée d’une commercialisation monoproduit (pack à 99 dollars) à une activité forte de 22 sources de revenus. Et nous avons encore franchi une étape ces douze derniers mois, en devenant un vrai partenaire des géants de l’industrie et de la finance. Morgan Stanley, Amazon, Cisco, et d’autres, ont adopté nos systèmes. Nous gagnons des clients tous les jours parmi ces grands comptes, et je pense que le marché finira par le prendre en compte.La faible valorisation de Red Hat suscite l’intérêt de prédateurs. AOL serait le dernier en date. Quel est votre prix ?Toute entreprise a un prix, c’est vrai. Mais Red Hat est plutôt, ces derniers temps, dans une phase d’acquisition, la dernière en date étant intervenue en février. Surtout, nos efforts de gestion d’un côté, et notre expansion commerciale de l’autre, donnent un fort potentiel au titre. Il ne serait pas financièrement judicieux de céder Red Hat aujourd’hui. Mon ambition n’est pas de faire une bonne affaire à court ou moyen terme, mais bel et bien de redessiner l’industrie du software. J’ai la conviction que le modèle fermé est fini, et que Red Hat a un rôle fondamental à jouer dans la mise en place et le développement d’une informatique ouverte.L’Europe et l’international pèsent assez peu dans votre activité. Allez-vous rattraper du terrain sur ce plan ?L’Europe n’est pas si marginale que cela puisqu’elle représente déjà 18 % de nos ventes. Et je suis persuadé que cela va progresser, notamment du fait des programmes de réduction des coûts qui y sont entrepris. Le secteur public est ainsi, en principe, très favorable à Linux et à nos produits, qui lui font économiser d’importants frais de structure. Les États-Unis feraient bien de s’inspirer de lUnion européenne sur ce plan-là. Les grands clients privés montent également en puissance, nous venons ainsi de gagner Siemens.

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Jean-Michel Cedro