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Matt Farley, le musicien fou qui a inondé iTunes et Spotify de 14 000 chansons

Ce Bostonien a une passion incroyable : il écrit des milliers de chansons sur tous les thèmes possibles et imaginables, puis les publie sur les principaux sites de musique en ligne. Et parvient du coup à se faire de sacrées royalties. Portrait.

Je ne suis peut-être pas le songwriter le plus prolifique du monde, mais je n’en suis probablement pas loin ! » Matt Farley est modeste. Car il pourrait bien avoir sa place au Guinness Book des records, tant son « œuvre » est immense. A lui seul depuis 2008, ce musicien a composé pas moins de… 14 000 chansons. 

Oui, vous avez bien lu. En une journée, Farley est en mesure d’écrire jusqu’à une centaine de titres, enfermé dans son antre : la cave de sa maison de Danvers, une ville de la banlieue de Boston, où il a installé son home studio. Une passion dévorante qui lui prend plusieurs heures par jour, quatre jours par semaine.   

Matt Farley, 35 ans, n’est clairement pas un artiste comme les autres. « A l’université, j’avais monté un groupe avec un ami. Au bout d’un moment, nous sommes arrivés à un stade où nous parvenions à écrire des dizaines de chansons par jour. Certaines étaient de vraies chansons rock… mais nous écrivions aussi plein de titres idiots. Et en 2007, je me suis rendu compte que seules nos chansons bêtes marchaient et nous faisaient gagner un peu d’argent. » confie-t-il.

De là est partie son idée incroyable : produire en série des milliers de chansons idiotes… Avec un objectif avoué : se faire un peu d’argent avec ses créations, en les auto-publiant sur les plates-formes les plus populaires, comme iTunes, Spotify ou Deezer. « Je me suis dit : si une chanson peut me faire gagner deux dollars par an, peut-être que 10 000 chansons pourraient donc me faire gagner 20 000 dollars ! »

Bingo. Tous les ans, son travail est suffisant pour lui apporter un confortable complément de salaire. En 2013, Farley a empoché pas moins de 23 000 dollars de royalties grâce aux revenus que génèrent ses créations, publiées sur une douzaine de magasins de musique. Il perçoit principalement de l’argent grâce à iTunes et Spotify, avec une moyenne de 2 dollars par an et par chanson. « Ce n’est pas énorme… Mais c’est plutôt pas mal pour un type qui chante dans sa cave ! » s’amuse-t-il.

Des chansons calibrées pour que les internautes tombent dessus

Farley a beau être un doux dingue, il est loin d’écrire ses ritournelles au hasard. L’homme est même particulièrement organisé et choisit avec soin les thèmes et titres de ses morceaux pour qu’un maximum d’internautes tombent dessus. « J’essaie de deviner quel genre de mots inhabituels les gens pourraient chercher sur les sites musicaux. Ensuite, j’écris des chansons à propos de ces mots. » 4000 de ses titres sont par exemple des… chansons d’anniversaire : « Je me contente de chanter la même chose avec des prénoms différents » explique t-il. Du coup, un internaute à la recherche d’un « happy birthday » personnalisé pour un ami a de grandes chances de tomber sur la production de Matt.

Il a aussi créé 6000 rengaines sur des sujets aussi variés que les célébrités américaines, les équipes de foot, la nourriture, les animaux… Pour mieux les classer, il a par ailleurs inventé pas moins de 65 groupes différents et monothématiques comme The Guy Who Sings Your Name Over and Over  (le type qui chante votre nom encore et encore) ou The Birthday Band for Old People  (le groupe d’anniversaire pour les vieux). Son groupe le plus populaire ? The Toilet Bowl Cleaners, un groupe spécialisé dans les chansons qui parlent… de poop (de caca, quoi).

Ecouter une chanson de Farley est une drôle d’expérience. Sa voix est étrange et pas toujours juste, ses arrangements clairement amateur… Il suffit de quelques écoutes pour se rendre compte qu’il ne fera jamais la couverture des Inrocks ou de Rolling Stone. Certaines mauvaises langues pourraient même le taxer de spammeur des plates-formes musicales. Mais une telle constance dans la répétition, une telle passion pour l’inventaire, les listes, cela force le respect. Et il faut avouer que certaines de ses compos nous ont bien fait rire. 

Un musicien expert du SEO, c’est en tout cas unique. « Je fais partie d’une nouvelle génération de créatifs qui peuvent rencontrer le succès en tenant compte des recherches des internautes. », glisse-t-il. Et il ne compte évidemment pas s’arrêter là. Il nous a avoué avoir des carnets remplis d’idées et de listes pour d’autres albums : « A ce rythme, je devrais pouvoir atteindre les 50 000 chansons avant de prendre ma retraite ! »

Un album de Papa Razzi & The Photogs, le groupe de Matt Farley spécialisé dans les stars américaines. 

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Eric le Bourlout