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Masato Hirose cherche son compagnon

Père d’Asimo, le premier robot sachant marcher, l’ingénieur du groupe automobile japonais Honda esquisse depuis 1986 le profil de son “alter ego” mécatronique.

“L’idée d’origine était de créer un compagnon pour l’homme.” Masato Hirose, créateur d’Asimo, le premier robot humanoïde à parvenir à mettre un pied devant l’autre, aime raconter l’histoire de la grande invention à laquelle il a participé chez Honda. “Nous voulions créer une nouvelle forme de mobilité, fabriquer un robot qui puisse coopérer avec les hommes, et inventer de nouvelles valeurs dans la société.” Le projet est ambitieux, voire improbable, quand en 1986, l’ingénieur rejoint le département recherche et développement du constructeur automobile. Les études se font dans le plus grand secret. “On a commencé par étudier la marche de l’homme, le squelette humain, poursuit-il. La première étape a été la robotisation de deux jambes, à qui on a donné trois “degrés de libertés” [des articulations, disposées à la cheville, au genou et à la hanche, ndlr]. S’il a été assez facile de faire mettre un pas devant l’autre à ce robot simplifié, au début, il lui fallait cinq secondes pour faire chaque pas. Nous lui avons appris à accélérer la cadence, en analysant au préalable les démarches humaines et animales.”Les fonctions de base d’une marche relativement stable et sur différentes surfaces ne seront pas maîtrisées avant 1993. En parallèle, l’équipe greffe des bras au robot. Fin 1996, la deuxième version d’Asimo sait avancer, monter des marches, pousser un chariot. Enfin, après une cure minceur et quelques modifications pour le rendre moins maladroit, Asimo voit le jour en 1997.

Coexistence intelligente

“Les robots coexistent avec les gens”, assure le créateur. À ces mots, un petit être mécanique arrive, la démarche dégagée, précise, et se dirige vers le centre de la pièce. En prévision de sa prestation, le robot a besoin d’une surface libre de toute aspérité. Équipement électronique et électrique et batteries dans son sac à dos, il a les mensurations idéales pour évoluer dans une maison japonaise. “Le robot sait contrôler ses mouvements, prévoir ses prochains déplacements, choisir librement sa direction, changer le rythme de ses pas. C’est le seul robot qui sache le faire. Il est commandé par radio et ordinateur”, résume alors Masato Hirose.Soudain, Asimo se fige. “Il a rencontré un élément inhabituel. Il s’arrête pour ne pas tomber. Nous avons incorporé au mécanisme un logiciel spécial pour faire face aux situations d’urgence”, explique son créateur. Un second robot, identique, arrive pour lui porter secours. Même pas, même rythme, même mouvement continu. “Il faut partager le spectre des ondes radio.” Au fond de la salle, un opérateur équipé d’une manette et d’un mini-ordinateur portable contrôle le robot, le fait avancer. L’intelligence n’est pas encore totalement embarquée !Quelle relation l’inventeur entretient-il avec ses robots ? “Ce sont des outils très pratiques. Mais parfois ils font des mouvements inattendus”, estime Masato Hirose, pragmatique. “Mon rêve est qu’il aille me chercher une bière dans le réfrigérateur”, poursuit l’homme de 46 ans, qui a déjà passé 9 ans à modeler un ami pour l’homme et travaille toujours à l’améliorer.“Asimo peut fonctionner comme un “alter ego”. Il pourrait être à mon bureau et faire mon travail, tandis que je serais ailleurs.” Son équipe étudie les possibilités de sa créature. “Il y a plusieurs domaines où les robots ont leur rôle à jouer : ils peuvent être réceptionnistes, guides, expliquer l’utilisation de produits puis, dans une seconde étape, assurer la sécurité d’une maison ou d’une usine vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Enfin, dans une dizaine d’années, ils pourront aider les personnes âgées.” Une nouvelle génération dAsimo est en gestation, pour cette société future où humains et robots coexisteront.

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Dominique Hoeltgen